Moi
qui suis née dans les années 60 et élevée, éduquée, après 1968, avec toutes les
libertés grâce à des parents résolument modernes et à l’avant garde, je ne
comprends pas toujours ni celles qui refusent toute forme de féminisme comme si
c’était une tare, ni celles qui en font un fer de lance sans voir que certains
combats sont parfois déjà gagnés, parfois très loin de l’être.
Ainsi
le film Wajda, réalisé par une femme, originaire d’Arabie saoudite, pour
qui ? Il n’y a pas de salle de cinéma dans ce pays et de toutes manières,
les femmes n’auraient pas le droit d’y entrer, fût-ce avec le consentement de
leur mari. Les jeunes hommes ne le verront pas non plus, et devront apprendre
par eux-mêmes l’injustice et leur malheur de ne pas pouvoir eux non plus partager
leurs jeux d’enfants avec des filles. Cette petite fille et ce garçon, qui ont
quand même joué dans ce film, peut-on espérer qu’ils fassent plus tard partie
de ceux qui tourneront le dos à certaines coutumes ancestrales, par
lesquelles si les femmes ne
représentent rien et n’ont aucun droit, les hommes sont eux aussi tout aussi bien entravés.
Ainsi
le film Le cahier, où dans un pays en guerre et plus que répressif envers les
femmes, une petite fille tient tête aux bandes de garçons qui ne savent que
jouer à la guerre comme les américains et qui voudraient l’obliger à être
prisonnière, déjà. Elle les repousse, seule au milieu de ses sœurs obéissantes
qui ne savent déjà plus qu’elles peuvent dire « non ». Elle brave le
danger pour aller à l’école où elle barbouille de rouge à lèvres son cahier
finalement donné par l’Unicef. Les garçons, eux, vont bien à l’école mais en plein air,
avec une ardoise et quelques craies pour tout équipement universitaire. Le
combat doit être mené par les deux bouts, sinon ça ne marchera pas.
Alors
j’ai un peu de mal, oui, à accepter qu’on parle, sous couvert de féminisme,
pour vanter la féminité sous toutes ses formes, du « privilège »
d’enfanter alors que c’est justement le fait d’être mère qui nous entrave, nous
enferme, nous oblige, sans parler de celles qui n’ont aucun choix. Là non plus,
le combat n’est pas égal. Et je ne suis pas certaine que l’enfantement soit
vécu comme un privilège par la moitié des femmes, notamment par celles qui,
mariées de force trop tôt, en meurent. Ce n’est pas un privilège, dans ce pays
comme dans tous les autres, quoi qu’on en dise.
Avoir
des enfants, de quelque manière que ce soit, y compris l’adoption ou tout autre
moyen, cela devrait pouvoir être un partage également, lorsqu’on est deux, et
pourquoi pas tout(e) seul(e) même si c’est vraiment difficile, lorsque ce n’est
pas interdit.
Partager,
c’est ce que souhaite Barbara Polla dans son livre « Tout à fait femme »
(Odile Jacob, 2012). J’ai bien peur que ce soit un vœu pieux, en tout cas un contrat à très
long terme.
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