jeudi 12 mars 2015

Fragments d'expositions (3)

 Luxe, calme et volupté(s), c'était bien le contenu de ces trois petits jours parisiens, pluvieux mais merveilleux :

Des sous-sols aux combles, on peut désormais arpenter le musée Picasso dans toutes ses largeurs et sa grande longueur. On peut même s'y perdre, aller à contre courant ou se retrouver isolé... Le parti pris de l'accrochage est un peu déroutant au début (plutôt par thématique) mais au final comme on s'y perd, cela n'a pas grande importance. On peut y aller pour les tableaux ou oeuvres célèbres (Le portrait de Dora Mar, un des seuls Picasso colorés que j'apprécie ; la chèvre, devant laquelle je reste toujours pantoise) ou on peut découvrir, par le biais des dessins de nus numérisés et projetés à la file, la rapidité de la main, du crayon qui capte une courbure, un pied, un oeil, un mouvement ou une position d'un seul trait. Et puis il y a toujours et encore des découvertes, même pour un artiste tel que lui que tout le monde croit connaître. Ce jour là, j'ai été fascinée par La femme à l'oreiller, sorte de cariatide noire et blanche, si simple, si belle. Certainement il faudra encore y retourner.

Comme découverte, il y a aussi ce grand navire toutes voiles dehors, la Fondation Vuitton, tout neuf, tout beau, tout blanc et encore un peu vide malgré un grand Giacometti et une expo temporaire toute pleine de faux semblants. Des miroirs dans le noir, des lumières trompe l'oeil, des jeux d'ombres et de lumières assez déroutantes, parfois drôles d'Olafur Eliasson, dont je retournerai voir d'autres oeuvres, si j'en ai l'occasion. Un artiste à suivre.






J'ai enfin pris le temps de faire un petit détour au Musée Dapper où était exposé l'art de manger, art primitif mais ô combien voluptueux, de l'enfant qui tète sa mère aux pratiques peut être cannibales (mais n'est-ce pas la même chose ?) dont on préfère ne pas entendre les sombres histoires, même fausses. Marmites en bois, cuillères géantes, plats collectifs, l'art de faire à manger se retrouve dans toutes les civilisations (oui bon, peut être pas en Angleterre, d'accord).

Pour finir, nous avons été à Paris visiter une expo sur... Paris. Paris au futur mais dans le passé. Je m'explique, c'est comme dans Jules Verne : c'est du passé mais c'est une vision du futur. Le futur du passé c'est ce qui ne s'est pas produit : des bâtiments mouvants et géants impossibles à vivre, une Tour Eiffel enserrée dans quatre arcs blanc pour les visiteurs à pied, des métros à fil, un grand paris qui irait jusqu'à la mer... du neuf ? du vieux ? Tout cela sur fond de bande dessinée : revoir Paris, rêvée par Schuiten. Depuis, j'ai appris que ce nouveau genre, passé dans le futur ou futur au passé, s'appelait en littérature le steampunk. Plein de bouquins sont sortis. On peut les lire avec volupté dans le calme d'une librairie de province.

Après les expos, que faire d'autre à Paris qu'aller au théâtre ? Nous avions choisi "Le Souper", de Jean-Claude Brisville, avec Patrick Chesnais et Niels Arestrup. Un tête à tête entre deux grandes pointures, au passé comme au présent : 1815, la France se cherche entre République et retour d'un Bourbon. Talleyrand, d'un calme olympien, très sûr de lui et de son pouvoir, de son bon sens, de ses droits, de son aristocratie, va mettre un peu plus d'une heure à convaincre un Fouché plein de fougue et de morgue qui se positionne en faveur de la jeune république. C'est Fouché qui lâchera car l'un n'est rien sans l'autre et vice versa. Ce n'est pas une histoire vraie mais vraisemblable pour des hommes de pouvoir tels que ces deux-là. Un Arestrup excellent.
Au revoir Paris et Tour Eiffel, nous reviendrons...




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