mardi 7 octobre 2014

Un bal masqué... sans fards



- à 20 ans tu n’écoutais pas du hard rock en te droguant ?
- non, à 20 ans j’écoutais Don Giovanni en me pâmant


Un ballo in maschera est un des opéras de Verdi les plus attachants, d’une part parce que l’ambiance est plutôt gaie même si l’histoire est cruelle ; d’autre part parce qu’on y retrouve les prémisses de grands airs futurs du roi Verdi : Otello, notamment (début de l’acte III). Un brouillon en quelque sorte.
La production du moment au théâtre du Capitole à Toulouse a attiré les foules, ce n’est pas si souvent que l’on joue ici un opéra connu de Verdi.
J’y ai trouvé l’orchestre et les chœurs très professionnels, un ton au dessus du reste, malgré une direction assez plate. Les solistes tenaient leur registre mais sans plus, avec un Oscar impeccable et virevoltant. Les autres n’avaient pas assez de présence, comme s'ils n’y croyaient pas complètement. On peut les comprendre : il n’y avait quasiment ni décors ni mise en scène, assez statique (mais alors pourquoi ces longs changements de tableaux ?) ou incompréhensible (une Ferrari rouge téléguidée passant entre les jambes des personnages… ?) alors que la scène chez Ulrica la sorcière devrait être flamboyante. Il y a quand même eu d’excellentes idées. Notamment celle de situer Riccardo, le comte, en dehors du cadre, au sens propre comme au figuré. C’est en effet une représentation et le personnage central n’en est pas l’acteur, plutôt le spectateur. Comme un Roi soleil, il est au dessus de tous les autres, toujours à part, habillé de satin scintillant au milieu de ceux habillés de noir, semblables. La lumière est celle encadrant les miroirs des loges d’acteurs. Sa mise en valeur est ainsi assurée et sa personnalité trouble rehaussée. Il se regarde faire son numéro et s’agiter les autres, sans être particulièrement passionné par ce qui se passe. Les autres personnages, Amelia, Renato,  nous ressemblent, avec nos pauvres inquiétudes, notre humanité quotidienne. Riccardo ne peut se mélanger à eux, c’est un météore fulgurant.
 Je ne résiste pas à vous faire partager certains commentaires de spectateurs :

Elle : mais c’est débile, l’histoire
Lui : oui, c’est toujours un peu neu neu

Elle : il est long le 3ème acte ?
Lui : bah 40 mn à peine, le temps que tout le monde meurt

Ce qui résume assez bien l’Opéra, art complet, fait d’abord pour le chant et la musique… le reste finalement n’a que peu d’importance. Et la magie du génie musical de Verdi opère toujours.

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