Pourquoi
donc n’a t’elle pas autant de reconnaissance qu’au bon vieux temps des Brel,
Brassens et Ferré ? Parce qu’elle passe mal à la télé. Elle dérange,
souvent, elle provoque parfois, elle a surtout une langue soutenue qu’il faut absolument
écouter sans faire autre chose. Et puis souvent, la mélodie qui l‘accompagne
n’est pas le plus important de ces 3 minutes. Elles racontent une histoire et
en un laps de temps si court, il faut bien être attentif pour comprendre le
premier et aussi le second degré.
Tant
pis si ce n’est pas à la mode. Tant pis si les noms que l’on cite sont souvent
méconnus du citoyen lambda. On les entend quand même parfois à la radio,
rarement car ce type de texte passe mal entre deux publicités. Le discours n’est
pas conventionnel, il est en révolte, à la marge, une « marge
efficace » (José Arthur).
Le
public est souvent fidèle en « live ». Le public connaît souvent les
paroles de toutes les chansons par cœur. C’est parfois pénible mais ça veut
dire que les disques sont très écoutés à la maison. Messieurs les ingénieurs du
son, si vous pouviez vous décider à mettre la parole en valeur plutôt que tout
mélanger en un magma incompréhensible, soupe où rien ne passe, ni les mots, ni
la truculence de la langue, enveloppée, noyée dans des décibels inutiles. Le
public, messieurs, vient pour ces paroles, bien moins pour le reste. Je suis
allée récemment à deux concerts, l’un d’un chanteur que je connaissais bien,
l’autre que je ne connaissais pas du tout. Hé bien le résultat a été le
même : je n’ai rien entendu, rien compris, rien retenu sauf que plus le
son est fort moins on sert la chanson à texte. Messieurs les chanteurs, les
interprètes, les auteurs, révoltez-vous contre cette domination du décibel
déplacé, quelle que soit la salle. C’est bien votre texte et votre manière de
le dire le plus important, pas la musique qui n’est là que pour appuyer,
accompagner. N’appelait-on pas un temps les quelques musiciens qui jouaient
derrière le chanteur (un seul pianiste parfois) les « accompagnateurs » ?
Mon
adolescence a été rythmée par les chansons de Jacques Brel, puis Henri Tachan.
Un peu plus tard, Allain Leprest, faiseur de textes en dentelle, les a
remplacés. Ses chansons sont très belles, d’une écriture ciselée. Dans un
registre un peu plus accessible, Francis Cabrel et Thomas Fersen. En enfin une
femme qui a porté la parole féminine au sein des salles de spectacle, Lynda
Lemay. J’en reste là mais il y en a encore d’autres, que je connais, un peu, ou
pas. Certains font une grande carrière, comme Jacques Higelin ou Claude
Nougaro, d’autres une toute petite comme Chantal Grimm ou Mouron. Peu importe,
ils nous apportent tous du bonheur, durant ces quelques petites minutes où on
est accrochés, portés, émus par leur voix et leurs paroles.
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