Vous connaissez tous Paul Dukas, compositeur de l'Apprenti sorcier (mais si, souvenez-vous, dans Fantasia, Mickey et son balai magique, qui n'arrive pas se faire obéir...). Mais dans le genre plus difficile, il a également composé un opéra, qu'on peut qualifier de contemporain donc, puisque du XXème siècle.
Cette année au Capitole, c'était deux Ariane pour une : Ariane à Naxos de Strauss et Ariane et Barbe-bleue de Dukas. J'ai choisi celui-ci parce qu'il est assez rare et que certains passages me font pleurer, dont le fameux les 5 filles d'Orlamonde que chantent les femmes privées de liberté. J'ai un peu plus de mal avec l'autre.
Etrange histoire que celle-ci... assez loin du conte de Perrault, moins morbide, moins épais, moins sombre, tout entier tourné vers la liberté et la lumière.
La lumière, le metteur en scène l'a bien mise en avant : lumières très blanches, décor entièrement blanc, costumes blanc et noirs, jeu de rôles, de doubles entre les personnages. Avec des danseurs presque nus qui en miroir font face à leur personnage costumé. Un décor de bas relief grec antique, aux corps nus entremêlés, aux escaliers labyrinthiques et toujours les portes blanches, ouvertes ou fermées.
Le jour et la nuit, le souterrain et l'air, la liberté et l'asservissement. Les 5 femmes à peine libérées par Ariane qui n'a peur de rien préfèrent retourner dans leur enfermement, cette fois par choix.
Ça me rappelle quelque chose... même plusieurs choses, anciennes ou actuelles. On peut en tous les cas en discuter à l'infini sans trouver de réponses.
Cet étrange opéra est tout entier ciblé sur le personnage d'Ariane, en scène tout le temps et qui mène "la danse" tout du long. Il faut une sacrée voix pour tenir, même si la durée est relativement courte pour un opéra. Des rôles muets (Alladine) ou quasi muets (Barbe Bleue) qui passent pourtant très bien au vu de leur présence scénique. La maestria de Stefano Poda nous fait glisser dans un monde ouaté mais pas si tranquille, à l'aide d'une chorégraphie bien plus qu'une mise en scène. En effet, les personnages se meuvent de manière très lente, comme au ralenti, dans leur costume empesé, amidonné, à volants ou à effet tournoyant. Un binôme de noir et de blanc au millimètre près, composé comme un ballet japonisant.
Un effet visuel excellent qui capte la spectatrice, déçue du manque de succès d'Ariane auprès de ses soeurs même si pour se rassurer, elle se dit que Barbe bleue lui-même ne pourra plus être celui d'avant après ce passage de lumière fulgurante dans sa vie si cruelle et solitaire.
La direction d'orchestre (Pascal Rophé) était flamboyante et énergique à souhait pour accompagner la soprano Sophie Koch, calme et sûre.
Une soirée bien originale, avec un théâtre à moitié rempli, la musique contemporaine ne rassemblant pas la même foule que pour Verdi ou Mozart... Peu importe, il faut de tout et oser les "premières fois".
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