Ce matin, soleil éclatant, chaleur, je
suis montée…
…
En haut des marches du vieil escalier de pierre, sur le rebord duquel poussent
d’étranges plantes, des végétations touffues et tordues, comme des cheveux de
femme. Ces cheveux que j’ai perdus, ces touffes que mon bonnet ne cache plus.
C’était
le bonheur avant, et je ne le savais pas. C’est toujours quand on a perdu
quelque chose que l’on s’aperçoit de sa présence, vivante et chaude. Le bonheur
peut s’éparpiller en petits instants de joie comme celui-ci, qu’importe :
soleil éclatant, chaleur. C’est suffisant pour ce matin et je me gorge de ce
tout petit bonheur là.
Après
tout, l’avantage, c’est que je n’achète plus de shampooing. D’ailleurs je ne
savais jamais lequel prendre, le choix était beaucoup trop important, dans la
vie on a besoin de rien. Pas d’autant en tout cas. Je glisse mon peigne en
corne dans ma poche. Je ne l’ai pas jeté, même s’il ne sert à rien. C’est un
bel objet et je l’aime quand même, mon ancien compagnon de bataille chaque
matin.
Un
nuage calme cache soudainement le soleil éclatant. Plus de chaleur. Un bref
instant, j’ai froid déjà. Il ne faut pas penser. Alors je rêve aux trois brins
de muguet qu’on m’a apporté au retour du marché. Ce 1er mai est un
peu spécial, je le sais bien. Ce ne sera pas le train-train quotidien ; je
le veux pour moi car il n’y en aura pas d’autre. Cette journée est à moi et je
la veux tout entière et spéciale jusqu’à la nuit tombée. Tant qu’il fera jour,
je resterai vivante et sensible à ce qui m’entoure, simplement. Le chat Pantoufle
vient se frotter contre mes jambes maigres. Je souris vaguement, béatement et
ne veux penser à rien, qu’au soleil, éclatant et à la chaleur en dedans.
A ma mère, sur son escalier de pierre.
A tous ceux qui ont le courage de lutter.
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