mercredi 3 janvier 2018

les 7 derniers jours


Et c’est comme tous les jeudis. Un ronflement continu monte du bout de la rue parce que le jeudi, c’est le jour de ramassage des poubelles. Quand j’étais petite, j’avais vu des images de livre d’histoire qui montraient que pendant la Grande Peste, les cadavres étaient ramassés au petit matin, par d’autres un peu moins pestiférés qu’eux, puis entassés pêle-mêle dans une charrette à bras. C’était morbide mais pratique, avais-je pensé. Une bonne façon de se débarrasser d’un cadavre qui gêne rapidement dans tous les cas. Mais aujourd’hui, c’est une odeur légère de gaz qui flotte encore sur la ville et elle n’est pas pestilentielle, juste persistante depuis le début de la semaine. Chacun au creux de son lit, se demande de quoi il s’agit, réminiscence du passé. N’osant pas mettre le nez dehors. S’extirpant péniblement pour allumer la radio, au cas où Paris serait à l’écoute de la province, pour une fois. Mais non, il n’y a pas de déclaration au niveau national, pas de promesse que tout sera mis en œuvre rapidement pour remédier à la situation, donc ce n’est sûrement pas grave ; c’est la nappe habituelle qui s’immisce dans les recoins. J’ai entendu dire qu’il y a des villes sur lesquelles flotte une odeur de chocolat, lorsque le temps est à la pluie. Je rêve à des odeurs chaudes, qui donnent envie de se lever, de mettre le nez dehors. Mais la lumière grisâtre qui filtre de la fenêtre ne donne envie de rien. Il vaut mieux que je reste couchée encore un peu, pelotonnée sous les couvertures et me demandant justement comment payer la facture de gaz, jetée sur la table de chevet. De nos jours, il n’est plus question de se permettre de coucher avec l’employé, le « gazier » qui venait relever les compteurs, tout est fait automatiquement. Une société sans rapports humains, sans heurts, avec des circuits électroniques partout qui font le boulot à notre place, silencieusement et sans mettre la pagaille à chaque arrêt de travail avec préavis déposé à la préfecture.

On a frappé à la porte. Deux coups. Je ne me suis pas levée, je n’ai pas répondu. Les pas ont reculé, sont partis. Ça pouvait pas être des bonnes nouvelles de toute façon. Et c’était déjà trop tard.

Je me suis mise à penser à ma copine Agathe, infirmière à l’hôpital, en grève depuis 15 jours ; qui se faisait insulter par les « accompagnants » venus égrener leur visite quotidienne à un plus ou moins proche. Impossible de s’expliquer. Impossible de leur dire toute la difficulté à se faire entendre dans un tel milieu, habitué à faire grève à la japonaise, avec juste un brassard comme étendard. Au bout d’un moment, c’est quand même limité comme action, invisible. Alors on se décide à installer un piquet de grève, à l’entrée. Je pensais à ce qu’elle me disait ; que c’était finalement encore plus dur car il n’y avait plus aucune compassion, aucune compréhension, de la part des malades comme de celle des visiteurs. Un agent médical, ça ferme sa gueule et ça bosse en souriant. C’est le prix à payer pour être apprécié. Alors mercredi, Agathe est partie, elle a pris le train pour la première fois de sa vie.
Moi aussi quand j’étais plus jeune j’avais pensé à faire des études d’infirmière. La rumeur promettait d’y trouver un bon mari, futur médecin, avec tranquillité à la clé. Mais j’étais pas très douée, déjà, pour la compassion. Et puis, à Pau, on était plutôt orienté vers les métiers technologiques, liés au gaz de Lacq. Les autres matières, y compris médecine et ses dérivés, n'avaient pas bonne presse dans la plupart des familles. Ensuite j’ai cru, comme tout le monde, aux belles paroles et aux discours sur le développement industriel et ses bienfaits sur le territoire. Encore plus tard, les promesses des candidats de tout bord ont presque emporté mon adhésion, discours et envolées sur la vraie révolution technologique qui allait changer la vie, notre vie, grâce à la recherche qu’ils allaient soutenir ; tout en nous assurant que tout était organisé de la manière la plus sécurisée du monde. On était les plus forts. On allait gagner.

