It is full of beautiful trees, pears, pomegranates and the most delicious apples
There are luscious figs also, and olives in full growth
The fruits never rot nor fail all the year round neither winter nor summer for the air is so soft that a new crop rippens before the old has dropped
Pear grows on pear, apple on apple, fig on fig
Homère - Odyssey
C'est l'histoire d'une île trop bien placée dans la Méditerranée sur laquelle la géopolitique s'est acharnée : des consuls, des protectorats, des invasions et une indépendance bien tardive... Indépendance grecque bien entendu. Aujourd'hui, malgré les nombreux lions vénitiens qui parsèment les forteresses, anciennes ou nouvelles, l'île de Corfou est bien grecque, aucun doute là-dessus. Et puis elle est malgré tout à l'origine de la Guerre du Péloponnèse, faut pas oublier...
C'est l'histoire d'une île couverte de fleurs, une île verte, tellement rare en Grèce. Il y a des bougainvilliers partout, rouges et violets ; des arbres bleus inconnus ; des jasmins envahissants et odorants qui jaillissent de n'importe où. Des chèvrefeuilles et des amaryllis, d'autres drôles de fleurs encore, méconnues et surprenantes. Hors des villes, toujours des plantes multicolores, fleuries, vigoureuses, qui attirent comme un aimant une faune d'insectes et autres comme on n'en voit plus du tout dans nos contrées aseptisées : ça vrombit, ça virevolte, ça bruisse, ça vibrionne. Les chèvres, elles, font le tour des bosses de la montagne en agitant leurs clochettes. De loin, on les confond avec les pierres. Elles évitent soigneusement les anciennes prairies cultivées, aujourd'hui en friche et pourtant bien vertes. On peut facilement rester des heures à les contempler, seules dans la montagne, comme celle de M. Seguin, mais bien plus adaptées à la liberté...



On peut y faire, hors saison, des randonnées qui longent des falaises argileuses ou calcaires. On peut se baigner dans des eaux toujours claires et bleutées. On peut aussi grimper jusqu'au mont Pantokrator, 916 ou 960m, qu'importe au fond, mais pour y arriver, impossible de choisir quel sentier suivre, tellement nombreux, tellement montagnards, tellement incertains. Peut-être ceux qui ont le courage de faire le Corfu Trail arrivent à s'y repérer ; sinon il faut juste suivre son instinct et décider de revenir lorsque on ne sait plus où on est.


De là on voit les côtes de l'Albanie, toute proche et inconnue : on observe le continent, qui ressemble à s'y méprendre à cette partie où l'on est mais qui paraît en même temps inaccessible et tellement inhabituel. L'herbe n'est jamais plus verte un peu plus loin, on le sait bien, il vaut mieux rebrousser chemin.
Il y a le sud de l'île, moins touristique que le nord, impossible de savoir pourquoi. Les falaises y sont également belles et les balades aussi intéressantes. Le nord ouest, très balnéaire, doit être impossible en saison, mais reste visitable au mois de mai.
Sidari, connu pour son canal d'amour que je ne recommande à personne : envahi d'hôtels et de piscines, de restaurants ou cafés aux pieds dans l'eau, la seule plage qui n'en a que le nom est à moitié enfouie sous la terre qui dégouline d'en haut. On ne peut s'y baigner, on ne peut que tenter, d'un pied peu sûr, d'apercevoir ce canal étroit qui n'a plus rien d'amoureux et qui ne ressemble pas aux réclames. Ce qui reste de naturel et de vertigineux doit se gagner en montant au bord des falaises, le long desquelles on peut suivre un sentier et découvrir une anse rocheuse presque secrète pour s'y faire des bains argileux loin des foules, en tout cas jusqu'à midi. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.
On est monté, à Kassiopi, sur les vestiges envahis de ronces d'une forteresse byzantine dont il ne reste qu'un corps de garde et une terrasse. La porte monumentale a été restaurée grâce aux fonds européens mais les oliviers ont bel et bien gagné et n'ont pas été délogés.


Et puis surprise, à Kalami, un havre de paix, une baie calme et tiède. Choisie par Lawrence Durrell qui y a séjourné il y a longtemps, dans une White House à l'époque au milieu de rien, qu'on peut encore louer aujourd'hui, pour une semaine de laisser aller. On y a mangé au bord de l'eau, chez Thomas' Place, une cuisine corfiote simple et copieuse. Les gens sont heureux d'être là, de commencer une saison après un hiver trop immobile. Pourquoi s'en faire ? Tout passe et tout recommence.
Durant ces quelques jours, j'étais en pleine lecture de "Pages grecques", de feu Michel Déon qui a passé une grande partie de sa vie en Grèce et toujours dans des îles. Une vision d'abord paradisiaque qui s'estompe avec l'âge : la Grèce d'Homère, idéalisée, dont il ne reste que des vestiges pillés. Remplacée par une Grèce moderne, résolument européenne mais tellement différente de notre Occident effréné. Heureux qui comme Ulysse...
Durant ces quelques jours, j'étais en pleine lecture de "Pages grecques", de feu Michel Déon qui a passé une grande partie de sa vie en Grèce et toujours dans des îles. Une vision d'abord paradisiaque qui s'estompe avec l'âge : la Grèce d'Homère, idéalisée, dont il ne reste que des vestiges pillés. Remplacée par une Grèce moderne, résolument européenne mais tellement différente de notre Occident effréné. Heureux qui comme Ulysse...
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