dimanche 29 janvier 2017

Un Sérail chatoyant


En ce 27 janvier, jour anniversaire de la naissance de Mozart, quelle meilleure idée que d'aller écouter L'Enlèvement au Sérail, au Théâtre du Capitole ?
Arrivée un peu inquiète par l'annonce d'une mise en scène "moderne" et parce-que c'était la "première", j'ai finalement été plutôt agréablement surprise par la cohérence de l'ensemble. En petite formation mozartienne, l'orchestre du Capitole dirigé par un chef enjoué et à l'écoute des chanteurs (ce n'est pas toujours le cas),  a joué de manière enlevée cette partition si chargée de notes. Les voix, sans être de grande envergure, tiennent la route jusqu'au bout et passent tous les caps difficiles. Une mention spéciale pour Osmin et Blonde, plus applaudis que les autres par ce public toulousain qui ne s'y trompe pas.
Reste la mise en scène, un peu décalée, avec de très bonnes idées de faux miroirs, de mise en abyme des femmes de harem toutes semblables et en vis à vis, également d'ombres chinoises. Mais il est difficile de faire dans l'originalité avec de si pauvres décors, chatoyants mais pas chers (les conséquences je suppose des coproductions qui exigent des décors transportables, qui s'adaptent à tous les théâtres du monde) : des écrans plus que de réels décors, des fonds de scène qui bougent et s'inversent, se remplacent pour faire semblant, mais qui ne sont finalement que des bandes de papier peint lumineux.

En sortant du théâtre, dans la nuit tiède, je me demandais si l'idée de faire de ce Sérail un camp afghan, avec un Pacha en chef de guerre aux blessures de tragédie, avec une vision des femmes considérées comme des marchandises et ces deux occidentales qui montrent à ces rustres ce que sont des femmes libres était une bonne idée. Pourquoi pas ? Sauf que ces mêmes femmes libres se font bafouer par leurs amours occidentaux, qui comme les autres, exigent d'elles la même fidélité aveugle et passive. Alors, quelle est la différence ? Soit, elles préfèrent quand même partir car leur prison est plus dorée là-bas, leurs chaînes sont plus légères en Angleterre que dans ce pays mahométan. Et puis elles ont l'illusion de choisir. Au bout du compte, on n'est pas complètement sûr que la condition des femmes soit si différente, tandis que le bateau s'éloigne et que Selim s'abîme dans la contemplation de ses amours perdus à tout jamais.



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