On est déjà vendredi. Je ne me suis toujours pas levée. Les rumeurs de la vie, de la ville n’ont pas suffi à m’encourager. Pour quoi faire ? Où aller ? L’inertie a des avantages, au moins celui de rester discret. Et caché.

Fabrice et moi, on a tout gagné. On était tous les deux employés quand on s’est connu. Fabrice, lui, était déjà maigre comme un fifrelin, c’est pour ça qu’on a décelé si tard sa maladie. Ça se voyait pas. Comme le roseau, qui plie et ne casse pas. Il a tenu le coup si longtemps, on n’aurait pas cru. Quand on s’est mis ensemble, on ne s’est rien promis mais c’était sûr : on allait vivre heureux et presque riches. Le déclin a démarré en même temps que nous et la descente aux enfers s’est faite progressivement, tout doucement, sans qu’on y prenne garde. En même temps que décroissait la production, augmentait notre dénuement. Moi j’avais bien vu qu’on n’allait pas s’en sortir alors j’ai pris les devants ; de toute manière, d’employée j’étais déjà devenue intérimaire : le même boulot mais corvéable à merci, sans contrat ni durée, déterminée ou pas. Ça laisse du temps libre, au moins durant les longues périodes d’ « inactivité », comme ça s’appelait. J’ai appris le métier de coiffeuse, j’ai toujours été habile de mes mains. C’était l’époque des couleurs chimiques permanentées. Mes mains s’en souviennent encore, on ne mettait pas de gants à l’époque. Chaque tache, chaque pli a une histoire et encore aujourd’hui, je les cache tout le temps, dans mes poches, sous le drap, entre mes genoux, peu importe pourvu que personne ne les remarque. Je coiffais les femmes des médecins, ceux-là qui auraient peut-être pu sauver Fabrice quand il en était encore temps. Mais personne n’a rien vu. Il y a des maladies invisibles, sans couleur ni odeur. Et puis malgré tout on était encore dans le mouvement, dans l’agitation. On y croyait encore, tout le monde était optimiste. Les choses mettent tellement de temps à s’effriter. C’est comme les maisons : pimpantes au début, elles finissent toutes par tomber en décrépitude, très lentement. Et c’est sûrement pas les gens qui habitent dedans qui s’en aperçoivent en premier.

J’ai les lèvres sèches, à force de ne pas bouger, sans rien boire ni manger. Aujourd’hui c’est samedi, je le sais à cause des bruits du marché, quelques rues plus loin. Je me décide à me lever et regardant droit devant moi, je vais boire au lavabo. Je traîne les pieds en faisant le moins de bruit possible. Je serai tranquille jusqu’à lundi, personne ne viendra frapper à ma porte.

