mercredi 18 avril 2018

la joie et le drame : Carmen, de Bizet

Pour cette représentation de Carmen, je m'attendais à tout. Car après la mise en scène de Muscato à Florence je ne sais plus qui évitait la mort de Carmen, pour cause de pensée unique pseudo féminisante, je me méfiais beaucoup.
Le monde n'a pas besoin de création, il a besoin de nouveauté. Et moi, je suis une inconditionnelle.
Bon, on ne peut pas dire que cette co-production soit immortelle (on ne dira jamais assez de mal des co-productions qui n'ont qu'un seul avantage du point de vue des producteurs, celui de coûter moins cher. Tout le reste n'est qu'inconvénients pour le spectateur : décors rachitiques et passe partout qui s'adaptent à n'importe quelle scène ; mise en scène minimale pour s'adapter à tous les types d'artistes ; lumières et costumes inexistants) mais elle n'a pas réussi à altérer ce chef d'oeuvre.
Il faut dire que pour abîmer Carmen, il faut vraiment en faire. Ce type d'oeuvre légendaire se suffit à elle-même, comme par exemple Cyrano de Bergerac, qu'il est quasi impossible de "rater", tellement il est solide, par lui-même.
Bref, belle soirée à écouter la musique de Bizet, un peu trop rapide et saccadée cependant, car comme beaucoup de chefs d'opéras, celui-ci, pourtant italien, ne laisse pas beaucoup d'espace aux voix, comme s'il n'en était pas amoureux.. dommage, on a parfois l'impression du coup qu'elles rament et peinent à suivre les notes égrenées par l'orchestre. Ce qui les amène parfois à vouloir chanter plus haut, plus fort, imprimant au final une sensation de "jouons à qui gueulera le plus fort" bien maladroite.

L'une des seules bonnes idées de cette mise en scène au demeurant quasi inexistante se trouve au 4ème acte, avec ces parois métalliques qui enfin se referment sur Carmen, qui la piègent en quelque sorte, ne lui laissant qu'une seule sortie : la mort. Egalement l'idée de faire se souvenir de tout cela Don José, déjà en prison, se morfondant et attendant, lui aussi, qu'on veuille bien en finir avec lui.

Don José prend naturellement de l'épaisseur, de la consistance au fur et à mesure des scènes. Excellent Charles Castronovo, bien campé dans ce personnage, quoi qu'un peu trop violent à mon goût, violent physiquement envers Carmen. Il n'en est nul besoin. Sa jalousie maladive et son désir de possession, sa culpabilité permanente suffisent largement pour qu'il exprime toute sa violence rentrée. Pas nécessaire d'en rajouter avec des prises de corps, des semblants de menaces au couteau, des tentatives d'exécution sommaire au fusil !

Carmen est à mon avis un peu trop "surjouée". Elle en fait des tonnes et là encore, sans nécessité. Le personnage est suffisamment fort de lui-même sans qu'il soit utile d'appuyer certains traits. Impossible de savoir si c'était demandé par le metteur en scène ou si Clémentine Margaine le faisait d'elle même. C'est en tout cas une fière et belle Carmen, qui prend enfin tout son caractère lui aussi au 4ème acte, où tout se dénoue. Mais on est loin de la séduction frissonnante d'une Julia Migenes Johnson, cependant.
Et enfin Micaëla, jeune et fraîche Anaïs Constant, révélation qui promet certainement de faire une belle carrière. Une Micaëla sans arrière pensée, tout entière dans sa volonté de sauver celui qu'elle aime, à corps perdu, sans comprendre pourquoi la tragédie la rattrape.

Un choeur excellent, une Maîtrise qu'on aimerait bien entendre plus souvent, avec cette joie enfantine de chanter sur scène. Les seconds rôles, pas toujours si seconds d'ailleurs, étaient bien présents, malgré des décors qui ne mettaient pas grand chose en valeur. Il fallait y croire !

Mais parfois il suffit de fermer les yeux et la magie opère. 4 actes de Carmen, c'est quand même une joie pure, pas un instant faible, un drame qui monte inexorablement et la vie, tout simplement.

La liberté dont se targuent les bohémiens n'est que péril et lassitude, le libre arbitre du fils n'est que destinée vers l'abîme, le choix de vie de Carmen est arrêté par le hasard du jeu de tarot, les jeunes filles en fleur finiront vieilles sans connaître le bonheur. On ne sait pas si Escamillo s'en sort et c'est tant mieux, ce ne serait pas juste non plus. 
De la joie pure, je vous dis, un bonheur sans mélange...



Pour les plus curieux, extrait d'une scène jamais mise en scène à l'opéra, dont on a toujours que le récit, tronqué, faussé et dont on ne connaîtra jamais la vérité...ici enfin révélée !


dimanche 15 avril 2018

danse aquatique

Quand la grâce est aussi parfaite, il faut bien la partager...
Instant suspendu, minutes de choix, laissez-vous aller :

AMA



dimanche 8 avril 2018

T'as vu quoi aux Abattoirs ?


Un squelette volant
Une maison qui pleut
Une pieuvre en couleur
Des ballons roses à pois
Une machine à lancer un piano


Une fleur qui marche
Un gros ver de terre
Des tomates enfermées
Un hippopotame en terre
Des cartes magiques


Une vidéo à l'envers
Des peaux en fer
Sanam version réaliste
Un torse bleu nu
Un écran hypnotique


Des résidus
Des détritus
Reconstruits,
Redessinés,
Comme en arabesque 

De lourds Léger accrochés
Des géants allégés
Des tables reconstituées
Des graffiti affichés
Une éléphante blanche

à suivre
Les Abattoirs 
Musée FRAC
Occitanie Toulouse