Après
les promenades dans Rome, les promenades dans (les musées de) Paris… nous avons
fait le « plein » d’œuvres artistiques, même si je renâcle toujours
devant les tarifs et les files d’attente, alors qu’en même temps les musées de
Londres sont « free entry ». Doit-on mériter d’entrer dans les
temples de la culture, après plusieurs heures d’attente et un délestage du
porte monnaie conséquent ? Oui, je sais, malgré cela, les 3 musées que sont
le Louvre, Beaubourg et Orsay ont battu les records de fréquentation en 2012.
Peu importe, il faudrait quand même qu’on m’explique.
L’expo
DALI était bien faite même s’il manquait quelques œuvres prévues au catalogue
et pas des moindres, mais « la persistance de la mémoire » était là
et aussi la « tête raphaélesque éclatée », que j’ai ramenée
d’ailleurs pour la contempler plus souvent puisque je ne vais pas aller à
Edimbourg dans les mois qui viennent… Le clou étant quand même la mise en scène
inversée du décor Mae West, que chacun(e) pouvait s’approprier, on n’y a pas
manqué.
Pas de regret cependant pour ceux qui n’y sont pas allés : pour mieux comprendre et aimer Dali, il faut juste aller à sa maison de Port Lligat et au musée de Figueras. C’est là que tout se situe.
On
s’est plongé ensuite dans les contes orientaux, 1001 nuits à l’IMA, avec des
tas de livres anciens et enluminés, d’icônes, peintures, vidéos et autres
objets. C’est dans ces contes « orientaux » qu’on trouve des
histoires aussi connues qu’Aladin et la lampe merveilleuse, Ali baba et les 40
voleurs et… Sindbad le marin. Les autres contes qui parsèment les 1001 nuits de
Shéhérazade, je vous en reparlerai, je dois lire et raconter le Tome 2,
chèrement choisi et acquis au sein de cette architecture un tant soit peu
déambulesque et labyrinthique. Les 25 ans d’art contemporain exposés ont achevé
de nous faire rêver, bien plus proches du quotidien de censure et de guerre
contemporaines, loin de l’imaginaire occidental des djinns, vizirs maléfiques,
sultans capricieux et danses des 7 voiles.
Après
Sinbad, évidemment, on ne pouvait faire moins qu’admirer l’âge d’or des cartes
marines (BNF), des « portulans », cartes enluminées et
descriptives sur parchemin pour tous ceux qui naviguaient sans carte fiable, depuis le début
de la navigation et pendant des siècles encore, avec seulement la moitié du
monde connue, et encore pas toujours très bien indiquée… Quel courage de se lancer
dans ces mers insatiables, avec à la clef des terres peut-être imaginaires,
dangereuses sûrement, lointaines sans doute. Certains y allaient quand même,
pour l’or, la cannelle ou la postérité ? : Je conseille à ceux qui
seraient intéressés « L’Entreprise des Indes – Erik Orsenna - éd. Stock –
2010 », histoire de Christophe Colomb racontée par son frère, cartographe.
Et à propos de Colomb, il m’a quand même fait mourir de rire quand j’ai
découvert cet extrait de ses « Lettres du 4ème voyage » en
1503 :
Le monde est petit, les terres en
forment les six septièmes et un septième seulement en est couvert d’eau. La
preuve de cela est déjà faite et je l’ai exposé dans d’autres lettres, au moyen
des citations de la Sainte Ecriture avec la position du Paradis terrestre.

Je
vous raconterai une autre fois les pérégrinations navales d’un certain Ulysse,
racontées et sublimées par Homère, qui font encore rêver bon nombre de lecteurs
grands et petits, émerveillés par Polyphème, Circé, Calypso et autres
Lotophages.
Le
scribe accroupi du Louvre, vieux de presque 5000 ans, auquel il manque son
pinceau, est toujours aussi pimpant, souriant, étonnant par son regard si clair
et son réalisme presque contemporain. Il se tient bien droit dans sa vitrine
éclairée, au bout de l’aile des antiquités égyptiennes, après les statues de
rois et autres têtes couronnées mais c’est lui qui tient la vedette. Il attend que
le pharaon lui dicte quelque chose à inscrire sur son papyrus, déroulé. Le
pharaon est momifié, le scribe reste accroupi pour la postérité. Je voudrais
qu’il reste toujours, en compagnie de la petite danseuse de Degas, sous vitrine
elle aussi, un peu plus loin à Orsay.
Je
ne peux pas tout raconter, mais pour en finir avec les histoires de bateaux, de
découvertes posthumes et d’écritures, je laisse une toute petite place, en
souvenir de l’expo « Bohèmes » au Grand Palais, à ce diable à gueule
d’ange qui après avoir révolutionné et enflammé le milieu des poètes plus ou
moins maudits s’en est allé lui aussi pour toujours, ailleurs, au delà des
mers, sans jamais écrire un vers de plus. « Reviens, reviens, cher ami :
Rimbaud-Verlaine, L'Affaire de Bruxelles » de Bernard Bousmanne chez
Calmann Lévy, à lire absolument, un beau livre passionnant, très original et
qu’on ne quitte plus. On le trouve dans toutes les bonnes médiathèques.
L’expo
m’aura aussi appris que « scènes de la vie de bohème » était une
pièce théâtrale d’un certain Murger, fin du XIXème, pièce à succès phénoménal
et cependant totalement éclipsée et oubliée dès la parution et la production de
« La Bohème » de Puccini, qui fait encore pleurer les midinettes et
les cœurs trop tendres. Mais comment voulez-vous lutter contre la douceur et la
séduction des voix italiennes ?
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