On ne s’interrogeait pas. Pas encore, ou si peu. Il flottait une légère odeur de gaz qui était perçue comme de l’ivresse. C’était le prix à payer pour que la richesse coule à flots, pour que certains puissent se marier en blanc sous des volées de cloches et devant l’admiration de ceux qui battaient le pavé. Les façades et les rues de la ville avaient été refaites, l’éclairage public était neuf, les espaces verts fleuris, les devantures regorgeaient de produits, de marques à la mode. Des travaux publics étaient lancés dans toute la ville, pour la rendre encore plus accueillante. L’hiver on allait faire du ski à Gourette et on passait l’été dans une villa à Ciboure. Les loyers du centre-ville sentaient bon la vie parisienne, les pauvres étaient repoussés en périphérie mais pouvaient faire semblant d’être de la partie, lors des fêtes en liesse où on faisait semblant de se mélanger. Nous, on n’a pas eu de chance, on faisait partie des pauvres. On voyait l’éclat du bonheur de très loin, sans être vraiment dedans. Il passait à côté de nous mais on n’a pas pris le train en marche. Comme les vaches de nos parents, on les regardait passer. On voyait défiler de nouveaux habitants qui parfois venaient d’autres pays, plus au nord, plus sinistrés. Ils étaient accueillis à bras ouverts pour tenir les postes de main d’oeuvre ou d’ingénieurs. Des Parisiens descendaient de leur plein gré dans cette province si riche et prometteuse. Ils découvraient les cabines du funiculaire en sortant du train et avaient l’impression d’arriver dans une ville aux thermes, cherchaient le casino des yeux. Le jackpot n’a jamais été pour nous ; pourtant on a travaillé dur, Fabrice comme main d’oeuvre et moi comme coiffeuse. Les mains dans le cambouis, pendant des années. Les étoiles qui brillaient dans le ciel de la capitale du Béarn ne montraient le nord que pour certains. Nous, on n’est pas arrivé à voir plus loin que le loyer de fin de mois, et toujours la facture de gaz à payer.

Dimanche est passé, j’ai dormi, toujours sans me lever. Le dimanche tout est plus ouaté, plus silencieux, un peu comme quand il neige. Les cloches sonnent mais lentement et loin. Ou est-ce mes oreilles qui bourdonnent ? Je préfère ne pas penser.

Plus tard, ils ont construit une université, un peu en dehors du centre, avec des pôles spécialisés en chimie, en recherche scientifique avec des cours dispensés par des ingénieurs venus du nord de la France. Faut bien que ça rapporte, les usines à rendement. On a vu fleurir des affiches qui vantaient un avenir radieux pour nos enfants. Mais autour de moi, personne n’est allé à l’université. On s’arrêtait bien avant. Les manœuvres et les coiffeuses allaient à l’école obligatoire et partaient en apprentissage pour rapporter tout de suite de quoi manger. Fabrice et moi, on n’a pas fait non plus d’enfants à y envoyer, je ne le regrette plus désormais. Ce serait sûrement plus difficile aujourd’hui.
Fabrice et moi, on aimait bien le week-end, aller s’embrasser dans les champs de maïs qui restaient, jouer à s’y cacher et à se faire peur. C’était quand on y croyait encore. Quand on croyait à la supériorité du gaz sur le maïs. Même nos parents, à qui ça crevait le coeur de voir partir leurs parcelles les unes après les autres, se disaient qu’avec cette nouvelle technologie miraculeuse, leurs enfants auraient toujours de quoi manger. Tu parles, ça n’a duré que le temps d’y croire et si certains ont fait des affaires, ils ont eu le nez de partir avec le pactole, avant qu’il soit trop tard. Ceux qui étaient attachés à leur terre sont restés sur le carreau. Plus de vaches, plus de maïs, plus de paysans. Seuls les noms des rues ou des lotissements rappelaient les origines agricoles : Le Pré aux Vaches, La Bousse aux bois, le Froment du Neez. Les troupeaux, eux, avaient reculé dans les estives et la nostalgie n’avait pas bonne presse. Les gens de la campagne puaient, ceux qui travaillaient à la ville étaient des gagnants qu’il fallait imiter. On nous promettait une croissance permanente et sans défauts. Un bien-être idéal et un quotidien ensoleillé. Les affiches, les journaux étaient plein de gaieté forcée.

C’est lundi et bien entendu, un tas de monde passe devant la porte. Pourvu que personne ne s’arrête. Pourvu que personne ne s’interroge sur ce silence. Pourvu qu’aucun courrier ne fasse monter le facteur. J’ai la tête qui tourne et préfère ne pas bouger.

