jeudi 25 octobre 2012

Squirrels Square


Ce fut un peu long, surtout vers la fin, mais j’ai réussi à le finir ce satané bouquin, 3ème tome des aventures, de la saga des Joséphine, Zoé, Hortense et les autres – Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi (Katherine Pancol – Albin Michel 2010). 850 pages quand même, pour finalement arriver au bout de péripéties qui ont un p’tit air tragique mais qui se dénouent comme par miracle au fur et à mesure, puis complètement pour tous à la toute fin. Comme les contes de fées, vous savez, ceux qui finissent bien. 
L’auteur nous ferait presque croire que les gens peuvent changer, que l’amour existe et que les hommes savent attendre des années pour que la femme de tous leurs désirs leur tombe dans les bras, sous un arbre dans Hyde Park. 
Que des clochards peuvent être recueillis et hébergés par des millionnaires et même changer leur vie. Que les concierges arrivent à garder leur loge et leur job même quand le syndic est véreux. 
Et que Paris est à quelques minutes de Londres et vraiment pas très loin de New-York.
Mais c’est la vie de qui, ça ? Des héros de « plus belle la vie », des belles histoires qu’on n’arrive pas à croire même si c’est vrai et même si on les lit dans la presse qu’on trouve chez le dentiste. Oui je sais, Bill Gates lui-même s’occupe de donner ses millions à ceux qui doivent en avoir besoin alors qu'Apple arrose ses actionnaires. Et un roman, ça sert aussi à rêver, justement, à s’échapper de la nôtre, de vie, qui ne ressemble pas du tout à ça, en tout cas au quotidien. 
Bon, je ne veux pas vous faire pleurer, je suis allée au bout du bouquin, c’est donc qu’il est bien écrit, avec beaucoup de dialogues, style enlevé, même si on ne doute pas une seconde que ça finira bien et qu’on n’arrive pas totalement à sympathiser avec l’un de ces personnages, nombreux mais pas vraiment crédibles. 3 tomes je vous dis, enfin ils doivent tous exister en format poche, vous pourrez les glisser dans votre bagage de plage l’été prochain. Ou en faire cadeau à votre dentiste.
Demain, je file chercher un ouvrage inconnu et étranger à la bibliothèque.

jeudi 18 octobre 2012

Nuits de Chine (2)


Les enfants font souvent des cauchemars, des cauchemars récurrents, sortes d’épreuves initiatiques inconscientes qui s’arrêtent lorsque l’initiation a réussi, sans qu’on sache ni comment ni pourquoi. Comment aider un enfant qui s’éveille d’un cauchemar ? En étant là tout simplement, sans rien dire, le rassurant d’une caresse, d’un poids de chair présente, pour qu’il se rendorme le plus vite possible et oublie ce réveil furieux.  Parfois on ne sait pas qu’ils font des cauchemars, parfois on entend juste des paroles incohérentes, syncopées, qui montrent la lutte qu’ils sont entrain de mener avec on ne sait quoi de terrible, de dangereux. Mais il n’est alors pas question de se réveiller ou de les rassurer alors qu’ils dorment vraiment. C’est leur affaire après tout, puisqu’ils ne demandent rien, ils n’ont pas besoin d’aide, pas encore. L’avantage d’un cauchemar c’est qu’on peut se réveiller. On peut s’en sortir. 
L’avantage d’un cauchemar quand on est enfant c’est que des parents sont là pour rassurer, apaiser, caresser et faire oublier. Ce n’est pas une question d’âge, tant que des parents sont là, tout est possible. Même lorsque l’enfant vous dépasse d’une tête, pourrait vous faire tomber d’une chiquenaude si l’envie lui en prenait, même lorsque vous ne savez pas comment vous y prendre avec lui tant il vous semble différent et lointain, détaché, il arrive qu’une nuit, pendant votre sommeil, vous entendiez votre porte s’ouvrir doucement et une masse sombre se glisser furtivement dans le lit, à côté de vous, vous laissant juste le temps de vous pousser de côté. La masse ne dit rien, elle dort déjà. Le cauchemar était suffisamment noir pour le faire se lever et chercher un endroit rassurant. Il l’a trouvé : c’était là où vous étiez. Dans la nuit noire, vous écoutez son souffle régulier. Vous hésitez entre le rire et le pleur. Rire de voir un grand ado apeuré par un rêve au point de venir chercher refuge dans le lit de sa mère tout en dormant. Pleur de songer à ce lien qui vous unit, en espérant de toutes vos forces qu’il durera longtemps, quoi qu’il arrive.


mardi 16 octobre 2012

Mozart et puis les autres


A la chorale, on chante de tout : de l’italien du XVème siècle, du français de la Renaissance, des noëls classiques, du zoulou et des chansons à boire. On s’amuse, on écoute, on déchiffre, on s’accroche, on recommence, on rit et on est content quand le chef de chœur est content (c’est pas souvent).
Et puis un jour, on nous propose de chanter du Mozart. A la première écoute, déjà, on a un doute. Et quand on se met à chanter, on n’en a plus : c’est très beau, bien au dessus de tout ce qu’on a chanté jusqu’à maintenant. C’est pas forcément plus difficile mais c’est vraiment beaucoup plus beau. C’est écrit en allemand, transcrit en italien, c’est très beau quelque soit la langue choisie. On a l’impression de chanter vraiment, d’être de vrais chanteurs, de donner quelque chose. Pourquoi Mozart donne-t-il cette impression ? Au fond, il est très humain, très proche de tout ce que l’on peut ressentir au plus profond de nous même, c’est à dire parfois de la tristesse, parfois de la joie et la plupart du temps les deux en même temps. Personne ne sait rendre cela aussi bien que lui (à part Chaplin peut être, dans un autre registre ?). On rit et on pleure en même temps, sur la même ligne de chant ou de musique. En une phrase musicale, on a toute la vie, tout ce qui fait l’humanité.
Et puis surtout, Mozart c’est la joie, la joie de vivre, la joie d’être là, être heureux. Ceux qui connaissent un tant soit peu la vie tourmentée de Mozart comprendront qu’on peut se poser des questions… Cet homme était un pur génie musical, d’une manière incompréhensible. Il n’a d’ailleurs pas toujours été compris, ou alors totalement.
Des génies, il y en a d’autres me direz-vous. Certes, mais ça ne donne pas tout à fait la même chose, la même impression d’universalité dans la joie de vivre.
Comme dit le chef de chœur, commencer la journée en écoutant du Mozart, ça change la vie. Essayez, vous verrez…

