jeudi 11 octobre 2012

Nuits de Chine (1)


J’entre dans sa chambre, plongée dans la pénombre et emplie d’un silence engourdi. Seuls les premiers rayons de soleil entrent par les fentes les plus hautes du volet, moucharabieh matinal impressionnant. Il est sept heures.
Ma fille dort. Elle dort à poings fermés, immobile, elle ne bouge pas. Ses paupières sont lourdes et fermées, sa bouche légèrement entrouverte, son corps abandonné. Si nécessaire, je soulève un peu la couette toute chaude pour découvrir un peu de sa peau de chérubin et pour pouvoir, en me penchant sur elle, lui donner le premier baiser du matin.
Elle dort. Mes lèvres parcourent sa joue, son cou, son épaule et ma main caresse son dos, mes doigts courent sur sa peu ombrée, chatouillis léger pour la réveiller. Elle est réveillée mais elle ne bouge pas. Les battements discrets de ses paupières me révèlent qu’elle fait maintenant semblant de dormir pour que je continue mes caresses sur sa chair molle et encore moite de la nuit.
Alors je lui murmure des mots tendres à l’oreille pour qu’elle daigne ouvrir un œil et soupirer d’aise, s’étirer pour faire glisser les derniers souvenirs de la vie nocturne et accepter de mettre un pied dehors.
Je peux alors m’en aller dans le jour épais, et attendre le lendemain pour recommencer.

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