- à 20 ans tu
n’écoutais pas du hard rock en te droguant ?
- non, à 20 ans
j’écoutais Don Giovanni en me pâmant
Un
ballo in maschera est un
des opéras de Verdi les plus attachants, d’une part parce que l’ambiance est
plutôt gaie même si l’histoire est cruelle ; d’autre part parce qu’on y
retrouve les prémisses de grands airs futurs du roi Verdi : Otello,
notamment (début de l’acte III). Un brouillon en quelque sorte.
La production du moment au théâtre du
Capitole à Toulouse a attiré les foules, ce n’est pas si souvent que l’on joue
ici un opéra connu de Verdi.
J’y ai trouvé l’orchestre et les chœurs
très professionnels, un ton au dessus du reste, malgré une direction assez
plate. Les solistes tenaient leur registre mais sans plus, avec un Oscar impeccable et virevoltant. Les autres n’avaient pas assez de présence, comme s'ils n’y
croyaient pas complètement. On peut les comprendre : il n’y avait quasiment ni décors ni
mise en scène, assez statique (mais alors pourquoi ces longs
changements de tableaux ?) ou incompréhensible (une Ferrari rouge
téléguidée passant entre les jambes des personnages… ?) alors que la scène
chez Ulrica la sorcière devrait être flamboyante. Il y a quand même eu
d’excellentes idées. Notamment celle de situer Riccardo, le comte, en dehors du cadre, au sens propre comme
au figuré. C’est en effet une représentation et le personnage central n’en est
pas l’acteur, plutôt le spectateur. Comme un Roi soleil, il est au dessus de
tous les autres, toujours à part, habillé de satin scintillant au milieu de
ceux habillés de noir, semblables. La lumière est celle encadrant les miroirs
des loges d’acteurs. Sa mise en valeur est ainsi assurée et sa personnalité
trouble rehaussée. Il se regarde faire son numéro et s’agiter les autres, sans
être particulièrement passionné par ce qui se passe. Les autres personnages,
Amelia, Renato, nous ressemblent, avec
nos pauvres inquiétudes, notre humanité quotidienne. Riccardo ne peut se
mélanger à eux, c’est un météore fulgurant.
Je ne résiste pas à vous faire partager
certains commentaires de spectateurs :
Elle : mais c’est débile, l’histoire
Lui : oui, c’est toujours un peu neu
neu
Elle : il est long le 3ème
acte ?
Lui : bah 40 mn à peine, le temps
que tout le monde meurt
Ce qui résume assez bien l’Opéra, art
complet, fait d’abord pour le chant et la musique… le reste finalement n’a que
peu d’importance. Et la magie du génie musical de Verdi opère toujours.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire