mercredi 30 septembre 2015

Au conditionnel



Si je savais écrire, j’obtiendrais sans nul doute le prix Goncourt
Si j’avais un verre d’eau, j’aurais la possibilité d’étancher ta soif
Si on me donnait une motte de beurre, je ne saurais qu’en faire car je n’ai pas inventé le fil
Si j’avais trois mains, il m’en faudrait sûrement une quatrième
Si les plumes s’envolaient, si la neige fondait, si les regards se perdaient, ça voudrait dire qu’on est tous deux sous l’édredon, face à la cheminée, entrain de s’aimer
Si je marchais toujours tout droit devant moi, j’arriverais sûrement à Rome, ma foi
Si je mangeais trop de pommes de terre, non, ça ne pourrait pas arriver, car je n’en serai jamais rassasié !
Si je sortais par la porte, tu ne me reverrais plus jamais
Si j’avalais un sabre, son propriétaire de Cosaque viendrait sûrement me le réclamer
Si j’avais une poignée de clous, il me manquerait quand même un marteau
Si je partais sans me retourner, je ne t’oublierais quand même jamais.


Avec l’aide de JeanTarDieu et du Moulin à paroles 

mardi 22 septembre 2015

Ressac - monologue intérieur


Toutefois, certaines méduses peuvent aussi bourgeonner d’autres méduses sur le rebord de l’ombrelle.
Jacques Ruffié « le sexe et la mort »

"Moi j’aime pas la mer, on devient méduse rien qu’en la regardant. Cette espèce d’hypnose qui nous prend quand on s’assoit sur le sable pour écouter ce sempiternel ressac. Ressac et sac de sable, on s’englue, le sable colle aux fesses, y en a jusque dans les plis du drap pourtant secoué chaque matin.
La poésie des vagues me donne le mal de mer, les cargos et leurs cheminées me rendent nauséeuse, je ne vois que pillages et naufrages dans les histoires de pirates et ceux qui partent à la rame me font pitié. La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs me fait salement penser aux pourritures charriées, aux milliers de poissons qui se mangent les uns les autres, sans jamais s’aimer. Vive la pisciculture. L’océan est rageur, la méditerranée poussive.
Y en a qui aiment ça, la mer et les bateaux. Ils passent même leur vie dessus. Mais entre le désastre du grand Titanic, la bataille du Jutland et ses milliers de noyés, les boat people oubliés et les corps de migrants rejetés, la mer, moi, elle me débecte.
Je préfère l’eau bleutée des piscines plastifiées, calme et limpide. Ou encore mieux, un aquarium de salon, avec des fausses amphores et des petits cailloux colorés. Pas de vagues, pas de danger. Ah, Zut ! Un de mes poissons clown a encore crevé".

mercredi 16 septembre 2015

Empathie, quand tu nous tiens



Souvenir – Quand j’ai rendu mon questionnaire rempli et que le formateur a fait ses calculs, je l’ai vu froncer les sourcils, me regarder et recalculer. A la fin, sans un mot, il m’a tendu les résultats. Puis m’a proposé de chercher autre chose qu’un boulot d’infirmière. Empathie = zéro a t-il annoncé. J’ai des places pour huissier de justice, la formation commence demain, vous avez toutes vos chances.

Proverbe – Tant va Jésus vers son prochain qu’à la fin il s’empathe.
Proverbe – L’empathie ne corrige pas la myopie.
Projet – J’aurais pu bien entendu décider de m’inscrire en tant que bénévole au Restos du Cœur. J’avais de quoi, en tant que responsable d’un groupe de la grande distribution, de quoi proposer des améliorations. Moi aussi je peux avoir des idées plus ou moins charitables, même si, comme les produits frais entassés dans les rayons, leur durée d’utilisation optimale est assez limitée. Mon idée n’a duré que le temps d’y penser et je me suis vite remis à calculer la marge des yaourts sans lait, la dernière nouveauté du rayon frais.




atelier d'écriture du 15/09/2015 - Le moulin à paroles.