De nombreux ouvrages, romans,
films, essais, chansons, ont tenté de décortiquer les relations mère fille avec
plus ou moins de bonheur, chaque cas restant particulier dans un cadre pourtant
assez répandu, les conflits de générations.
Le récit de Doris
Lessing : Filles impertinentes, Flammarion 2014 (pour un texte publié en
langue originale en 1985 !),
s’achève à la mort de sa mère, avec cette phrase : C’était comme si souvent, quand meurent des vieillards – tout
le monde sait qu’ils ne seraient pas morts s’ils avaient réellement eu de quoi
s’occuper, s’ils s’étaient sentis désirés, si quelqu’un avait eu besoin d’eux.
Il s’agit du récit de la jeunesse de Doris, une jeunesse vécue de manière libre, en tout cas libérée des carcans dont n’a jamais pu se défaire cette mère, haïe et adorée, sans doute pas du tout comprise. Oui, les mères sont en même temps exaspérantes et attentionnées, les filles incomprises et horripilantes. Ca démarre à l’adolescence, peut-être avant, et ça dure jusqu’à la mort, avec des moments de répit, ou pas, ça dépend beaucoup d’elles-mêmes et de leur capacité à surmonter les différences, leur capacité à s’aimer et à s’écouter au-delà de tout ce qui les différencie et qui les éloigne, inexorablement.
A l’heure où les
« vieillards » meurent de plus en plus tard (pour combien de temps
encore ?), souvent seuls, cette chute est brutale, sans concession, à
l’image de cette fille qui n’en fait qu’à sa tête sans qu’une seule fois elle
tente de comprendre sa mère, sauf quand c’est bien trop tard, qu’elle-même est
déjà vieille, mère peut-être oubliée, elle aussi, comme les autres. Pourtant,
les filles doivent bien prendre le large et vivre leur vie. Et abandonner leur
mère. Où est donc la solution ?
Dans un autre genre, les
entretiens Mères et Filles de A. et B. Massenet (Aubanel), font presque croire qu’il est
possible de rester toute la vie complices. Drôles de « conversations» où
la mère paraît parfois plus jeune que sa fille (qu’importe, puisqu’il s’agit
juste d’être différente) ; où les conflits pointent encore, larvés, pas
ouverts et jamais refermés ; où les fossés sont creusés pour toujours sans
possibilité de réconciliation ; où les rires se mêlent aux sanglots, de la
mère comme de la fille. L’une est connue, l’autre pas, rarement les deux
ensemble. Il est loin le temps où les petites filles marchent dans les
chaussures de leur mère. Elles les ont fait voler aux quatre coins de la pièce
et ont claqué la porte avec fracas. C’est peut-être ça, grandir.
A écouter :
La place au sous-sol – Lynda
Lemay
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