jeudi 14 mars 2013

Histoire(s) de France


Ah mon beau château… ! C’était une double ronde de mon enfance, que l’on dansait parfois pendant la récréation et dont j’ai mis des années à comprendre le sens des paroles, double comme l’était la ronde.
Entre Sully sur Loire et Chalonnes sur Loire, 250km sont classés au patrimoine mondial par l’Unesco, des dizaines de châteaux dits « d’agrément », construits sur rien ou sur d’anciens sites de châteaux médiévaux dont il ne reste que le donjon parfois, toujours pour le plaisir des yeux de la cour des rois de France. Donnés aux favorites, aux intendants pour leurs bons et loyaux services, ou refuges pour reines déchues, on ne sait plus où donner de la tête et il faut restreindre ses visites pour apprécier chacun à sa juste valeur. Les visites guidées ont l’avantage de donner des détails historiques autres que ceux consignés dans les livres scolaires. On y apprend ainsi qu’à l’époque de François 1er, on vivait entassés les uns sur les autres dans de grandes chambres où on mangeait, discutait, dormait selon les heures et le bon vouloir du roi. On y (re)découvre que l’unification de la langue, le « françoué » a aussi été voulu et ordonné par ce même roi, un peu mégalo il faut bien le dire même si féru des arts de la Renaissance. On reste bouche bée devant cette salamandre expectorante ou se nourrissant du feu, toujours liée au magnifique F emberlificoté et très souvent à la blanche hermine, symbole breton. 




On avoue aujourd’hui être bien en peine de retrouver une restauration authentique, vu que l’époque était très « mobile » et que tout se montait et se démontait toujours au gré du bon vouloir du Roi de France. 

L’intérêt pour le patrimoine, comme la conservation et la sauvegarde de certains monuments, évolue avec le temps et avec le nombre de visiteurs : ainsi le château de Blois, autrefois lieu public où se nichait la bibliothèque municipale et les bavardages entre copines sur le banc en pierre près de la chapelle, est aujourd’hui à 8,50 euros l’entrée, pour y voir pourtant la même chose : la salle des Etats généraux, déjà ; l’escalier François 1er, encore à vis tournante, extérieur, grandiose, et la salle où a été assassiné le Duc de Guise sur ordre d’Henri III. 
La palme revient sans doute à Chambord, construit au milieu de rien, magnifique bâtiment uniquement inventé pour éblouir les étrangers et montrer s’il le fallait la puissance du Roi et son amour pour tout ce qu’apportait le Renaissance italienne. L’escalier où l’on se voit sans jamais se croiser est bien là. Les salamandres et l’hermine blanche aussi, là encore, partout. La toiture était parfois dorée pour la venue extraordinaire de tel ou tel représentant d’un royaume qu’il fallait absolument émerveiller, même si c’était son pire ennemi. En général, lesdits représentants repartaient les yeux effectivement éblouis par ce faste magnifique, unique en son genre. 
Aujourd’hui Chambord coûte cher à l’Etat, mais continue de faire son office de carte postale française incontournable. C’est un très beau château, au milieu de tous les autres, situés en bordure de la Loire si vaste, du Cher ou de l’Indre. On peut y aller à pied, en voiture, à vélo, parfois en carriole à l’ancienne. Il s’agit juste de bien organiser ses étapes. De toutes façons, il faudra bien y retourner car on n’aura pas tout vu en une seule fois. Qu’importe car comme le disait François 1er aux méchantes langues qui lui sifflaient que ce château grandiose ne pourrait jamais être fini : Si on devait se préoccuper de l’achèvement des choses, on n’entreprendrait jamais rien.

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