samedi 16 décembre 2017

houx, gui, boules et paquets

Le décompte a démarré...
           Chacun s'est mis à décorer
                                                                                           Quand Noël sera passé
                                                                                                      Qu'on aura tout déballé
                                                              
Il sera temps de se réveiller pour affronter la nouvelle année !

mercredi 22 novembre 2017

une hirondelle de plumes et de plomb

Une soirée à l'opéra - La Rondine

Toujours un régal. Cette oeuvre méconnue et rarement jouée de Puccini est moyennement appréciée, selon ce qu'on y trouve, ce qu'on veut y découvrir. Pas beaucoup d'airs, une histoire un peu légère, sans vraiment de surprises. Du théâtre, oui. De l'opéra, peut-être, mais il manque le drame. D'ailleurs, il s'agit d'une comédie lyrique, en fait et on est bien loin de Tosca et de Turandot. Mais au moins, pas besoin de mouchoirs...
Décors riches et soyeux (de Frigerio, quand même), costumes des années 30, mise en scène sans grande créativité non plus. J'ai eu plus de mal avec la direction d'orchestre, qui me semble t-il n'était pas en faveur des chanteurs, un peu brouillon. Ceux-ci, un peu à l'image de cette comédie, tiennent leur rôle, mais sans éclat.
Ce qui est le plus intéressant dans cette histoire, c'est pourquoi Magda finalement renonce à la vie, amoureuse peut-être, avec son soupirant, mais ô combien ennuyeuse ! Car la seule chose qu'il peut lui faire miroiter comme avenir, c'est rentrer sagement faire des enfants chez les beaux-parents !! Elle qui est partie de chez sa tante très jeune pour courir les rues de Paris ! On peut comprendre ses doutes... La bague au doigt ne l'émeut guère et passer des heures auprès de parents qu'elle n'a jamais eu dans une petite ville de province, au lieu de folles nuits parisiennes, encore moins. C'est vrai, les nuits de folies parisiennes ne sont pas toujours si gaies que cela, surtout si on y est seule, sans soutien, sans protection, sans argent. Mais au moins, on peut faire semblant de s'amuser, alors qu'entourée de 3 mouflets et d'une belle-mère, c'est plus difficile.
Je ne vais pas me faire des ami(e)s auprès de ceux qui ne jurent que par la famille et la femme au foyer, mais en fait, je vois dans cette hirondelle un rejet du mariage et de ses obligations. Oui, je sais bien que la vie d'une femme entretenue - puisqu'à l'époque les choix des femmes étaient assez restreints - n'est pas forcément plus libre, mais au moins, elle a le choix de ses amants... On se contente de ce qu'on peut et un semblant de liberté vaut mieux que pas du tout.
Chacun donc peut y trouver son compte, ses propres choix, ses fantasmes, tout en se régalant de couleurs, de musique, de danse, pendant deux petites heures. Un havre de rêves, une parenthèse chaleureuse au cours d'un novembre particulièrement brumeux.
C'est bien pour cela que l'on va au théâtre, non ?


Théâtre du Capitole - Giacomo Puccini - La Rondine - nov 2017.

dimanche 12 novembre 2017

recette pour soirée baroque

Comment réussir à égayer une soirée de 11 novembre pleine de grisaille et de pluie ?


Accueillir chez soi sans peur ni reproche un duo chant et cistre
Installer au salon les luths et autres théorbes moyennâgeux
Disposer une vingtaine de chaises en méli mélo de concert
Laisser venir le public, invités choisis ou amenés par hasard
Et laisser agir le charme...

Accompagnés de mélodies à cordes sans plug-in,
Les chants de la cour des rois de France ou d'Espagne
Nous plongent dans le ravissement, l'étonnement
Ils sont drôles, malins, ironiques ou tendres
Et nous entraînent bien loin...

Un voyage dans le temps, musical et parolier
Des minutes arrachées au quotidien si pesant
D'où l'on ressort avec ce petit sentiment
Qu'on devrait faire ça plus souvent !
Une bien bonne idée...


