Les enfants font
souvent des cauchemars, des cauchemars récurrents, sortes d’épreuves
initiatiques inconscientes qui s’arrêtent lorsque l’initiation a réussi, sans
qu’on sache ni comment ni pourquoi. Comment aider un enfant qui s’éveille d’un
cauchemar ? En étant là tout simplement, sans rien dire, le rassurant
d’une caresse, d’un poids de chair présente, pour qu’il se rendorme le plus
vite possible et oublie ce réveil furieux. Parfois on ne sait pas qu’ils font des cauchemars, parfois
on entend juste des paroles incohérentes, syncopées, qui montrent la lutte
qu’ils sont entrain de mener avec on ne sait quoi de terrible, de dangereux.
Mais il n’est alors pas question de se réveiller ou de les rassurer alors
qu’ils dorment vraiment. C’est leur affaire après tout, puisqu’ils ne demandent
rien, ils n’ont pas besoin d’aide, pas encore. L’avantage d’un cauchemar c’est
qu’on peut se réveiller. On peut s’en sortir.
L’avantage d’un cauchemar quand
on est enfant c’est que des parents sont là pour rassurer, apaiser, caresser et
faire oublier. Ce n’est pas une question d’âge, tant que des parents sont là,
tout est possible. Même lorsque l’enfant vous dépasse d’une tête, pourrait vous
faire tomber d’une chiquenaude si l’envie lui en prenait, même lorsque vous ne
savez pas comment vous y prendre avec lui tant il vous semble différent et
lointain, détaché, il arrive qu’une nuit, pendant votre sommeil, vous entendiez
votre porte s’ouvrir doucement et une masse sombre se glisser furtivement dans
le lit, à côté de vous, vous laissant juste le temps de vous pousser de côté.
La masse ne dit rien, elle dort déjà. Le cauchemar était suffisamment noir pour
le faire se lever et chercher un endroit rassurant. Il l’a trouvé :
c’était là où vous étiez. Dans la nuit noire, vous écoutez son souffle
régulier. Vous hésitez entre le rire et le pleur. Rire de voir un grand ado
apeuré par un rêve au point de venir chercher refuge dans le lit de sa mère
tout en dormant. Pleur de songer à ce lien qui vous unit, en espérant de toutes
vos forces qu’il durera longtemps, quoi qu’il arrive.
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