mardi 22 septembre 2015

Ressac - monologue intérieur


Toutefois, certaines méduses peuvent aussi bourgeonner d’autres méduses sur le rebord de l’ombrelle.
Jacques Ruffié « le sexe et la mort »

"Moi j’aime pas la mer, on devient méduse rien qu’en la regardant. Cette espèce d’hypnose qui nous prend quand on s’assoit sur le sable pour écouter ce sempiternel ressac. Ressac et sac de sable, on s’englue, le sable colle aux fesses, y en a jusque dans les plis du drap pourtant secoué chaque matin.
La poésie des vagues me donne le mal de mer, les cargos et leurs cheminées me rendent nauséeuse, je ne vois que pillages et naufrages dans les histoires de pirates et ceux qui partent à la rame me font pitié. La mer qu’on voit danser le long des golfes clairs me fait salement penser aux pourritures charriées, aux milliers de poissons qui se mangent les uns les autres, sans jamais s’aimer. Vive la pisciculture. L’océan est rageur, la méditerranée poussive.
Y en a qui aiment ça, la mer et les bateaux. Ils passent même leur vie dessus. Mais entre le désastre du grand Titanic, la bataille du Jutland et ses milliers de noyés, les boat people oubliés et les corps de migrants rejetés, la mer, moi, elle me débecte.
Je préfère l’eau bleutée des piscines plastifiées, calme et limpide. Ou encore mieux, un aquarium de salon, avec des fausses amphores et des petits cailloux colorés. Pas de vagues, pas de danger. Ah, Zut ! Un de mes poissons clown a encore crevé".

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