Duo Bellezza - Valérie Loomer, Gédéon Richard
merci aux hôtes et aux artistes


dimanche 22 octobre 2017

Trésors d'automne

En sortant nous balader, nous avons rencontré
des tas de choses diverses et variées
Pendant que l'on cheminait
nous avons aperçu des pêcheurs à Parayré
mais point de Martin ni de chaudronniers
ils avaient fini de travailler...
D'autres rencontres nous ont attiré :
Un château d'eau en pyjama rayé
et un autre sans chapeau, avec hublot
Un lac sans héron cendré
et à moitié asséché
où l'on s'est reposé
Des chênes feuillus et touffus
d'où tombaient des glands par poignées
Un gué qu'il nous a fallu passer à pied
avant d'autres passages facilités






 

Un rude panneau d'avertissement
sur un chemin calme et ombragé


Une église ocre au clocher pointé
collée à l'école Jules Ferry, pourquoi se gêner ?

La séparation de l'Eglise et de l'Etat
se faisant par un petit sentier d'écolier

Des granges sans paille ni blé
aux toits très hauts et élancés
Ouvertes aux quatre vents d'autan
Des champignons crémeux et mordorés
Qu'en sautant par dessus les fossés
Il a fallu se décider à emporter
Un mur de petit cyclope
cailloux et briques mélangés
ça nous change du béton armé

Un champ de tournesols ogm, bio ?
encore en fleurs, qui tournaient
Et toute la journée :
Un soleil de majesté


randonnée sur Ste Foy de Peyrolières - 31







lundi 9 octobre 2017

mon frigo est vide et mon cerveau aussi


C’est dimanche. Je me réveille lentement, me sors d’un rêve en blanc et noir. Pas comme un film, pas comme « La dolce vita », non, un rêve sans couleurs, un univers de labo photo mais sans la petite lumière rouge ni même l’odeur des produits de développement.

C’est dimanche. Je le sais à cause du bruit : il n’y en a pas. Chacun est dans ses draps blancs, ou dans ses idées noires, c’est selon. Je n’ouvre pas les yeux. J’écoute ce silence, ces murmures ouatés qui parviennent quand même à s’infiltrer jusqu’à mes oreilles.

C’est dimanche. Ma taie d’oreiller est blanche, je le sais car elle n’a pas le même poids, la même odeur que les taies teintes. Les taies tintent, tiens, ça me fait sourire mais je garde encore les yeux fermés. Une lumière blanche s’insinue sous mes paupières et me souffle que le matin a déjà commencé.

C’est dimanche. Je m’imagine entrain d’écrire ce que je suis entrain de penser, je vais le faire dès que je serai réveillée, assise au bord du lit. J’écris car je ne sais pas dessiner. Ce n’est pas grave puisqu’au bout je brûle tout, le papier blanc et l’encre noire. Le papier devient noir en brûlant et se recroqueville, laissant l’écriture comme des traînées blanches sous la suie.

C’est dimanche mais la lumière devient trop forte et mes paupières s’ouvrent toutes seules. La nuit est finie, la nuit noire est partie, c’est la lumière blanche qui paraît, avec la vie, les bruits, les ennuis.
La sonnerie du téléphone a retenti. Comme d’habitude, je me suis précipitée, j’ai écouté ce qu’on m’a dit, j’ai fermé les yeux et dit : j’arrive. J’ai dévalé les escaliers du vieil immeuble, dévalé les rues qui descendent, qui montent, me suis engouffrée dans le métro, remonté les escalators à pas de course, couru jusqu’aux escaliers de l’Hôtel Dieu pour me retrouver maintenant nez à nez avec ça. Une lointaine musique d’accordéon parvient jusqu’à mes oreilles mais une odeur de vieux pansements me prend soudain à la gorge. Titubante, je me penche sur le parapet blanchi de salissures et vomit sur les mouettes qui s’enfuient en piaillant. Je reste longtemps penchée, attendant que les derniers spasmes s’apaisent. Ma peau est brûlante et froide en même temps. Je dois être verte, pas de peur mais à faire peur. Je me force à ne pas penser au sang, au sang partout pour ne pas me remettre à vomir. D’ailleurs, les mouettes sont revenues et me regardent parfois d’un œil torve. Je fais peur aux mouettes. J’essaie de penser à une île, l’été, le soleil et la chaleur. Pas la peine de m’imaginer là-bas, j’ai beau fermer les yeux, j’ai quand même l’image collée au fond de mon cerveau. Ce groupe de vieillards, réunis pour une petite fête, massacrés jusqu’au dernier, y compris le cuisinier. Le sang dans les soucoupes et dans les tasses à café.

