dimanche 22 septembre 2019

Une histoire de fous

Sûrement que pour tout le monde, le mot asile fait peur. Asile psychiatrique aussi, voire plus. Asile de fous, l'expression a des connotations d'étrangetés, de peur, de violence, de méconnaissance.

Alors pour ces Journées du patrimoine, nous sommes partis visiter le Centre hospitalier Gérard Marchant, dont l'histoire est exemplaire à tous points de vue même si aujourd'hui, les soignants campent devant l'entrée pour dire toute leur incompréhension de ce qui est entrain de se passer dans le milieu hospitalier : rentabilité oblige, on rogne sur tout : moins de soins sur place, moins longtemps, davantage d'ambulatoire ne répondant pas toujours aux besoins des patients, moins de personnel, horaires chargés, etc, etc.
Une exposition d'archive, réalisée pour les 150 ans, retrace l'histoire de la construction de l'établissement, des films videos montrent la vie, l'avis des soignants, dans ce lieu un peu unique, très arboré, très étendu (plus de 200 hectares à l'origine), intelligent par sa conception architecturale. De grands noms de médecins aliénistes y sont attachés et on finit par saluer l'arrivée des neuroleptiques, qui ont certainement tourné la page à de très nombreux désordres devant l'incapacité à comprendre et à soigner les maladies mentales.

Malgré la catastrophe d'AZF en 2001, qui a quasiment tout détruit (c'est situé en face), l'établissement a été reconstruit depuis (grâce à son classement aux monuments historiques ?), même si les anciens pavillons ne sont pas encore remis en état. Les projets sont là, manque l'argent... comme depuis des centaines d'années. Déjà, à sa construction, il avait fallu trouver les matériaux les moins chers pour le finir. Heureusement, les moins chers se sont trouvés être les matériaux locaux, on y retrouve donc brique et galets de la Garonne... dont se sont également servis les patients pour faire des dessins.
On voit les anciens ateliers de travail, le vieux château d'eau transformé en pigeonnier désormais abandonné, l'ancienne cheminée de la chaufferie désuète et le "nouveau" château d'eau qui domine le site, gris de béton malgré son nombre d'or architectural, quel seuls les initiés aperçoivent d'en bas. Et un escalier avec une très belle balustrade et rampe en fer forgé réalisées par les patients, en atelier.

Mais le clou de cet espace si spécial, c'est bien la chapelle. Une chapelle à deux entrées identiques, l'une pour les femmes, l'autre pour les hommes, longtemps séparés, même malades. Quand on y entre, on a une sensation de bien être et de chaleur, avec ses deux anges qui entourent l'autel, ses colonnes à la peinture décolorée et ses vitraux vides. Son histoire est sûrement loin d'être calme pourtant, mais les patients qu'on y amenait devaient s'y sentir apaisés peut-être. Aujourd'hui elle est désaffectée mais reste ouverte et accueillante. Elle pourrait même servir de lieu culturel, ouvert sur la cité, si seulement quelques Toulousains voulaient bien faire un don pour qu'elle retrouve couleurs et confort. 
Un lieu à visiter, à partager, pour avoir moins peur la prochaine fois qu'on entendra le mot "asile".






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