C’est
l’éternel destin : le destin des femmes qui sont châtiées lorsqu’elles ne
suivent pas le chemin que leur ont tracé les hommes. Dans le cas de Manon, opéra français de Massenet, la jeune fille a 16 ans et comme elle a
envie de s’amuser, on l’envoie au couvent. Bien entendu, en chemin, son joli
minois fait des ravages, un jeune homme est séduit et ils se sauvent vivre leur
vie. Sauf qu’à l’époque, il faut le consentement du père, qui détient les
subsides. On sauve le jeune homme mais on laisse la jeune fille s’enliser dans
une vie de courtisane, qui lui plaît, elle qui n’avait rien. Ca finit très mal,
pour Manon qui meurt, pour son chevalier Des Grieux qui reste vivant mais
désespéré. Pour combien de temps ?
Il
faut bien le dire, le livret a de grandes faiblesses et des raccourcis
saisissants (si on n'a pas lu le roman d'origine). Mais c’est un opéra comique.
La mise en scène de Laurent Pelly, au théâtre du Capitole, est inégale,
avec de très bonnes idées (les scènes des chœurs d’hommes face à Manon),
d’autres moins compréhensibles. Il faut dire que les décors sont lourds, avec des
lignes de perspective fuyantes ou de guingois, pour dire quoi ? On rit
parfois, surtout lorsque les trois coquettes sont sur scène et on pleure aussi, sur
cet amour impossible. Manon n’est pas une vraie coquette, elle ne suit pas
complètement les règles et s’écarte du chemin. On se dit qu’aujourd’hui, ce
serait plus facile, même si ça finirait mal aussi, mais on n’en mourrait pas
quand même ! Plus de morale, plus de serments, moins de mariage (il n’en
est guère question cependant), tout fiche le camp. Ce n’est
quand même pas un opéra révolutionnaire et pour ma part, dans le genre français, je préfère nettement
Carmen, qui transporte et va plus loin, dans le comique comme dans la tragédie,
avec de bien plus beaux airs.
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