La musique d’accordéon est toujours là, quelque part, faible et lointaine. Personne ne va l’arrêter. Personne ne vient me chercher. Personne ne songe à m’apporter ne serait-ce qu’un verre d’eau. Dans mon métier on en voit d’autres. Dans ma fonction, on est seul devant les morts comme devant les vivants. Ceux qui restent, comme nous, avec des visions d’horreur insurmontables. Est-ce que j’aurai le cran d’y retourner ? Mon estomac se révulse. Pas encore, non. Puis j’entends des voix et des portières qui claquent derrière moi, les lumières tournoyantes des gyrophares bleus, les brancards portés par des infirmiers blasés. 
La mort violente est très chaude tant qu’il y a du sang. Elle devient froide une fois à la morgue, étiquetée, plastifiée. Je ne sais pas laquelle est la pire. Je renifle. Le médecin légiste s’avance vers moi et dit :
-         Bonsoir Commissaire, pas beau à voir, hein ?
Je ne réponds pas. Je viens juste de me décider à changer de métier.

Je reviens enfin lentement à travers les rues désertes. J’aperçois un café ouvert, avec une minuscule terrasse encore au soleil. Je m’y assois pour boire un café, en profite  d’abord pour fermer les yeux et écouter les bribes de conversation des gens qui passent :
 -         mais non on va vers là-bas…
 -         mais il t’a dit qu’il serait là ?
 -         je dormais bien, mais qu’est-ce que je dormais bien… !
 -         tu es toujours en retard !

Je me souviens alors que je dois aller chercher ma fille ce soir à la gare. J’ai le temps. Je laisse le soleil de fin de journée caresser ma peau et mon regard vagabonder sur les hauteurs : j’aperçois des colosses tenant des colonnes sur leurs épaules, des cariatides de chaque côté de mille fenêtres, des portes à grosses serrures et avec d’étranges ferronneries, à double battant, abritant des cours anciennes pavées, des ruelles étroites. Au-delà, vers le ciel, se dresse au dessus d’un bâtiment un boeuf sur le toit.
Qu’est-ce qu’il fait là ? Est-ce le paratonnerre d’un boucher ? Le mot boucher me refait frissonner et je repars. Un scooter me frôle et manque me faire tomber. Un vrai scooter, un vieux, un vespa comme dans les années 70. Le souvenir de mon arrivée dans cette ville me submerge. Ce devait être à la fin du mois d’août. Il pleuvait à verse et des barres de pluie traversaient les bâtiments de brique dont on ne voyait pas le rose. Tout était gris, même l’enseigne longiligne des Nouvelles Galeries et pourtant une lumière jaune et chaude se déversait tranquillement. Le scooter file dans les petites rues, il vire, glisse et revient dans ce centre ville pavé. La visière du casque empêchait de voir les choses clairement et les rendait étonnamment floues. Une seule chose était sûre : cette ville serait la mienne, elle m’enveloppe, m’adopte, me transporte.

Aujourd’hui la lumière du soir est toujours chaude et lumineuse, enveloppante.  Les rues sont toujours roses et grises, mais moins pavées, accessibilité oblige. Je me promène, regarde en l’air et m’empêtre dans une grande bringue immobile sur le trottoir, regardant ses pieds d’un air malheureux. Je les regarde aussi mais n’y voit rien que des souliers éculés sans lacets. Cette place regorge de sans abris, de trafics en tout genres, de flâneurs, de chômeurs en quête de quelque chose qui les changerait de la routine vide de leurs journées, de retraités qui attendent des bus improbables, du genre qui passent entre 15h40 et 16h15 sauf dimanche et jours fériés.  La grande bringue n’a pas bougé. Elle me fait soudain penser à celui qui se promenait toujours dans la Grand rue du village où j’habitais, petite. Il humait le vent, vivait de rien et portait toujours les mêmes chaussures, données par quelque œuvre de charité. Avec ma copine, avec laquelle on se piquait de poésie, on avait même inventé une petite strophe innocente qui nous faisait rire aux larmes à chaque fois qu’on la récitait :

L’idiot du village est empêtré
 Etonné, il regarde ses pieds
 Meurtris par ces chaussures trop
 Petites que quelqu’un lui a données
 Euh… dit-il sans accent
 Chuis pas sûr qu’ce soit un cadeau
 Hébété, il regarde sans comprendre
 Encore pourquoi il ne peut avancer
 Mais soudain quelqu’un passe
 Et lui lance d’un air goguenard
 Non mais t’es crétin ou quoi
 T’as pas vu que tes lacets sont ensemble attachés ?
  
