jeudi 17 janvier 2013

savoir rire de soi


l’étrange perchoir

Mon cou devient goitreux
et les nerfs y éclatent.
Les pinceaux s’égouttant
sur ma face me font
Comme un masque d’azurs, d’ocres
et d’écarlates.
Je peine, ventre en l’air
Et la barbe au plafond

Mon crâne s’est rivé
entre mes omoplates,
Mes lombes dans ma panse
ont poussé si profond
Que j’ai gaster saillant
reins tors et fesses plates,
Le sternum tout en arc,
et l’échine en siphon.

Je n’aperçois mes pieds
qu’au hasard d’une glace ;
Sur l’étrange perchoir
où la faveur me place
Je vomis le dégoût
de peindre et de manger

Et moi libre sculpteur,
attaché comme un cuistre
Au joug d’un méchant
maître et d’un art étranger,
J’ai l’œil faux, la main lourde
et la couleur sinistre.

Michel Ange, sonnet écrit lorsqu’il peignait la voûte de la Sixtine

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