vendredi 11 novembre 2022

La plénitude du chaos

Et pourquoi pas ?

Les chaos du Sidobre nous renvoient à un tas d'imaginaires : des géants semant des petits cailloux, des lits de rivières vrombissantes avant d'être asséchées, des mastodontes du pléistocène, des baleines échouées et en équilibre précaire. Et bien d'autres choses encore.



C'est pourquoi quand l'œil se laisse caresser par ces rondes bosses, énormes et ventrues, moussues ou fessues, on laisse vagabonder nos pensées et on reste humbles devant ces murs cyclopéens chaotiques devenus pour quelques milliers d'années encore nos compagnons de marche.


Depuis le début du XXème siècle, on les escalade, on les photographie, on s'esbaudit. Aujourd'hui (et depuis plus de 50 ans), heureusement on laisse les arbres les accompagner, sans les exterminer pour laisser passer véhicules rutilants ou ériger bâtiments grisâtres. Minéraux et feuillus s'entendent comme larrons en foire, mais en silence.

Une bien belle journée à arpenter chemins semés de feuilles encore vertes, de fougères naissantes, de nombrils de Vénus (sans elle) et autres végétations touffues. Avec en prime le soleil jouant à travers les feuilles de châtaigniers, et la découverte de bogues jumelles ou solitaires, toujours semi-ouvertes et souvent vidées. 

Même les champignons du Tarn nous ont surpris : au-delà des cèpes vulgaires et d'ailleurs laissés à l'abandon, on est tombé sur de drôles de crabes ou poulpes rougeoyants après ouverture d'une bulle crème qui ressemble à une capsule extraterrestre (Anthurus d'Archer, doigts du diable ou pieuvre des bois)  ou encore d'autres à cou de girafe et collerette noire qu'on n'ose imaginer à la poêle en fricassée.





Si l'envie vous prend de randonner dans le Tarn, armez-vous d'appareil photo, et sachez capter l'insolite là où il est.. c'est à dire là où on ne l'attend pas forcément.

En tous les cas, c'était bien mieux qu'une sale journée de brouillard brumeux et crachotant, grelottant devant un sinistre Monument aux Morts endrapé de rouge de blanc et de bleu. Nos pensées vers les poilus des tranchées ont été cette année très adoucies par ces paysages ensoleillés. On reviendra...




mardi 6 septembre 2022

hier comme aujourd'hui

Il lui disait : "Vois-tu, si tous deux nous pouvions,
L'âme pleine de foi, le cœur plein de rayons,
Ivres de douce extase et de mélancolie,
Rompre les mille lieues dont la ville nous lie ;
Si nous pouvions quitter ce Paris triste et fou,
Nous fuirions ; nous irions quelque part, n'importe où,
Chercher, loin des vains bruits, loin des haines jalouses,
Un coin où nous aurions des arbres, des pelouses,
Une maison petite avec des fleurs, un peu
De solitude, un peu de silence, un ciel bleu,
La chanson d'un oiseau qui sur les toits se pose,
De l'ombre ; - et quel besoin avons nous d'autre chose ?"

Victor Hugo - les contemplations



 

samedi 28 mai 2022

Tempétueux Figaro

 Je devrais aller plus souvent à l'opéra...

Ce Barbier de Séville au Théâtre du Capitole, opéra désormais "national", je m'en souviendrai ! Je n'avais pas autant ri depuis si longtemps ! Une mise en scène (Köpplinger) moderne mais pas trop, loufoque et iconoclaste, un peu hétéroclite tout en respectant les convenances théâtrales. Un pur bonheur. 

De belles trouvailles comme ce personnage "additionnel" dont on se demande tout du long : mais qui est-ce donc ? Un clown à la Buster Keaton qui accentue le décalage général. C'est en fait l'Eveillé, l'un des domestiques de Bartolo, bouffon malgré lui, niais mais attachant. Du pur Beaumarchais. Et bien d'autres personnages loufoques et attachants, bref une ambiance "du tonnerre". 

Côté distribution, il y avait alternance donc je ne peux en parler qu'à moitié. Pour ma part (25 mai), j'ai trouvé le ténor (Almaviva) beaucoup trop léger dans les aigus et la voix de Rosina un peu âgée (pourtant ?). Les autres convenables. Mais de toutes manières tout le monde était quelque peu écrasé par Figaro, qui lui était très à l'aise, dans sa voix et dans son rôle et emportait le reste de la troupe dans un galop effréné.

Orchestre impeccable mené tambour battant par un Cremonesi efficace. Seul le choix d'avoir écourté certains récitatifs ou certaines scènes m'a un peu chagrinée, mais vraiment, tout le reste était tellement agréable que ce n'était même pas grave.

On en redemande, on en veut encore, même quand ça finit bien... du comique de langage, du comique de situation, tout y était, bien joué, fort bien joué.

Un véritable feu d'artifice, entre roses à épines et cactus qui piquent, des bouffées de rire, de gaieté et de joie. Une fin de saison qui nous donne envie d'aborder la prochaine avec la même désinvolture...