dimanche 1 septembre 2013

au British Museum, la Grèce


Au fil des chemins tortueux, des routes pentues, des sentiers caillouteux de toute la Grèce, on peut trouver des vestiges de la civilisation antique, aux pierres si méconnues mais aux dieux encore tellement vivants. Pour concevoir cette antiquité, lorsqu’on n’est pas spécialiste, un bon guide qui raconte bien est nécessaire. Car réussir à remonter le temps devant quelques colonnes encore debout et une statue sans tête mais encore drapée dans sa toge n’est pas donné à tout le monde. Et imaginer la splendeur passée de Démeter devant des blocs de pierre alignés, même nombreux, n’est pas chose évidente.





Alors il reste les musées, ou l’Acropole et ses vestiges aux noms prestigieux. Le site entier de l’Acropole, incluant l’agora grecque (si on arrive à temps pour visiter), son musée flambant neuf et jusqu’à l’Olympion peut encore faire rêver malgré les ruines, l’érosion, l’abandon. 

Un fantôme de théâtre garde encore quelque chose de Dyonisos ; de multiples statues de Poséidon conservent leur puissance ; les divers Apollons leur splendeur, malgré l’isolement de chacun. On n’a aucune idée de l’ensemble, sauf qu’on se sent tout petit devant ces portes immenses, ces colonnes de temples colossaux, ces portiques élancés. On se souvient à peine des enseignements sur la Grèce antique, civilisation fondatrice et comme on n’a pas fait de grec ancien, on tente de rassembler le peu de racines des mots qui nous restent. Bref, on reste assez loin de l’Histoire.
Le tout nouveau musée de l’Acropole aurait pu réussir à la faire revivre. Le tour de force est réel, d’avoir reconstruit à l’identique – mis à part les dimensions des colonnes – le Parthénon dans son ensemble, pour que le visiteur comprenne enfin ce que voulait dire la puissance grecque et la vénération des dieux, Zeus et Athéna au tout premier plan. On tente de recréer la magie des lieux, on essaie de rêver aux morceaux absents, détruits ou volés. Car voilà qu’au détour d’un commentaire, on apprend le pillage général. Que les Grecs aient construit leurs nouvelles habitations avec les pierres des anciens sites, passe encore, qui n’a pas fait de même ? Mais qu’un Lord Elgin, 7ème du nom, détache et emporte allègrement la plus grande moitié du portique est du Parthénon, en vue de faire fortune une fois rentré dans son Angleterre natale, alors ça non, ça ne passe pas.
Lorsqu’on a fait tous ces kilomètres, lorsqu’on a enfin monté toutes ces marches, lorsque nos yeux se posent enfin sur les caryatides tant attendues, on ne veut que croire ce que voient nos yeux.
Or oui, celles qui sont dehors, exposées au vent, sont des copies. Soit, la copie est bien faite et on n’y voit goutte, d’ailleurs on ne les voit que de loin et même les copies ont droit à des machines moches qui mesurent l’humidité et dieu sait quoi encore pour ne pas qu’elles soient abîmées ; c’est dire la valeur des copies. Alors on se console en allant voir les originales, gardées à l’intérieur, hors contexte, comme un trésor. Et là encore, on apprend que la sixième caryatide, celle qui fait de l’Erechtheion l’un des plus beaux vestiges debout, se trouve… au British Museum, à Londres. Grâce au fameux Lord, qui, s’il n’a finalement pas fait fortune, a fait celle de la capitale anglaise : après avoir fait la fine bouche, elle a pu racheter la totalité des vestiges rapportés, à bas prix et pour sa plus grande gloire, juste après la pierre de Rosette.
Franchement, on aimerait bien que les Anglais rendent à la Grèce la sixième caryatide, et puis aussi la tête de cheval du char de Séléné avec ce qui reste du portique est du Parthénon, les bas-reliefs et tout ce que Lord Elgin a emporté sans vergogne. Leur vraie place est au nouveau musée de l’Acropole, aux côtés de tout ce qui y est exposé.
 







Il paraît que la tendance, dans les pays ex colonisateurs, est enfin à rendre aux pays ex colonisés leurs trésors pillés lors de longues années d’explorations dévastatrices. La France aurait récemment rendu une tête de chef kanak à la Nouvelle Calédonie indépendante, après des années de tergiversations, de recherches dans les inventaires oubliés, et autres négociations hautement diplomatiques. Alors, la sixième caryatide en cadeau d’inauguration du musée de l’Acropole, ça serait un sacré symbole de solidarité européenne, non ?

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