...Ou
les souvenirs dont on se souvient… ? Dans le film de Sarah Polley (vous
vous souvenez d’elle ? La petite fille qui s’accroche aux basques du baron
de Münchausen dans le film fantastique de Terry Gilliam que je vous encourage
vivement à voir ou revoir) – stories we
tell – il est question d’histoires d’enfance, racontées par les enfants
devenus grands et dont les souvenirs ne se raccordent pas… Si vous avez des
frères et sœurs, faites donc l’expérience : demandez-leur de raconter un
morceau de vie que vous avez partagé… et vous vous rendrez vite compte que vous
n’avez pas vécu le même instant, pas vu les mêmes choses, pas entendu les mêmes
mots, pas compris ce qu’il fallait comprendre. Sarah le dit : ce film
permet aux spectateurs de se réapproprier leur propre histoire, sans que la
sienne, racontée pourtant de manière très personnelle et intimiste, obère cette
recherche miroir. Elle est juste un déclencheur et c’est très important. Il
faudrait que chacun écrive son histoire, mais personne n’a vraiment envie, ou
le courage, de le faire. Car bien entendu, tout n’est pas toujours rose, lorsqu’on
remonte dans ses souvenirs et l’image qu’on garde de certaines personnes ou de
certains moments s’en retrouve souvent ternie. Mais ça peut aussi faire
grandir, faire prendre conscience que la vérité n’est pas une, mais multiple.
Et qu’on ne connaît vraiment personne, même proche.
Les
films de cet ordre sont rarissimes car trop souvent l’histoire racontée prend
toute la place et n’en laisse aucune à nos sentiments. Ce film est
une histoire réelle mais il est entièrement artificiel, tourné avec des acteurs
professionnels, pimenté de vraies fausses vidéos amateur, certainement réalisées
à partir de vraies photos, qu’on ne nous montre pas. Il ne faut pas être fâché
avec son enfance pour tourner un tel film. Il ne faut pas être fâché avec son
enfance pour montrer chaque membre de sa famille avec tant d’amour, tels qu’ils
sont et pas tels qu’on voudrait qu’ils soient. Et ce n’est sûrement pas un film
facile, pour Sarah, pour ceux dont elle raconte l’histoire, pour nous, spectateurs
malgré nous d’une histoire pas si unique que ça.
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