Pour une 1ère (?) édition, il faut reconnaître que c'est réussi. Un large choix d'évènements en lien avec la musique, russe et/ou française : des concerts bien sûr, des ciné-concerts, des rencontres, des récitals... dans plusieurs lieux, afin que chacun puisse s'y retrouver et trouver son bonheur. Et une librairie qui en profite pour aménager un rayon entièrement consacré à la littérature russe pour que les lecteurs ou auditeurs aient envie d'aller plus loin.
Pour ma part, j'ai profité de presque tout :
- le concert de l'académie internationale de direction d'orchestre, avec en première partie, trois tout jeunes chefs plein d'avenir (enfin, qui peut le dire ?) qui dirigent l'un après l'autre des morceaux de musique choisis, russes ou français (Berlioz, Debussy, et ???). Très intéressant, de voir leur gestuelle et leur manière d'être avec l'orchestre. En deuxième partie, un Tugan Sokhiev au sommet de son art, qui dirige Stravinsky (L'oiseau de feu) et un orchestre du Capitole encore subjugué par les master class dont il faisait lui-même partie. C'est bien, comme l'a dit Sokhiev, que les orchestres puissent également, en entier, participer aux heures d'enseignement données car c'est profitable pour les deux parties : les musiciens comme les chefs apprenants. C'est bien de donner la possibilité à ces jeunes de diriger un orchestre au complet et les oeuvres choisies n'étaient pas les plus faciles. Chapeau.
- un autre concert, toujours avec Stravinsky, l'Histoire du soldat, si peu souvent jouée, pourquoi ? Fléchée jeune public on ne sait pourquoi, d'ailleurs le public ne s'y est pas trompé il y avait bien plus d'adultes que d'enfants dans la salle. Dommage qu'il n'y ait eu qu'un seul récitant, sans acteur soldat ni diable, cela rendait un peu plus difficile le suivi de l'histoire. Un peu monocorde, dite trop vite et sans vraiment prendre des tons différents selon les protagonistes. Bon, le petit sextuor a sauvé l'ensemble. Ou alors c'est Stravinsky lui-même ? Peut-être...
- un récital découverte où je suis allée un peu par hasard, sans rien connaître : un pianiste virtuose de 30 ans, russe et un peu guindé (Nikita Mndoyants), qui a joué sans partitions Prokofiev et Moussorgski, mais également lui-même ! Un compositeur de ce niveau qui joue dans cette salle si spéciale de Saint-Pierre des Cuisines, pour un public disparate mais enthousiaste, c'était vraiment bien, même si le son du piano nous a paru un peu métallique. Mais pour du contemporain, c'était finalement pas grave.
- l'apothéose, c'est le Bolchoï qui vient jusqu'à nous. Entre Ivan le Terrible et La Dame de Pique j'ai choisi... la dernière ! Et d'ailleurs, ça m'a donné envie de me replonger dans la littérature russe puisque le livret est tiré d'une nouvelle de Pouchkine. Vraiment, je crois que je n'étais pas la seule dans la salle à être subjuguée par le haut niveau de tous : les choeurs, absolument parfaits ; le son de l'orchestre, puissant et profond, très différent du son de l'orchestre du Capitole (pourtant c'était le même chef !). C'est vrai que les cordes étaient particulièrement nombreuses... Une mention spéciale pour les voix, qui du ténor qui reste en scène du début à la fin jusqu'aux rôles secondaires, étaient tous de niveau bien plus élevé que ce que j'entends en saison habituelle. Des voix russes, graves et rondes, splendides. Quelle fierté de recevoir ce Bolchoï de Russie ici et d'avoir la chance de les entendre sur scène sans devoir aller jusqu'à Moscou ou Saint-Petersbourg !
Tout cela pour pas cher, voire gratuit. Des spectacles ou concerts de ce niveau à ce type de prix, franchement c'est donc possible. Et si c'est possible, c'est aussi grâce à des gens qui aiment partager, qui vont vers les autres, qui font tout pour que les uns et les autres se connaissent et se reconnaissent. Merci Monsieur Sokhiev, pour tous ces moments de bonheur.
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