J’en souris encore pareil aujourd’hui, je ne l’ai même pas oubliée, cette petite strophe de rien du tout, que nous avions inventée un soir de pluie pour chasser l’ennui.
Avant de prendre le chemin qui mène à la gare, je vérifie que cet innocent-là n’a pas les deux pieds attachés, non, il pourrait marcher, son hébétude doit avoir une autre provenance, plus liquide. Je le laisse se demander s’il va enfin traverser ou non et me dirige vers le métro lorsqu’une affiche me saute aux yeux : « ce soir, mettez vous en mode vibreur ». Déjà agacée par les conversations impudiques qui m’ont agressé les oreilles tout au long de ma déambulation, je songe qu’il serait encore plus profitable à l’humanité qu’elle se mette en mode silence, une bonne fois pour toutes.

Devant la gare, une foule dense sort et entre dans le bruit incessant des portes coulissantes. Je remarque un Touareg bleu, grand et enturbanné, qui fait les cent pas devant le hall départ et finit par partir avec un ami enfin arrivé.  Mes yeux se lèvent vers le panneau lumineux : 20mn de retard, j’ai bien fait de ne pas me presser. Je lèche la vitrine du marchand de journaux qui affirme qu’un livre de poche, c’est léger dans une valise. Moi je n’ai rien, ni sac ni valise, ni chic ni craquelée. J’attends l’arrivée de ma fille, qui parfois se pose chez moi entre deux voyages, deux reportages, deux amours volages. Telle Icare volant dans les airs, ma fille à 8 ans avait un jour construit ses ailes, bleues avec une armature en fil de fer. Le jour où elle a vraiment pris son envol, elle s’est posée comme un oiseau sur ma main, m’a dit au revoir en soufflant un baiser sur ses doigts, est partie loin de moi. Elle revient pourtant, oiseau migrateur fidèle. Je la vois descendre du train, avec ses sacs de voyages, ses mallettes pleines d’appareils photos et d’accessoires. Je m’approche, la retrouve, l’embrasse. Ma journée commence vraiment.


vendredi 29 septembre 2017

Objets trouvés

Petit jeu de piste, qui vous emmènera aux 4 coins de la Ville Rose, en découvrant au gré de vos multiples pas, des objets saugrenus, incongrus, curieux :

1- Surprise sans vapeur (rue Denis Papin)


2- Hyde Park cloîtré (Musée des Augustins)


3- SOS sur Garonne (Pont Neuf)

4- Miracle enchaîné cause vent d'autan (angle Rue de Metz et Rue du Rempart St Etienne)


5- Le p'tit diable rouge (niche 2 du Pont Neuf)















dimanche 20 août 2017

Fragments du Péloponnèse - Sparte, c'est Byzance !

Sparte, ville totalement insignifiante, ne serait-ce le site de Mystra et sa proximité avec la montagne (le Magne) et avec l'une des pointes sud qui tombe dans la mer : mais au moins, on est dans une ville grecque, sans des milliers de touristes et au coeur de la vie quotidienne et habituelle.
Ne pas oublier d'aller visiter pendant quelques heures le musée de l'huile d'olive, très bien documenté et très agréable. On peut profiter des explications données par les guides qui font tourner au pas de course les groupes, tout en allant à son rythme... J'ai appris des tas de choses sur la fabrication de l'huile d'olive depuis la nuit des temps et sur ce qu'on fait ensuite de la pomace, sorte de purée (du marc ?) qui reste, une fois l'huile vierge recueillie. Du coup, depuis, j'ai un peu de mal à me laver avec du savon... et je n'ai toujours pas compris le mystère de l'amphore, invention qui a bouleversé l'époque alors qu'elle paraît tellement malcommode aujourd'hui. L'homme, de par son inventivité alimentaire, est quand même fascinant. Je reste donc sur ma préférence pour l'huile d'olive vierge par première pression à froid. J'éviterai les autres, tout comme le savon lorsque j'aurai trouvé par quoi le remplacer.
On ne peut pas dire qu'on a vu beaucoup du Magne, région montagneuse aux routes escarpées et aux villages "typiques" c'est à dire où rien ne se passe. Sûrement qu'au printemps cela doit être plus intéressant, car durant l'été on ne peut pas dire que cela nous ait chatouillé les sens. On a quand même passé une bonne demi-journée à Gythio, petit village de bord de mer, très calme et doux, où l'on serait presque resté... à regarder tous les soirs le soleil tomber dans la mer immense.
Et on est monté tout en haut (oui, on a vu l'autre côté) de Monemvassia, drôle de chapeau de roc à escalader, avec traversées de remparts et maisons en pierre, restaurées, par des sentiers étroits et pierreux.
On gravit avec peine jusqu'à la ville haute mais plus on monte plus c'est beau, on a l'impression d'être au sommet du monde (salut les dieux).
 Les chaussures de marche sont indispensables, ainsi que de l'eau, beaucoup, car nul point d'eau dans cette rocaille sauf un vieux tuyau d'où gargouille une eau plus chaude que dans une baignoire du Hilton, face à l'église byzantine Agia Sofia. Ne pas arriver à y boire fut ma perte (d'où mon passage à l'hôpital un peu plus tard). Le seul avantage, c'est que le verre d'eau fraîche apportée manu militari par le serveur de n'importe quel bar, avant même toute commande, paraît relever du miracle. Il suffit de peu de chose parfois...