Quand même, on a passé de chouettes étés, tous les deux. On tirait le diable par la queue mais pour les vacances, on se la coulait douce, sans trop dépenser. La mer était pour tout le monde et y avait toujours moyen de passer du bon temps. Je me souviens de parties de cartes au camping qui duraient toute la nuit. De bains dans des vagues tonitruantes qui claquaient sur la peau. C’étaient des bons moments. J’aurais dû les rappeler à Fabrice, à la fin, ça lui aurait fait plaisir. Mais j’arrivais même pas à lui parler. Et le regarder dans les yeux devenait trop pénible, la supplique que j’y voyais était trop dure à supporter. J’étais pas prête, je n’arrivais pas à me changer les idées. Pourtant je suis sûre que ça lui aurait ôté ses idées noires, ne serait-ce que quelques instants. Et ses yeux bordés de rouge auraient pleuré, mais pas de douleur. J’y ai pas pensé, j’étais trop prise par cette situation insupportable, sans solution, sans issue. J’arrivais pas à prendre du recul. J’avais le nez sur le quotidien et je ne savais pas ce que je devais faire. J’ai jamais su. L’abandonner aux mains des soignants, comme me le conseillait Agathe ? L’accompagner jusqu’au bout même quand il n’y avait plus rien à faire ? Je n’ai jamais vraiment décidé et donc j’ai tout fait mal. D’ailleurs, c’est encore le cas maintenant. La situation est la même, insoutenable. Il va bien falloir que ça s’arrête d’une façon ou d’une autre. Ça se fera, mais sans moi. Je n’ai plus de courage, plus rien qui me ferait me relever et courir. Au fond rien ne change : ce sont toujours les autres qui décident. Parfois j’ai comme une révolte qui me prend. Je suis jeune encore, pourquoi est-ce que je me retrouve là, seule, immobile et impuissante, alors qu’on aurait tant aimé pouvoir être blottis l’un contre l’autre sans rien devoir à personne ? On demandait pas grand-chose et on n’a rien eu.

J’ai peur de voir défiler le reste de la semaine. Je ne fais pas de bruit, depuis combien de jours ? On doit savoir que je suis là, que je ne sors pas. J’essaie de dormir le plus possible même si ça me gêne de le savoir là, juste en dessous. Je sais bien qu’il ne bougera pas de là, mais quand même. J’ai même pas réussi à lui fermer les yeux.

Quand les premiers symptômes de la maladie se sont déclarés, on s’est pas inquiété. Moi aussi, avec tous les produits que j’utilisais dans les salons, j’avais le bout des doigts bousillé. Je me grattais, ça me piquait, j’avais parfois les yeux rouges et les mains écarlates. Ça me démangeait et puis ça passait. Mais chez Fabrice, ça ne passait pas, ça perdurait et ça l’a empêché très vite de faire quoi que ce soit. Au bout d’un moment, Fabrice s’est arrêté de travailler, enfin on l’a viré vu qu’il était de plus en plus souvent absent et, de chômage en RMI, il avait obtenu la CMU. Normalement tous les médecins doivent l’accepter mais c’est pas si simple, surtout pour ce type de maladie. Bref, de médecin généraliste en médecin spécialiste de rien, personne n’avait compris de quoi il s’agissait et personne n’avait détecté, bien entendu, le moindre lien avec les postes professionnels occupés. Ici, on ne crache pas dans la soupe. L’industrie amène du bien-être, on y fait donc attention. Tant pis pour ceux qu’elle abîme en passant. Il a fallu des mois avant que finalement on tombe sur un toubib sympa, un nouveau venu qui croyait dur comme fer à son serment d’Hippocrate et qui a immédiatement fait le lien avec certains produits manipulés. Je ne sais pas ce qu’il est devenu, ce toubib. Tiens, j’aurais pu l’appeler pour savoir ce que je devais faire, à la fin. C’est trop tard, il n’y a plus de téléphone et puis surtout il n’y a plus rien à faire. Juste à attendre la fin pour moi aussi. Bref il s’est démené un temps pour faire inscrire cette maladie sur le tableau des maladies professionnelles. Mais pendant ce temps-là, Fabrice devenait de plus en plus crocodile : des squames à n’en plus finir, une peau qui devenait écaille, des couleurs douteuses, des éruptions vénéneuses, des démangeaisons rougeoyantes et des douleurs lancinantes. Il devenait irascible à rester enfermé entre quatre murs. Bien obligé quand on ne supporte plus le moindre vêtement sur le dos. Je le soignais tant bien que mal tout en sachant que rien ne serait plus comme avant et qu’il n’y aurait plus de vagues salées ni de sable doré pour les congés. Quand il a décidé d’arrêter d’espérer, quand il a décidé de courber le dos devant ces éruptions boursouflées et qu’il a cessé d’appeler le médecin, moi aussi je me suis arrêtée de travailler. De toute manière j’avais plus envie. On allait bien voir.

