Ce
roman d’Arturo Perez-Reverte est un mélange subtil de roman historique et de
roman policier, en passant par une description de l’art de la guerre, du point
de vue des artilleurs, des commandants ; de l’art de la contrebande,
étroitement mêlée au commerce maritime florissant et à la guerre. Et aussi un
roman d’espionnage, ou, pourquoi pas, patriotique. Reste encore une petite
touche d’amour absolument impensable entre deux êtres qui appartiennent à des
castes trop éloignées. Voilà, vous avez tous les ingrédients de « Cadix,
ou la diagonale du fou » (Maspero, 2011). Sur fond de presqu’île, terre
entourée d’eaux, mer ou étiers et d’un peuple qui ne vit que pour et par la
mer. Ah, la mer, que le marin déteste et que l’armateur adore. L’un y vit,
l’autre en vit. Bien entendu, c’est toujours le patron qui gagne, pas le
corsaire. Celui qui paie l’autre et qui reste à l’abri. Oui, c’est vrai lui
aussi prend des risques mais c’est pas tout à fait pareil. C’est l’éternelle
histoire des riches et des pauvres. Comme on pouvait s’y attendre, l’amour a
peu de poids et guère de chance de triompher.
L’écriture
est serrée, il y a des tonnes de choses à dire, au travers de ces morceaux de
vie mêlées. Un peu trop peut être ? L’auteur n’a pas su ou pas voulu
démêler les fils de toutes ces histoires enchevêtrées, à nous de tirer sur tel
ou tel fil. De toutes façons on sent bien que tout va mal finir ou pas finir du
tout : certains meurent, coupables ou non, et de quoi ? Les
envahisseurs se retirent sans avoir vraiment perdu de bataille et chacun suit
sa trajectoire personnelle dans ce grand branle-bas plus pesant encore que la
vie ordinaire, puisque c’est la guerre. Une vie, des vies mouvementées mais qui
n’altèrent pas le grand ordonnancement des choses, où les plus petits vivent et
meurent selon le bon vouloir des plus grands, des nantis, des bien nés.
Un
grand travail de recherche, des chapitres très documentés, des détails
historiques, qui donne un roman noir et coloré, au propre comme au figuré. Manque
le je ne sais quoi qui lierait le tout. Une vraie histoire d’amour peut-être ?
Oui, ça n’existe que dans les livres… ben justement.
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