L'étape incontournable de Sparte, c'est bien entendu Mystra. Ni mycénien, ni antique, il s'agit d'un site byzantin en cours de restauration, agrippé à la montagne (encore les chaussures, indispensables...) où fourmillent ces splendides églises à coupoles rondes en tuiles, dont je ne me lasserai pas...
Notre chance fut de rencontrer au cours du repas de midi et avant d'y entrer, un Français, installé là depuis 13 ans, qui connaissait bien le site et qui nous a gentiment conduits jusqu'à la porte haute, afin que nous n'ayons plus qu'à redescendre jusqu'à la porte principale (n'empêche qu'on a monté quand même... au vu de la montagne sur laquelle ces fous ont décidé de construire palais, château, maisons et églises, c'est pas vraiment étonnant).
La restauration du palais s'achève et ce sera mieux car il a l'air très beau. Certaines nonnes vivent encore là, entourée de chats bienveillants.

Une excellente journée de grimpette, chaude mais dont on repart les yeux étoilés. J'aime vraiment cette couleur ocre, ce mélange de tuiles et de pierres chaudes.


Fragments du Péloponnèse - Olympie


Si à Delphes court toujours l'eau (d'ailleurs excellente) de la source Castalie, ce n'est plus le cas à Olympie, dont les rivières sont quasi à sec en tout cas en été (mais les grenouilles y coassent encore).

Je signale à tous les amis des bêtes que si on fait le tour du site par derrière, on peut facilement y trouver des tortues perdues qu'il faut absolument remettre dans le droit chemin avant qu'elles soient écrasées par les (rares) voitures ou desséchées par la chaleur. On en a sauvé trois, tenté de boucher l'interstice par lequel elles réussissaient à sortir de leur refuge, mais j'ai bien peur que leur fuite soit chose courante. Hérisson et tortue, même combat !


Olympie donc, site incontournable dont on se demande si on ne va pas être déçu, tellement on en a entendu parler. Pas du tout. Le charme opère, comme souvent en Grèce. Vestiges très mélangés, d'origines grecques comme romaines. Il faut arriver à suivre, surtout quand certaines constructions ont été modifiées et transformées au fil des siècles ou des invasions (l'atelier de Phidias - sculpteur de Zeus, excusez du peu - transformé en église byzantine ! Non mais !).
Site très grand, verdoyant et ombragé, une chance. On a un peu triché la veille de la visite, car en se promenant sur la route qui longe le site, on passe le long du fameux stade olympique et ça donne une sacrée envie de visiter le reste !

Et à propos de stade, il faut passer également par la visite du musée de l'histoire des Jeux Olympiques, inclus dans le prix d'entrée et installé dans un joli bâtiment (qui date de 2004 me semble t-il ?) à l'entrée. On y trouve d'excellentes explications historiques agrémentées d'objets antiques en rapport avec les informations et on a enfin certaines explications de vocabulaire utilisé aujourd'hui et provenant directement d'épreuves athlétiques de l'époque (tout le monde n'a pas fait de grec à l'école...)


















 Au stade, bien entendu, comme chacun, je me suis fendue d'une petite course, pas très athlétique certes, mais avec couronne de laurier à l'arrivée et départ sur la même ligne que tous les fameux athlètes disparus ! Ca vaut le coup de rester quelques minutes à regarder ce que font tous les touristes à leur arrivée dans ce stade mythique.
 
