J’avais
déjà pas très envie d’aller au Japon, malgré toutes les choses à y voir,
certainement très belles et dépaysantes. Après avoir lu Tokyo de Mo Hayder
(Presses de la Cité – 2005), sorte de polar noir, très noir, très angoissant et
quasi répugnant, même les cerisiers en fleurs ne me font plus envie…
De
drôles de personnages, jeunes et désaxés ou vieux et malades dans tous les sens
du terme. Des bicoques désossées liées à on ne sait quel passé, des clubs où de
jeunes femmes tiennent compagnie aux hommes sans que jamais le sexe vienne s’y
mêler. Des hommes-femmes pleines de méchanceté, des yakusas prêts à tout pour
survivre et puis aussi un vieux faux professeur chinois en sociologie en quête
de rédemption, qui rencontre son alter ego en la personne d’une jeune fille
anglaise en quête de vérité.
Cette seule rencontre est le plus intéressant,
deux êtres si éloignés et pourtant si proches par leur histoire intime et leur
part secrète, commune. Une histoire de bébés ignorants et sacrifiés. Une
histoire qui finit pourtant assez bien, puisque « l’ignorance n’est pas la même chose que le mal » et que
la jeune anglaise trouve ce qu’elle est venue chercher : une histoire bien
réelle, un pan du passé, le massacre de la ville de Nankin qui hante les
esprits encore vagabonds par delà les années qui passent et l’étouffement des
souvenirs.
Les vieilles croyances mises à mal, la foi en la nature humaine à
jamais disparue, chacun retrouvera finalement sa place à la fin de cette
« sale histoire ». Juste une petite déception cependant :
l’auteure ne nous dit pas si l’héroïne finit par l’écrire cette lettre, à celle
qui finalement la sauve en lui demandant : promettez-moi qu’un jour je recevrai une lettre de vous. Une jolie lettre,
qui me dira que vous êtes heureuse. Ecrite par vous, dans un autre pays, où
vous serez en sécurité. Loin de Tokyo et de toute cette boue inhumaine. A
nous d’imaginer d’où elle va l’écrire…
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