« La
véritable tragédie de Faust, ce n'est pas qu'il ait vendu son âme au diable. La
véritable tragédie, c'est qu'il n'y a personne pour vous acheter votre âme ».
La Promesse de l'aube (1960),
Romain Gary
Il paraît que pour Le Trouvère, de Verdi il suffit
d’avoir les 4 plus belles voix du monde pour que tout se passe bien. A la dernière
production de Faust au Théâtre du Capitole, en cette fin de saison, il nous a
fallu beaucoup d’abnégation pour oublier qu’on n'avait aucune des 3 voix requises
et pour admettre que seule la musique de Gounod nous permettrait d’atteindre les cieux.
Outre l’absence de voix, il a fallu supporter
l’absence de mise en scène, des décors aux airs de déjà vu et des morceaux de bravoure passant quasi inaperçus (Le
Veau d’Or). Seule la soprano s’est plutôt bien sortie de l’air de la
Castafiore ; le fameux air des bijoux (Ah je ris de me voir si belle…), le
seul problème c’est qu’ensuite elle nous a un peu abandonnés.
J’exagère bien sûr, mais franchement, il me semble que
ce n’était pas digne d’une scène nationale, d’un théâtre où l’on paie ses
places quand même assez cher et où l’on est dans un inconfort total tout au
long de la soirée. A quand les travaux de réconfort de ce théâtre à l’italienne
qui peine à tenir son rang ?
Le public ne s’y est pas trompé, le ténor a eu des
applaudissements polis (le public est gentil) et les autres, à peine plus
nourris.
Reste la musique, restent les chœurs du Capitole,
toujours impeccables, chauds et justes. Reste cette splendeur de livret, au
cours duquel, à chaque seconde, on se dit : c’est tellement vrai,
tellement humain, tellement nous. Désespérant et reconnaissable. Humain et
identifiable. Miroir déformant si proche de notre réalité. Le mythe de Faust
est un mythe car il nous révèle et nous met à nu. N’importe quel être humain de
plus de 50 ans comprendra l’appel du Docteur Faust et son désespoir pour connaître
une dernière fois la jeunesse, quel qu’en soit le prix. Et même si Méphisto affiche
un cynisme désabusé, il admet toutefois les volontés humaines, charnelles,
futiles, de son élève, alors qu’il ne
les comprend pas.
Bref, ce fut une soirée plus philosophique que
musicale, que vocale. Une musique et des textes empreints de nostalgie, d’espoirs
en un monde meilleur que l’on sait vains, connaissant la nature humaine. Que
faut-il faire, Docteur ? Le pardon, la rédemption, sans jamais savoir ce
qui est juste et bon.
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