Bon mais il n'y a pas que le stade, et comme à Delphes, nous avons rejoint le musée en fin d'après-midi. Excellente idée, il n'y avait plus grand monde et on a eu droit à la salle centrale pour nous tout seuls pendant plusieurs minutes ! Magnifique salle qui conserve les frontons du Temple de Zeus, sculptés par Phidias et ses acolytes, qui étaient des bons. Des gestes qui paraissent vrais, des regards étonnants, des postures incroyables. Des scènes vivantes, vraiment, et très émouvantes (centaures, amazones, guerriers, combats...). On pourrait y rester des heures.
Mais il y a d'autres trésors un peu plus loin : l'Hermès de Praxitèle, à admirer de partout (on peut en faire le tour), deux chevaux de bronze à tomber par terre et encore d'autres merveilles. On peut facilement faire au moins deux tours de piste pour être sûr de ne rien avoir oublié.

A un moment cependant, il faut sortir et retrouver le village d'Olympie, morne et sans âme où il ne se passe rien. On y a quand même entendu des chants d'église le dimanche matin. Ce pseudo village est truffé de restaurants très moyens et de boutiques à souvenirs, il n'y a pas grand chose à y faire.

L'hôtel (Pélops) était très correct (la plus grande chambre jamais vue !) et l'hôtelier le jour du départ nous a conseillé de faire un petit détour, après le Temple de Bassae que nous avions déjà en prévision. Ce détour s'est révélé une petite merveille méconnue.
A suivre donc...

samedi 19 août 2017

Fragments du Péloponnèse - Les raisins de la Corinthe

Même les vacances ont une fin et c'est une désolation. Notre dernière journée éprouvante (toujours à cause de la chaleur, et du nombre de choses à faire !) fut la visite de la Corinthie, ancienne Corcyre : AcroCorinthe vertigineuse - Ancienne Corinthe mystérieuse - Canal de Corinthe faramineux.
Comme nous voulions monter tout en haut et être les premiers, on est partis très tôt. Depuis l'autoroute, avant de prendre la sortie, on a eu un glups car il fallait lever les yeux bien haut déjà pour apercevoir les vestiges agrippés en haut du rocher ! Tant pis, on y était..
On  a été les premiers, pendant plus d'une heure et on n'a pas regretté. Certes, c'est rude à grimper (575m) mais quelles merveilles de haut en bas et de bas en haut ! D'église byzantine en fontaine/citerne, de remparts ottomans, byzantins (ou autres encore) en plus haute tour (dont la porte hélas est restée obstinément fermée), on a fait le tour de tout, en se demandant où était ce fichu Canal qu'on n'apercevait même pas, jusqu'à ce qu'on finisse par comprendre qu'il fallait encore grimper sur la dernière colline, car il était sûrement caché derrière. Ce qui fut vérifié.
C'est à peu près la seule fois où l'on peut dire qu'on a réellement eu une vue aérienne de la Grèce...
Sûr qu'après cette ascension vertigineuse, la redescente allait être rude. Hé oui, le site de l'ancienne Corinthe, du coup, nous a paru bien fade et bien plat, à part le temple d'Apollon, toujours debout. Et surtout, des panneaux explicatifs auraient été les bienvenus (mais en Grèce, c'est peine perdue) pour mieux comprendre les vestiges, grecs et romains, de ces boutiques, de l'agora, des fontaines. Comme il commençait à faire très chaud, le musée nous a tendu les bras et ô surprise, nous y avons vu une découverte récente farouchement gardée : deux Kouros en pleine santé, retrouvés par un heureux hasard (en 2010 ?) près de deux tombes non pillées. Le musée est très fier de ces pièces, on le comprend. Il recèle pas mal de choses intéressantes, on y passe un agréable (et frais) moment.


Un panorama des vestiges anciens montré sur diaporama nous a donné envie d'aller plonger au milieu des pierres de l'ancien port de Kenchreai. On a fini par le trouver, hélas coincé entre la route principale, très fréquentée, et la plage la plus en vue du coin, très fréquentée elle aussi ! Impossible d'y trouver de l'ombre, donc plongée rapide sur ces vestiges de port englouti et retour un peu éprouvant par cette journée bien riche en émotions et gorgée de soleil.

Dernier chapitre de cette virée, plus moderne même si ça commence à dater un peu : le fameux Canal de Corinthe, enfin percé après des millénaires d'attente, qui fonctionne aujourd'hui comme au premier jour. C'est très spectaculaire, d'autant qu'on est passé dessus sans s'y attendre et on s'est donc arrêté très vite et "à la grecque" après le pont, pour faire quelques photos...

