mercredi 30 mars 2016

Haïku de printemps




Eclats de noisette
Premier bourgeonnement vert
Cueillette à venir

                                       Plume volage
                                       Dans la cage mal fermée
                                       Chat satisfait

                                                                        Merle moqueur
                                                                        Robe fleurie dans l'arbre
                                                                        Etourdissement

                                                                                                          Soleil doux
                                                                                                          Brise légère sur jambes nues
                                                                                                          Pluie d'avril

samedi 19 mars 2016

prière d'insérer



Extrait de L’immortalité – Milan Kundera
Elle ferma la valise, sortit dans le couloir, descendit en courant devant l’hôtel, jeta la valise sur le siège arrière et s’assit au volant.*


Elle ferma les yeux de son mari mort d’un doigt léger. Elle était surprise de se sentir autant libérée.  Devant le miroir, elle traça un léger anticernes par dessus les valises qu’elle avait sous ses yeux fatigués et sortit son rouge à lèvres. Voilà, elle était belle, presque jeune. Un léger bruit dans le couloir la fit sursauter : quelqu’un descendait l’escalier en courant. Elle eut peur que quelqu’un l’ait vu et que la police arrive. Mais devant l’hôtel, tout était calme, aucune voiture ne stationnait, il n’y avait personne, pas même un piéton. Nuit noire la plus absolue. Rassurée, elle jeta un coup d’œil sur son mari, toujours et à jamais immobile. La valise bourrée de diamants à la main, elle s’affala enfin sur le siège arrière du taxi appelé depuis la chambre. Tout fonctionnait à merveille jusqu’à présent. Jusqu’à ce qu’elle se rende compte de qui était assis au volant.



 *les premiers et les derniers mots de l'extrait original doivent être conservés. Tous les autres mots doivent être insérés dans un nouveau texte qui reste à écrire. Merci au Moulin à paroles pour ce petit jeu littéraire très drôle.

lundi 7 mars 2016

chanson à thème

A l'instar de Monsieur Pierre Perret, qui avec son "Bercy Madeleine", se faisait rire lui-même en même temps que son public, j'ai imaginé écrire non pas une chanson mais une historiette légère en y intégrant les noms de toutes les stations de métro de la ville rose. Cherchez bien, elles y sont toutes, parfois bien cachées... les reconnaîtrez-vous ?

  
A chaque fois que j’y repense, je me dis que je n’aurais pas dû obtenir mon diplôme de Pharmacie. Je suis bien allée à l’Université et je jouissais de toutes ma facultés le jour où j’ai passé l’examen, mais quand même, je dois bien l’avouer, si j’ai si bien réussi, c’est parce que j’avais parié que  l’examinateur aimait bien la bagatelle et que j’en ai largement profité. Et pourquoi pas après tout ? C’était un très petit homme, originaire de la république de Chypre, mais si minime soit-il, il avait le pouvoir d’exaucer mon vœu le plus cher, celui d’être la reine qui rit le jour de la publication des résultats ; oui, je sais ce fut une folie. Aujourd’hui j’ai du remords et l’archange Saint-Michel vient me visiter régulièrement dans la villa de Raymond.  Ce n’est pas un palais, mais il faut lui rendre justice, il est fait de briques roses comme le chantait Nougaro. Seulement, après tant de temps, j’ai toujours l’air pâlot et pour une pharmacienne, ce n’est pas très vendeur. Le matin j’ai beau me farder le bord de rouge, je ressemble plus à la Reine Pédauque qu’à Jeanne d’Arc sur son fier destrier. Au fur et à mesure que la journée passe,  ça empire : la reine devient fontaine, encore belle, puis lorsque les temps sont durs et les clients hargneux, le charme n’opère plus et je finis la journée tel un saule pleureur, avec des oiseaux français verdiers qui viendraient faire du vacarme dans mes feuilles. Ce sont des acouphènes me serine mon Elie, venu d’Argolie pour me trouver. La vache, lui est un vrai docteur es sciences, il n’est pas de ceux qu’on pend haut et court pour tricherie et ça, ça me donne toujours le cafard, Elie. Peut-être qu’un jour j’irai me noyer dans le canal vers midi, quand j’en, j’aurais assez d’entendre les remords me chuchoter : Marcelle l’allongée a un joli mont avec lequel elle a fait du gras. Tous mes maux viennent de cet ancien pari qui est comme une barrière, je ferais mieux, pour faire mon grand deuil, pour redevenir comme le saint agneau qui vient de naître, de déménager loin d’ici, dans un endroit joli comme là-bas, alma mia, où des roses résistent à tout et même aux trois coucous, ou aux écureuils un peu bas, sots mais quand même beaux. Un endroit où je pourrais mirer les rails des trains à grande vitesse qui s’en iraient dans un tintamarre, and go vers un autre pays, un autre amour, vers un autre pôle, ça battrait tous mes ennuis et je pourrais enfin mettre les voiles, capito ? le voilà le bonheur.


mardi 1 mars 2016

C'est la vie, ça va passer


Le bavardage de la caissière du petit supermarché, au milieu de la rue Charles de Gaulle, ouvert tous les jours dès 7h30 et jusqu’à 20h00.

- Vous ne voulez pas prendre la promo, Monsieur Carton ? Vous y gagnez, deux bouteilles pour le prix d’une, remise immédiate, non ? Je ne vous force pas, vous faites comme vous voulez, c’est vous qui payez, c’est vous qui buvez. Oui c’est vrai, c’est plus lourd à porter. Moi, ce que j’en dis, c’est pour vous faciliter la vie. Vu ce que vous buvez, vous pouvez bien en prendre deux d’un coup, et moi, ça me débarrassera. J’ai la promo tomato-ketchup qui démarre demain : pour 3 flacons, vous en avez un 4ème, sauce barbecue, qui part avec. Ah, vous revenez demain ? Attention, demain c’est dimanche, ouverture de 9h30 à 13h00. Et encore, parce que les clients ont demandé. Cette rue est devenue très passante, avec le temps. Pensez, avec la gare en bas. Quand je suis arrivée, il y a de ça presque dix ans, personne ne serait venu faire ses courses le dimanche matin au supermarché du coin ; ça change, hein, Monsieur Carton ? Tout le monde était à la messe, à confesse ou Dieu sait où. Aujourd’hui, je ne sais pas si c’est dû au PMU un peu plus haut, après le feu du carrefour, mais j’ai plus de clientèle le dimanche que le lundi matin. A croire que tout le monde travaille, hein ! C’est pourtant pas vraiment le cas. Enfin ce que j’en dis… Bon vous prenez le pack, finalement ? Vous avez raison, Monsieur Carton, ça vous évitera de redescendre. Cette rue en pente, elle est pas faite pour ceux qui ont mal aux jambes. Tout le monde n’a pas celles du Général ; jamais fatigué celui-là, jusqu’au bout alerte et en bonne santé. Oui, il est mort aussi finalement. Qu’est-ce que vous voulez, c’est notre lot à tous, faut pas y penser. Voilà votre monnaie, au revoir Monsieur Carton, à demain.