Le monde n’a pas besoin de création, il
a besoin de nouveauté, disait
je ne sais plus qui. Il avait raison, mais hélas il n’y en avait guère, de
nouveauté, dans la production de Rigoletto au Théâtre du Capitole en ce mois de
novembre 2015. Des décors inexistants avec la perspective récurrente, qui
s’applique à tout et ne ressemble à rien. Je ne dirai pas grand chose de la
mise en scène, rien de nouveau… les techniciens étaient tellement désabusés que
le rideau de scène commençait à tomber des cintres avant même que les dernières
notes ne soient chantées. J’exagère, mais si peu.
Et
les voix me direz-vous ? Hé bien, elles étaient à l’avenant : malgré
un Rigoletto solide dans son registre, il était aussi trop solide, en fait, de
par son physique, pas du tout difforme ni bossu, on se demandait tout du long
pourquoi donc il se laissait faire et jouait le bouffon. Rien dans sa tenue ne
justifiait cette absence de révolte. Trop grand, pas assez humble et donc pas
assez convaincant. Sans réclamer l'outrance, là c'était vraiment tout dans l'imaginaire, certes bien partagé avec le public qui connaissait l'oeuvre. Mais ne mettre que dans les quelques minutes du début la fameuse coiffe de bouffon, c'est pas vraiment suffisant pour s'imprégner du personnage. Gilda aurait pu faire l’affaire mais sa voix tient plus du
registre de Leonora dans le Trouvère que de la fragile et jeune Gilda. Elle
aussi était donc un peu décalée et pas complètement aussi fraîche et légère
dans les aigus qu’on aurait pu le souhaiter. Quant au Duc, on comprend sans peine, en
l’entendant, que les femmes deviennent volages… Bien campé,
physique avantageux, il aurait pu être un duc de première si la voix avait été
assez solide pour attirer tous les suffrages. Cela n’était pas le cas non plus,
et deux voix de solistes trop faibles sur trois, c’était trop. Les trois personnages principaux sont omniprésents. Il faut donc qu’ils assurent ;
ce n’était hélas pas vraiment le cas. Les seconds rôles par contre ont bien
tenu leur partie.
Finalement,
de tout cela c’est la musique de Verdi qui s’en sort, toujours aussi belle,
éclatante et bien servie par un orchestre présent. Les chœurs d’hommes étaient
également à la hauteur malgré une gestuelle et un placement un peu hésitants
(on les comprend). Le début du 3ème acte, toujours somptueux, a été
l’un des moments les plus émouvants. Par la musique uniquement, car le visuel
était toujours aussi fade malgré les éclairs format flash de polaroïd. De manière
générale, les voix n’étaient pas mises en valeur par cette mise en scène aussi
pauvre. Bon, c’est vrai, la production date de 1992, pas fraîche donc….
Il
faudrait toujours se renseigner sur les dates de création des productions
annoncées en début de saison. Mais comme il faut réserver quasiment un an à
l’avance pour avoir une chance d’avoir une place à peu près correcte (je ne
parlerai pas du tarif ni du confort, de peur d’en faire trop pour cette fois),
on achète un peu à l’aveugle et on reste prisonnier de la programmation, pas
toujours novatrice et riche.
Allons !
la musique est belle, qu’importe le reste… !
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