J’étais partie ce vendredi soir pour
écouter un opéra « mineur » de Giuseppe Verdi, I due Foscari, une
sombre histoire de Doge vieillissant et de son fils condamné à l’exil pour un
crime qu’il n’aurait pas commis. Un exil en Crète, à l’époque c’était dur,
aujourd’hui, ce serait des vacances… Des patriciens obscurs, une femme éplorée
et un traître ayant juré la perte de la famille Foscari complétaient le
tableau. Livret léger, personnages falots, bon mais c’était quand même Verdi.
Les voix étaient assez belles ; le chœur soutenu et l’orchestre du
Capitole égal à lui-même. La mise en scène… absolument inexistante, un néant
intégral, je me demande encore comment les chanteurs s’en sont sortis. Peu
importe, c’était une soirée agréable quand même. Et le traître conspirateur
était méchant à souhait, en plus il gagne à la fin puisque tout le monde meurt
ou presque, sauf lui, bref une tragédie dans toute sa splendeur.
Au tomber de rideau final, tout le monde
vient saluer et là ô surprise, le public, jeune, inhabitué, inhabituel,
spontané en tout cas… siffle le « méchant », qui en a été tout
étonné. Il y avait de quoi : comme à Guignol où les enfants hurlent :
« Il est là ! Le gendarme est derrière toi ! » dans un
chahut épouvantable, ce public montrait son mécontentement au personnage (et
pas au chanteur, tout à fait correct et qui est sûrement très gentil dans la
vie) qui jouait le traître, parce que sur scène, il avait détruit le bonheur d’une
famille innocente. Dans mon for intérieur, j’ai pensé : heureusement qu’on
ne jouait pas Otello, ils auraient fini par lyncher le baryton qui chante Iago…
Ces petites surprises de la vie qui
amènent des sourires inattendus, sont des petits bonheurs qu’on garde au chaud dans
sa mémoire. On les garde, comme des
petits cailloux qui jalonnent les étapes de la vie.
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