Toute
l’année, à Florence, se pressent des milliers de touristes, qui font la queue
devant la Galleria degli Uffizzi, qui se pressent sur le Ponte Vecchio, qui
parcourent les rues entre la piazza della Signoria et le Duomo ;
inlassablement. Pourtant, à Florence comme ailleurs, même dans le quartier
historique, il suffit de prendre une rue parallèle pour se retrouver seul, de
passer l’Arno sur le pont suivant pour se sentir presque italien, de laisser le bus vous conduire à son
terminus pour découvrir des endroits inattendus :
⇧Il y en a au moins une au coin de chaque Duomo de Toscane, hilare, curieuse, gaie, une vache qui vous regarde en meuglant, qui vous surprend au détour d'une rue, qui vous laisse perplexe.
← Signes cabalistiques, entrelacs de marbres colorés, labyrinthes de pierre, il faut prendre le temps de regarder chaque pan de mur, de tous côtés, il faut lever les yeux et scruter les voûtes et les plafonds, sinon, on ne voit rien...
Les yeux se lassent, certes, il y en a tellement à voir. On pourrait y passer ses dimanches.
Les yeux se lassent, certes, il y en a tellement à voir. On pourrait y passer ses dimanches.
Une ville inondée, c'est une catastrophe. Mais Florence inondée, je vous laisse imaginer l'ampleur... des fresques vieilles de plusieurs siècles qui tombent en lambeaux, les réserves des musées toutes mouillées, des chefs d'oeuvres par centaines à restaurer... Les cloîtres envahis, les églises pleines d'eau. 1844, 1966, il y a encore des traces, sur les murs, et dans les souvenirs. On pense qu'aujourd'hui on a tout mis en sûreté. Mais qui peut être certain de l'Arno, qui paraît pourtant calme et indifférent par rapport aux flots de touristes ? ➮
⇧ Loin de la foule, les italiens vivent : dans le quartier San'Ambrogio, outre l'église et ses trésors, il y a des puces, des drôles de casemates sur la piazza, où sont entassés des objets anciens, des objets sans valeur aucune, sauf pour le collectionneur, des vieux miroirs et des chemises en lin. Tout cela n'a pas de prix. Sauf si vous êtes intéressés...
⤆ Des piaggio... il y en a partout mais il faut attraper l'appareil au vol pour pouvoir les photographier, tant ils se faufilent vite dans les ruelles. Plus florentins que les scooters, ils servent à tout, passent partout. Certains sont rutilants, d'autres en plein délabrement mais en tout cas toujours pétaradants... J'en ai attrapé un seul en mouvement, une chance !
Certains vivent sous les ponts... d'autres au dessus. La face cachée des hauts lieux touristiques est parfois très curieuse. Les locataires en tout cas n'étaient sûrement pas nés lors des dernières crues, ou alors ils ont l'oubli facile. Et je n'aimerais pas être à leur place lors des tempêtes d'hiver. Y a t'il encore des poissons comestibles dans l'Arno ? ➮
⇧ Oui c'est un chef d'oeuvre, admiré de tous. Mais on ne peut s'empêcher de se dire, en voyant le geste de Joseph, qu'il se dit : bon dieu mais qu'est-ce que j'ai fait ?! Effectivement, s'il avait su le quart de ce qui allait arriver... d'un autre côté, on ne lui a pas vraiment demandé son avis et tandis que chacun, boeuf, âne, rois mages et bergers se prosternent et adorent ce bébé joufflu, lui sent bien qu'il y a quelque chose de pas net dans tout ça, mais trop tard.
La nuit aussi, David reste sur la place. Il est immobile, son regard fixé sur les Uffizzi. Neptune, qui le regarde de travers, profite peut être que personne ne le voit pour jeter un oeil sur les fenêtres éclairées et ouvertes de la Salle des Cinq Cents du Palazzo Vecchio où, pourquoi pas, Monsieur le Maire reçoit ou le Conseil municipal délibère, chi sà ?
Oui, le diable est partout, sur le plafond doré du Baptistère comme caché dans de vieilles ruelles pavées où se tiennent encore des échoppes monstrueuses où on vend de tout et de rien, surtout de rien, de toutes manières il n'est pas question d'y acheter quoi que ce soit car on ne comprend ni ce qui est affiché ni les prix ni même ce que marmonne le vendeur, du fond de son magasin et qu'on a, au fond, un peu peur de lui demander quelque chose. ⬇︎
⇧Dans la chapelle des Espagnols, à Santa Maria Novella, on se prend à partir vers de lointains rivages : tout est orné de fresques, tout est peint et on n'aurait pas assez d'une journée pour tout détailler. Alors on prend des photos, assis sur les bancs de pierre. Et on rêve...

⇧Au Moyen-Age, il y avait déjà les palazzi et autres bâtiments. Mais si d'un côté les nobles se faisaient percer des finestrelle, fenêtres à hauteur d'enfants afin d'éviter d'avoir à les porter pour qu'ils voient eux aussi le popolo passer plus bas sur les pavés, les gens du peuple, eux, se faisaient en douce passer du vin par les taverniers. C'était interdit, soit, alors on perçait des petites trouées dans le mur, une bocca da vino, avec porte en bois à laquelle il suffisait de cogner pour la faire s'ouvrir : la pièce passait de main en main et la flasque aussi, à l'envers. Ni vu ni connu, j't'embrouille et tout le monde était content. Certaines bouches sont encore visibles, parfois même entretenues mais plus utilisées.
Pour finir, il ne faudrait pas penser que l'Italien ne sait pas se moquer de lui-même, de son pays et de toutes ces choses merveilleuses que le monde entier se presse pour aller voir. Non, l'Italien sait se moquer tout en gardant un sens artistique certain. Ces peintures satiriques des chefs d'oeuvre parsemèrent notre séjour florentin. Resteront-elles aussi longtemps que celles de leurs ancêtres ?
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