vendredi 3 mai 2013

Aïe ! Mon nez !


Anesthésiée par un rhume persistant, j’ai eu envie d’une lecture opportune : Gogol n’avait-il pas écrit « Le Nez », histoire à se tordre, en forme de pied de nez à la critique et à la censure puisque l’auteur lui-même finit pas s’exclamer : « ce qu’il y a de plus étrange, de plus extraordinaire, c’est qu’un auteur puisse choisir de pareils sujets… ». De fait, ce nez - ou plutôt cette « absence » de nez puisqu’il s’agit bien d’une disparition, fort heureusement temporaire - n’est plus à sa place un matin, réapparaît dans le petit pain tout chaud préparé pour le petit déjeuner du barbier puis réapparaît, après avoir été jeté dans la Néva d’en haut du pont, en habit devant son propriétaire, le major Kolianov, qui ne trouve rien d’autre à faire qu’à lui courir après dans tout Pétersbourg pour finir par se réveiller le lendemain avec son nez à sa place.
La ville de Pétersbourg, justement, est le décor du recueil de nouvelles d’où est tiré Le Nez. Mais Gogol n’en décrit rien ou presque : des rues sombres, des lampadaires faiblards, des façades richement éclairées ou d’autres tristes et boueuses. La perspective Nevski, qui fait l’objet d’une nouvelle (et d’une adaptation en BD chez Paquet - 2005 – Tommy Redolfi), est vue de manière double, mais en fait bien plus diverse encore : vue du peintre trop rêveur qui finit par se tuer d’amour déçu, vue du lieutenant que rien n’atteint, même pas l’humiliation amoureuse qu’il oublie aussitôt, vues diverses de ceux et celles qui la parcourent en tous sens, selon les heures du jour ou de la nuit.
Les autres récits sont tous de la même veine : des histoires un peu fantastiques, un peu fantasmagoriques, avec des personnages hauts en couleur et des petits fonctionnaires miteux. Ca faisait longtemps que je ne m’étais replongée dans la littérature russe, qui d’emblée vous entraîne dans un univers entre réel et rêve, sans jamais choisir.
« Vous aurez beau dire, des aventures comme cela arrivent en ce monde, c’est rare, mais cela arrive ».
Gogol – Nouvelles de Pétersbourg – Folio classique

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