Décidément
non, je n’allais pas emporter le 22ème tome de Tout Simenon pour un
petit séjour à Londres ! Il me fallait quelque chose de plus léger - au
propre comme au figuré - de plus anglo saxon, quoi. Dans l’urgence, je n’ai
trouvé que les nouvelles de Louise Erdrich (La décapotable rouge, à suivre un 2ème
tome) parues fin 2012 chez Albin Michel.
Comme
elle le reconnaît elle-même, il s’agit de morceaux de roman, des bouts
d’histoires, qui pourraient chacune s’insérer dans un récit plus long, ou être
le point de départ d’autre chose… mais ce sont toujours les histoires un peu
magiques, un peu nostalgiques, un peu désespérées de la condition indienne
aujourd’hui aux Etats-Unis : un destin tragique et sans espoir. Des héros
de légende, des tribus fières et droites, des savoirs infinis et un présent
minable et bouché. A qui est-ce la faute ?
Les
hommes sont englués dans un alcoolisme qui facilite l’oubli, les femmes
obnubilées par leurs histoires ancestrales dont elles ne peuvent ou ne veulent
se dépêtrer… Aucun ne s’en sort mais la magie opère, même si certaines
histoires sont difficilement compréhensibles par tout un chacun, qui ne connaît
pas le quotidien dans les réserves.
Tout
n’est pas terminé cependant, puisqu’il reste l’humour et la capacité à rire de
soi :
« Nous ressemblons beaucoup
aux morts, me dit Mary, sauf que nous avons l’usage de nos sens.»
« Ca me rappelle Tol Bayer,
dis-je. Il y avait chez lui tous les signes de l’alcoolique, sauf qu’il ne
buvait jamais. »
L’écriture
de Louise Erdrich n’est en aucun cas désespérante, c’est juste qu’on ne voit
pas comment ils pourraient s’en sortir, entre deux mondes dont aucun ne leur
correspond vraiment et dont ils sont systématiquement rejetés, sauf à perdre
leur âme ou leur identité. Exilés sur leurs propres terres. C’est pas tout à
fait la même chose.
Les
personnages sont bien campés là, filles et garçons, empêtrés dans leurs
contradictions, dans l’aujourd’hui et l’hier, sans aucun lendemain. Chaque
nouvelle s’arrête ainsi : sur le bord de quelque chose qui n’arrivera
jamais, on l’a compris. Encore moins de possibilités de repêchage que dans ses
romans, qu’il faut pourtant lire, pour enfin savoir qu’un autre monde de
connaissances existe, dont on n’imagine même pas les contours.
Celle que je préfère est sans nul doute l'avant dernière nouvelle "Baise Kayla, et t'es mort". Une histoire qui penche, qui bascule, d'un côté ou de l'autre sans jamais se décider. Un souffle léger, des pas timides, la vie qui s'approche, les choses telles qu'elles sont en toute simplicité. Nous sommes tous des Indiens.
Celle que je préfère est sans nul doute l'avant dernière nouvelle "Baise Kayla, et t'es mort". Une histoire qui penche, qui bascule, d'un côté ou de l'autre sans jamais se décider. Un souffle léger, des pas timides, la vie qui s'approche, les choses telles qu'elles sont en toute simplicité. Nous sommes tous des Indiens.
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