En fait il faut aller à Isthmia et si le GPS n'est pas très bon, il vous amène directement au pont à l'entrée du Canal, seul moyen de traverser mais il faut attendre que les bateaux soient passés...
Et surtout, pour qu'ils passent et entrent dans le passage étroit du Canal, le pont disparaît bien évidemment, mais en fait au lieu de s'élever comme on s'y attend bêtement,  il plonge sous l'eau. Ce qui fait que lorsqu'il remonte, la chaussée est un peu humide. Tout cela sans barrières, sans panneaux d'interdiction, à la bonne franquette. On peut faire de bonnes photos de presque n'importe où. En tous les cas, les 6 kilomètres sont sûrement percés dans le roc car on dirait que la terre a été arasée, mais rien ne tombe, pas un grain de sable. Très vertigineux, très droit, ça doit être assez impressionnant en bateau (il y en a un qui propose l'aller retour...).







Et puis, après toutes ces merveilles, il a fallu revenir...






Etapes précédentes :
Fragments du Péloponnèse, Grèce

Fragments du Péloponnèse - Les splendeurs de l'Argolide

Trop de choses à voir en Argolide... Il faut faire des choix, il faut se résigner à ne pas tout faire, il faut rester serein devant ces petits panneaux qui signalent encore un endroit où l'on n'ira pas...
Se baser à Nafplio est une bonne idée car de là, on peut aller partout et assez rapidement. Par ailleurs, cette petite bourgade possède une baie tout à fait magnifique, une forteresse Palamidi qui fait face à l'acroNauplie, auxquelles vous pouvez toujours grimper s'il vous reste assez de jambes (999 marches pour l'une, nombre à vérifier sur place si vous ne perdez pas le souffle).

Et puis une promenade au bord de mer, bien aménagée, avec des figuiers de barbarie à tomber par terre (d'ailleurs c'est ce qu'ils font) et des escaliers qui vous amènent directement à l'eau...




Il fait très chaud à Nauplie, pas de vent, pas un souffle d'air. A prendre en compte lors du choix de l'hôtel, car cela devient vite insupportable. Prix dérisoire si on ne cherche pas le luxe.

Les deux grands sites à ne pas manquer sont Mycènes et Epidaure.
Commençons par ordre chronologique : Mycènes (Mykenes pour le GPS) date de l'époque mycénienne, autant dire qu'il ne reste pas grand chose à voir, sauf la porte des lions (sans tête car elles étaient en bronze, le reste, en pierres trop lourdes, a été laissé sur place) et le musée, très intéressant. Mais le clou du site, c'est vraiment le trésor d'Astrée, c'est à dire le tombeau d'Agamemnon. Même si on peut visiter d'autres tombes sur le site, dites d'Egisthe et de Clytemnestre, qui donnent un avant-goût de ce qui va suivre, il faut traverser et descendre un peu en contrebas pour arriver au monument, immense tombeau "tholos" en pierres "cyclopéennes", avec ce long couloir typique qui mène à l'entrée, surmontée d'une énorme dalle de 120 tonnes, autant dire qu'on n'est pas près de la déplacer et c'est tant mieux. Monumental, on en a le souffle coupé. A l'intérieur, on a aussi un son magnifique, c'est calme, reposant. Un des plus beaux endroits visités, sans aucun doute.

Je conseille, après ce tombeau royal, de passer par le minuscule ancien cimetière mycénien de Dendra, où une dizaine de tombes exactement du même type ont été mises à jour et conservées, ce qui fait qu'on se rend compte que si celle dite d'Agamemnon est impressionnante par ses dimensions, elle correspond exactement aux us de l'époque en matière de tombes. Car sur celles de Dendra, on retrouve le même couloir étroit en pierre, la même forme ronde, la même petite cavité qui renfermait, qui sait, des trésors pillés.













Epidaure
Epidaure, quant à lui, ne vole pas sa réputation. Il faut arriver tôt le matin pour profiter seuls (ou presque) du magnifique théâtre, immense, en excellent état, où on se lasse pas de s'asseoir de ci, de là sur les gradins de pierre, pour profiter de la vue vers la scène, vertigineuse, et de celle vers la montagne, époustouflante. On y resterait des heures. Hélas, le reste nous attend. Il y a beaucoup de monde à Epidaure mais le site est assez grand, fort heureusement. Il y a également un stade qui ne fait pas mauvaise figure et plusieurs restaurations en cours. On peut voir travailler des artisans. Et puis surtout, on s'assoit sur les bancs du cabinet de consultation d'Asclépios, premier médecin, même si on frémit en songeant aux drôles de voies de guérison de  l'époque ! Heureusement, nul serpent ne vient se frotter à vos maux, même en rêve...
 
