jeudi 27 avril 2017

de l'autre côté de la vitre


La vie c'est comme une boîte de chocolats, certains sont fourrés pralinés et d'autres alcoolisés. Sauf que dans la vie, y'a pas d'étiquette explicative ni de mode d'emploi. Et donc on ne choisit pas. Y a pas de brouillon et même si on a parfois droit à une deuxième chance, il faut bien dire que c'est souvent pire que la première. Faut tendre à la perfection me disait mon père, larmoyant sur la toile cirée de la cuisine. L'espoir fait vivre. Quand le cubito était vide, il mettait son verre sous le robinet d'eau et faisait avec. Ma mère ne disait rien et se tordait les mains, désolée de ne rien pouvoir faire. On peut pas dire que j'ai été poussé pour gagner mon pain, c'était le seul moyen de survie. Mal aimé et en surplus, c'est mon lot depuis toujours. J'y suis habitué, on s'y fait. Aujourd'hui, malgré mon gilet jaune fluo et ma brouette verte que je traîne dans la rue, je suis invisible pour le commun des mortels. J'y suis habitué aussi. Devant la vitrine de l'agence de voyages Clepsydre, rue des autans, je m'arrête toujours 5mn pour voyager dans ma tête. Mais je n'y reste pas longtemps car je fais tache, devant les affiches bleu azur et jaune soleil. C'est le chef d'agence qui me l'a dit. Bon, je lui nettoie quand même son caniveau et son bout de trottoir, ça sert à rien d'être chien dans la vie. Moi, mon meilleur ami, il s'appelle Benoît, un lapin angora que je cache sous mon gilet jaune fluo, dans la poche intérieure de mon polaire. Il reste là et on se tient chaud. Mutuellement.

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