Les
mythes ont la vie dure. Et lorsque un écrivain en ravive un, resté plutôt
inconnu ou plutôt méconnu, on peut s’y plonger dedans avec délices. Erec et
Enide, de Manuel Vasquez Montalban (Seuil 2004), commence comme un discours
intellectuel et ennuyeux, un peu pontifiant et réservé aux seuls spécialistes,
petit cercle de professeurs de littérature médiévale. Mais ce roman est heureusement
à trois voix, très discordantes les unes par rapport aux autres, même si elles
finissent par se retrouver, tout à la fin, avant de se séparer pour toujours.
Erec
c’est Pedro et Enide c’est Myriam, qui vont se confronter aux mêmes épreuves
dans une dure réalité, aux fins fonds d’une Amérique latine sans foi ni loi.
Leurs parents adoptifs, eux, sont mariés mais n’ont quasiment rien en commun,
ne partagent rien, depuis si longtemps. Leur réalité, confrontés comme ils le
sont à la vieillesse ou la mort, n’est pas vraiment plus simple à vivre même si
elle a l’apparence d’être facile. Il ne s’agit pas d’amour courtois, il s’agit
de tromperies, de petites lâchetés, de laisser faire. L’amour, courtois ou pas,
survit-il à la vie quotidienne ? C’est ce que se demandent Pedro et
Myriam, la réponse n’est pas donnée par Montalban.
Montalban
a écrit des livres très différents, qu’il faut découvrir en étant toujours
curieux. Ils ne se ressemblent que par leurs ineffables références culinaires,
qui vont de l’étrange à l’étonnant, cuisine catalane dont seuls les catalans
raffolent.
Chrétien
de Troyes n’en demandait pas tant, les chevaliers de la Table ronde n’auront
pas besoin de la légende d’Erec et Enide pour survivre encore et encore dans
nos imaginaires, mais le point de départ de ce roman est original et il tient
toutes ses promesses.
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