mercredi 27 juillet 2016

Variations sur un objet


Homme objet
J’aurais tellement aimé entrer dans un magasin, bien achalandé de préférence, et vagabonder entre les rayons pour finalement choisir un mari tel que je l’avais imaginé : le regard clair, pas trop grand et qui sache faire la cuisine. Au lit, pas de problème, ils auraient tous suivi un cours de formation avant d’être admis dans les vitrines, prêts à la vente. Il aurait juste suffi de quelques cours, disons, d’ajustement. Personnalisés, quoi. Ah, ça, sûr que j’aurais pas choisi Henri, aucune chance.

Objet du désir
Je n’aurais jamais pensé être autant accro, mais depuis que ma copine Lucie m’a offert ce sextoy absolument merveilleux, j’attends chaque soir avec impatience. Comme lors d’un premier rendez-vous, j’imagine des trucs, je me fais des films, je rêve… bref, je suis totalement possédée par cet objet fou et drôle, caché dans le 3e tiroir du placard de la salle de bains.

Objet trouvé
Il était là, par terre, comme abandonné. J’ai failli marcher dessus pour tout dire mais il brillait trop. Je l’ai ramassé. Au début je n’ai pas compris de quoi il s’agissait : un bijou ? un bracelet ? Finalement, j’ai réussi à trouver l’usage de cet objet si singulier : une paire de menottes tendres et fourrées, toute douces, pour soirées voluptueuses et abandonnées…


Objet de mépris
Je ne l’aurais jamais cru : après avoir raconté toutes ces salades à connotation vaguement sexuelle à ma copine Charlotte, elle m’a regardé d’un air ! On aurait dit que j’étais la dernière des dépravées. Elle s’est levée, m’a craché son mépris à la figure et elle est partie. Pfff, 10 ans d’amitié en l’air, ça m’a libéré d’un coup.

Objet de convoitise
J’ai reçu un sms de Charlotte aujourd’hui. Elle me demande de lui pardonner et surtout de lui donner l’adresse du magasin où j’ai acheté tous ces trucs… Je vais l’envoyer sur LaRedoute.fr, au cas où elle rencontrerait son mec dans le magasin. Vaut mieux être discret dans la vie.



dimanche 10 juillet 2016

de Londres à Dublin, puis retour


Finalement, c’est une histoire assez triste. A sad story qui nous vient de l’écrivain irlandais Joseph O’Connor, une histoire de graines de rock star dans les années 80, en Angleterre. Mais ça finit mal. Et d’ailleurs ça ne commence pas très bien non plus. 10 ans de galère miteuse à toucher presque les bas-fonds de Londres pour quelques années de célébrité, passées entre musique, alcool et autres drogues plus ou moins dures. Et une fois le groupe dissous, très tôt, trop tôt (était-ce même un groupe ?), la plongée dans l’alcool pour le narrateur, le bassiste. Les autres s’en sortent mieux ( ?), à quel prix ?
Finalement c’est aussi une histoire d’amour. Entre les deux jumeaux, Sarah et Sean qui ne se perdent jamais, malgré les galères. Entre Sarah et Robbie, une histoire jamais « consommée » qui reste une amitié indéfectible, malgré les galères. Et entre Robbie et Frank, alter ego ou miroirs déformants, l’un toujours dans les galères, l’autre qui a les moyens de ne plus être dedans. Ces deux-là ont des blessures et de l’amour propre à revendre et puis ils sont anglais… pas de sentiments, pas d’émotion et beaucoup de non-dits.
C’est bien sûr une histoire de rock, qui doit être certainement plus pimentée lorsqu’on connaît la période et les morceaux choisis auxquels il est fait référence. Peut-être qu’alors elle paraît moins triste, l’histoire de ces musicos qui sont ensemble sans l’être. 
On ne comprend que tard que leur musique est bonne et qu’ils méritaient d’être adulés.  Que les blessures de Frank sont si profondes qu’il préfère les soigner loin de Robbie, mais sans rien lui dire, rien de tout cela, sauf à la fin, pour le concert ultime, très tard, trop tard sûrement. Sans vraiment laisser la porte ouverte. Alors quoi ? Robbie la referme doucement, cette histoire d’amour sans sexe, avec une amitié qui ne dit jamais son nom. La vie, somme toute, avec ses excès et ses crevasses,  ses silences et ses cris.

The thrill of it all – Maintenant ou jamais – Joseph O’Connor. (Phébus).