Je ne sais pas quel jour on est. Depuis jeudi, j’ai perdu le compte du temps qui passe. Je ne veux plus rien faire, pas bouger. Je dors presque tout le temps. Je crois qu’on est venu frapper à la porte plusieurs fois mais je ne peux plus me lever. Les bruits et les chuchotements du dehors, derrière la porte, m’atteignent à peine. On est loin, tous les deux.

D’abord je n’ai plus payé les factures, puis je n’ai quasiment plus fait de courses. Enfin, j’ai commencé à ne plus sortir. On était deux à se regarder sans se voir, sans rien se dire. Désolés. Fabrice a fini par se coucher et ne s’est plus relevé. Ça n’a pas duré longtemps. La vie dehors continuait et nous, nous étions enfermés, volets rabattus dans un silence absolu. Il m’est arrivé d’avoir une envie folle de me sauver, de courir, descendre l’escalier à la volée pour m’enfuir loin de cette misère. Chaque fois Fabrice me regardait et je n’ai jamais eu le courage de le faire. Au fond, ça n’aurait peut-être rien changé. Parfois on est entraîné, parfois on est empêtré. Je ne sais pas si on aurait pu réussir à partir loin, tant qu’il en était encore temps. Est-ce que ça n’aurait pas été la même chose, ailleurs ? Je sais que ce n’est pas bien, que j’aurais dû me battre, mais je me sentais comme aspirée par le vide, par la mollesse du laisser-faire. On s’était tellement démené depuis des années, pour en arriver là, pour n’en arriver que là.
Agathe a eu raison de partir. Elle était seule mais justement, c’est peut être plus facile qu’on croit. Pour elle je suis sortie une dernière fois. Elle a pris le train mercredi matin et m’a dit un au revoir silencieux derrière la vitre du train. Je pense qu’elle savait ce qui allait arriver. Je suis rentrée dans l’appartement, comme s’il était vide. Ma vie n’avait plus aucun sens et je sentais mon esprit m’échapper, glisser vers le fond, happé, aspiré comme par un trou noir.
Mercredi soir, Fabrice a glissé. Comme une semelle, il a glissé du lit au parquet, sans un bruit. Il ne devait plus peser lourd mais j’ai pas eu le courage d’essayer de vérifier. Je l’ai poussé du bout du pied, sous le lit, pour ne pas le voir. Je ne voulais plus rien voir. Je me suis couchée à sa place. Et depuis j’attends. J’attends qu’on vienne enfin nous chercher, nous ramasser au petit matin. J’attends qu’on vienne enfin nous prendre.

J’ai dû basculer. J’entends des bruits et des pas étouffés. J’entends quelqu’un s’exclamer dans un silence ouaté : « 7 jours !! 7 jours qu’il est mort, sur le plancher, sous le sommier et elle n’a pas appelé ! Est-elle vivante ? »
Suis-je vivante ? Je ne sais plus.

Nouvelle primée dans le cadre du concours "Noires de Pau" - novembre 2017.
 

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