jeudi 11 octobre 2012

Nuits de Chine (1)


J’entre dans sa chambre, plongée dans la pénombre et emplie d’un silence engourdi. Seuls les premiers rayons de soleil entrent par les fentes les plus hautes du volet, moucharabieh matinal impressionnant. Il est sept heures.
Ma fille dort. Elle dort à poings fermés, immobile, elle ne bouge pas. Ses paupières sont lourdes et fermées, sa bouche légèrement entrouverte, son corps abandonné. Si nécessaire, je soulève un peu la couette toute chaude pour découvrir un peu de sa peau de chérubin et pour pouvoir, en me penchant sur elle, lui donner le premier baiser du matin.
Elle dort. Mes lèvres parcourent sa joue, son cou, son épaule et ma main caresse son dos, mes doigts courent sur sa peu ombrée, chatouillis léger pour la réveiller. Elle est réveillée mais elle ne bouge pas. Les battements discrets de ses paupières me révèlent qu’elle fait maintenant semblant de dormir pour que je continue mes caresses sur sa chair molle et encore moite de la nuit.
Alors je lui murmure des mots tendres à l’oreille pour qu’elle daigne ouvrir un œil et soupirer d’aise, s’étirer pour faire glisser les derniers souvenirs de la vie nocturne et accepter de mettre un pied dehors.
Je peux alors m’en aller dans le jour épais, et attendre le lendemain pour recommencer.

mercredi 10 octobre 2012

Qu'est ce que je peux (en) faire ?


Si vous faites partie de ces cohortes de vacanciers (pseudo : touriste) qui restent l’iris collé à l’œilleton, à l’écran, pour prendre LA photo avant même de prendre le temps d’admirer le lieu ou le monument, peu importe. Si vous partez en vacances sans appareil photo et si vous êtes du genre à ne pas savoir prendre une photo via votre mobile, basta.
Mais si vous êtes encore un tant soit peu amoureux des albums à feuilleter lorsqu’on se croit désœuvré, si la largeur et la diversité de l’étagère, du magasin soi disant culturel, réservée aux articles liés à la photo vous désole et vous attriste, alors je vous pose la question : à l’heur(e) du numérique, que faites-vous donc de vos photos de vacances ?
On peut en faire beaucoup de choses :
-       les ranger soigneusement dans un dossier numéroté sur son ordinateur préféré
-  les modifier joyeusement ou les déformer furieusement si on est un pro de photoshop
-   les trier vaguement et les envoyer au tirage papier pour un album souvenir. Le magasin ou site peut également se charger de la confection de l’album, quasiment en totalité, pour les plus paresseux d’entre nous
-   les partager sur le web, en invitant vos amis à les regarder, sans débourser un centime en café et petits gâteaux
-   se les passer en boucle sur l’écran pendant tout l’hiver, histoire d’avoir l’impression d’avoir un peu moins froid
-    les oublier et les supprimer par inadvertance, la carte mémoire de l’appareil photo ayant un jour atteint ses limites
Pour ma part, lorsque le séjour, et les photos faites sur place, me paraissent assez enthousiasmants, je fais un « scrapbook ». Avant la folie du « scrapbooking » chez les ménagères de moins de 50 ans, cela consistait en une sorte de journal relatant les faits et gestes et menues aventures d’un séjour, à l’étranger par exemple : on y écrivait, à une ou plusieurs mains, les anecdotes du jour, les visites faites et si on était doué en dessin, en aquarelle, on pouvait même y esquisser « in vivo » les panoramas superbes étendus sous nos yeux. 
C’était un passe-temps originaire des pays anglo saxons et il y a encore peu de temps, on trouvait encore dans les papeteries anglaises (il n’y en a plus), des cahiers spéciaux intitulés « scrapbook », qui contenaient des pages multicolores et suffisamment épaisses, de sorte qu’on pouvait y coller tickets d’entrée au Royal Pavilion de Brighton, cartes postales de Big Ben et plan du métro londonien tout en gardant la possibilité d’écrire des commentaires sur l’autre face. L’étiquette grasse du « fish and chips » du Brighton Pier n’étant cependant pas recommandée, il ne faut tout de même pas exagérer.
Donc, aujourd’hui je continue mes habitudes d’adolescente, histoire de ne pas trop vieillir et comme je conserve un amour inconsidéré du papier à l’ère du tout numérique, avouons-le, je fabrique des scrapbooks, lorsque l’envie m’en prend. Et même je les ouvre parfois, lorsqu’un souvenir me fait défaut, ou plus simplement pour me souvenir qu‘on était bien, là-bas.
 « Mais ça sert à quoi ? » Me direz-vous. A rien bien sûr, sauf à se faire plaisir. N’est-ce pas une chose essentielle, en ces temps rigoureux ?