On a une assez bonne idée de ce qu'a pu être le site au temps de sa splendeur si on en fait tout le tour. A noter que des tragédies grecques sont toujours jouées dans l'amphithéâtre chaque saison, bon plan pour les amateurs. J'aurais tant aimé y entendre la Callas...



 Bien entendu, nous n'avons pas manqué de nous plonger au sens propre comme au figuré dans la "cité engloutie", qu'on a un peu cherchée mais finalement trouvée, près du village d'archea Epidavros où l'on a d'ailleurs passé un bon moment à bader les bateaux de tourisme, car un petit parc herbeux et ombragé à souhait nous avait tendu les bras. On plonge donc au milieu des murs d'anciennes maisons, de pithoï désossés, c'est un peu atypique mais pas très riche non plus. Quand même original, de nager au milieu de vestiges où nichent les oursins et où vagabondent des centaines de petits poissons.
 Autres étapes de ce splendide voyage à travers le temps :
Fragments du Péloponnèse, Grèce


Fragments du Péloponnèse - Les travaux d'Hercule

 Si Hercule vous laisse de marbre :
Fragments du Péloponnèse, Grèce


Quand on regarde la carte du Péloponnèse, on n'a que l'embarras du choix : il y a de nombreux signalements, pour dire : ici un site a été découvert, des vestiges vous attendent, venez voir... avec des noms qui ronflent et qui réveillent immédiatement nos souvenirs d'histoires mythologiques. De deux choses l'une : soit on fait des choix draconiens, soit on tente de tout voir. La chaleur écrasante ayant parfois raison de nos envies.
En tout cas, certains sites sont remarquablement restaurés ou en passe de l'être, d'autres sont en proie à l'abandon quasi total, plusieurs sont peu fréquentés pendant que d'autres sont envahis par les touristes. Certains sont gratuits ; d'autres plus ou moins chers (de 2 à 18 euros...).


Tous en été sont ouverts de 8h à 20h, mais à partir de 13h ça devient vraiment dur à cause de la brûlure du soleil et revenir après 17h est parfois insurmontable. Tout cela dépend de quoi ? Des financements probablement difficiles à trouver, mais il y a aussi la volonté, la passion ou pas d'acteurs locaux et des municipalités, qui laissent faire ou qui décident plutôt de se tourner vers un avenir incertain. 

Ainsi, Argos au passé flamboyant, Lerne où Heraclès tua l'Hydre (je vous laisse découvrir la vraie source de l'histoire ici), Sparte, vainqueur de la Guerre du Péloponnèse mais incapable de le rester, où rien ne subsiste de leur splendeur passée. J'exagère : reste à Lerne un tout petit site protégé mais envahi d'herbes folles ; à Argos une portion de théâtre antique et des restes romains, mais un musée fermé depuis des années maintenant.
Une autre épreuve d'Heraclès fut de tuer le Lion de Némée. C'était le premier des 12 travaux, commandités, je vous le rappelle, par son oncle qui voulait se débarrasser de lui. Heureusement Héraclès était aidé et aimé des dieux de l'Olympe... vous suivez ? S'il n'y en a qu'un à découvrir c'est le site de Némée, un peu reculé mais admirablement mis en valeur avec les travaux de restauration du temple de Zeus (messieurs les guides, mettez vos paragraphes à jour !) ; avec un musée très élégant bourré d'informations et d'explications sur les Jeux Néméens, qui ont repris du galon depuis 1996 et qui se tiennent tous les 4 ans, comme les grands. Ces nouveaux Jeux ont lieu sur le stade situé au dessus du temple, découvert par hasard grâce à son entrée (les athlètes débouchaient d'une sorte de long tunnel obscur, vers la lumière du stade. Certains ont même laissé leur nom gravé), cachée mais pas complètement obstruée et qui a pu être mise au jour pour arriver sur un stade en pleine santé, vu qu'il avait été entièrement protégé par la végétation au dessus. Une histoire incroyable, qu'on peut découvrir sur place, racontée par celui qui a mis au jour ce magnifique stade. J'avoue être tombée amoureuse du site de Némée, que je n'aurais pas voulu quitter. Ce fut une de nos dernières visites et franchement, on ne l'a pas regretté.