... 3 doses, bonjour les dégâts !
dimanche 28 novembre 2021
jeudi 14 octobre 2021
Ses 4 vérités
J'ai découvert Monsieur Lawrence Durrell d'abord par les yeux de son frère Gérald, qui raconte de manière hilarante dans "Ma famille et autres animaux (ou Féérie dans l'île pour les plus anciennes éditions)" l'installation et la vie de cette famille insolite dans l'île de Corfou, au début du 20ème siècle.
Déjà, je m'étonnai de la clairvoyance de cet homme, tolérant, progressiste et surtout d'une immense culture artistique fine et polyvalente. Enfin, c'est ainsi que je le voyais.
J'ai ensuite dévoré quelques uns de ses livres, d'abord "Les îles grecques", époustouflante "description" de l'essaim de ces minuscules territoires plongés dans la mer Egée. Il ne s'agit pas ici de géographie mais d'un subtil mélange de mythologie, de sociologie, de civilisation, de caractères et d'humour. A emporter partout avec soi.
Dans une minuscule et sombre librairie parisienne spécialisée, j'ai acquis "Citrons acides", sombre pressentiment désenchanté de ce qu'il advint de l'île de Chypre à la fin de la domination britannique. Sous le diplomate perce l'amoureux des mots et des gens, de la vie telle qu'elle se présente, sans fioritures ni faux-semblants, dans cette île déchirée.
Mais voilà, il fallait aussi lire enfin ce qui est considéré comme le chef d'œuvre de Durrell : Le quatuor d'Alexandrie, somme de 4 récits inséparables "Justine", "Balthazar", "Mountolive" et "Clea". Pourquoi inséparables alors qu'ils ont paru initialement les uns derrière les autres, comme une sorte de feuilleton, entre 1957 et 1960 ? Parce qu'ils forment un tout, une vérité, qui se découvre peu à peu au fur et à mesure que chaque personnage intervient dans l'histoire à travers la sienne propre, par le truchement de la voix d'un cinquième, Darley, pâle miroir de ceux qu'il réfléchit. Ce cinquième élément est celui qui passe, qui regarde sans voir, qui agit sans comprendre. Mais c'est aussi celui qui raconte.
Et puis en fait, cette histoire ne serait-elle pas celle d'un sixième personnage qui traverse lui aussi tous les autres en les bousculant, en les transcendant en quelque sorte, comme un éclair fulgurant, une lumière profonde et fugace qui laisse des traces sur chacun des autres ? Le livre de Pursewarden ou le quatuor d'Alexandrie. C'est bien lui le centre, le trou noir, l'aimant. Vivant ou mort, il reste la référence ultime, jamais tout à fait compris, sans cesse agitateur de sentiments profonds.
L'écriture de Durrell est incomparable. Foisonnante et riche, fourmillant de détails choisis, de poésie. D'une érudition rare, sans affect ni pédanterie. Juste comme il était ? Qu'on ne me dise plus : "les descriptions dans la littérature, quel ennui !" sans avoir lu auparavant le début de "Mountolive", qui raconte la grande pêche sur le lac Mareotis, proche d'Alexandrie, toile de fond de toute l'histoire.
Pour finir ma plongée en Egypte de l'entre deux guerres, j'ai déniché le film "Justine" de Georges Cukor, d'après Le quatuor. Evidemment, on ne résume pas presque 1000 pages en 116 minutes sans pertes sèches. Caractères sans âme, sans profondeur, sans nuances. Histoire d'espionnage sans suspicion, somme toute, et images d'une Egypte tourmentée qui n'arrivent pas à nous intéresser. Peut-être n'était-il pas possible de faire mieux ? Encore une fois, cela prouve l'intérêt de ne pas rester à la surface des romans en restant simple spectateur d'une adaptation falote. Il faut s'en imprégner jusqu'à la moelle en plongeant nus dedans, comme le font à la fin du Quatuor Clea et Darley, dans la mer entourant l'île de Narouz, avec tous les frissons, les joies et les découvertes que cela implique. On ne sort pas indemne de cette lecture, mais grandi et émerveillé. Et surtout avec l'envie de continuer.
lundi 30 août 2021
L'estuaire ou la collection d'art en liberté
Ayant profité de mon trajet jusqu'à la Bretagne "5 sur 5" (35, 29, 56, 22 et... 44) pour faire une pause culturelle dans le seul département tiraillé entre Loire et Breizh, j'ai également emmagasiné assez d'énergie pour faire la mise à jour 2021 du Voyage à Nantes.
Mais c'est quoi, ça ? C'est une collection d'art contemporain à ciel ouvert, que chacun peut admirer gratuitement, disséminé au sein des villes et tout au long de l'estuaire de Nantes à Saint-Nazaire ou de la Loire à l'Atlantique, au gré de vos fantaisies et de votre bon vouloir.
Cette idée lumineuse creuse son sillon depuis maintenant de longues années et s'enrichit régulièrement d'oeuvres éphémères ou pas. Certaines se cachent et n'apparaissent qu'à certaines heures, dans la nuit ou au fil des marées... vous êtes obligés d'y revenir. On peut y aller à pied, en vélo, en voiture, en bus (mais pas en grand éléphant)... c'est au choix, votre choix.
Sincèrement, c'est à voir. Moi qui adore l'art contemporain, surtout quand il est gratuit, j'ai vraiment aimé le côté naturel et surgissant de ces oeuvres qui se marient sensiblement bien au paysage d'eau et de prés.
Les habitants de l'agglomération nantaise ont bien de la chance d'avoir des élus (et des sponsors) qui ont le courage de laisser libre cours à l'imagination des artistes, qui s'en donnent à coeur joie. Est-il possible de tout voir ? C'est pas certain mais qu'importe, au moins on est sûr d'en (re)découvrir à chaque nouveau voyage...
Pour ne pas dévoiler entièrement l'émerveillement, voici quelques photos de mes préférées... qui ne seront sûrement pas les vôtres. Qu'importe, ce qui compte c'est de se laisser séduire par ces chemins parsemés de créations originales et flamboyantes.
Bonne pêche !
le grand serpent d'océan (Huang Yong Ping)la maison dans la Loire (Jean-Luc Courcoult)
le mètre à ruban (2013 - Lilian Bourgeat)
les anneaux (Daniel Buren et Patrick Bouchain)
"misconceivable" (Erwin Wurm)
le pied, le pull over et le système digestif (2021 - Daniel Dewar et Gregory Gicquel)
mercredi 27 janvier 2021
Le monde des arbres
Elle a une brève vision d'or fulgurant : les arbres et les humains en guerre, se disputant la terre, l'eau, l'atmosphère. Et elle perçoit, plus fort que les feuilles frémissantes, quel camp va perdre en gagnant*.
* extrait de L'arbre monde - Richard Powers - Editions 10/18 - 2018
dimanche 10 janvier 2021
sourate d'enfermement
Car l'amour demande un peu d'avenir, et il n'y avait plus pour nous que des instants.