jeudi 27 décembre 2018

Bonne nouvelle

Il existe parfois des possibilités, des projets qui prennent corps et puis âme. Il faut juste laisser le temps et la confiance s'instaurer, se réinstaller, se laisser persuader. Au-delà des mandats ou des revers électoraux, il existe des artistes qui vont au bout de leur rêve et accueillent chacun s'il veut s'y laisser prendre, s'y laisser perdre, se laisser rêver.
Ainsi est arrivée La Halle aux Machines à Toulouse, sur une esplanade presque aussi grande que celle de Nantes. Après l'opéra urbain du Minotaure le long des rues pavées du centre ville, voilà cet animal fantastique à la portée de tout un chacun, admirable et admiré sans chercher monnaie. C'est tellement rare de nos jours qu'il faut vite en profiter. 
On peut y aller à pied, se promener et lever les yeux sur cette chimère de bois et de fer, de cuir et de métal, qui nous regarde de haut si gentiment. Pourquoi s'en priver ?
Il y a aussi, dans le style chimères, un manège d'animaux fantastiques qui fait le bonheur des petits et des grands et au-dedans, une grande symphonie de machines mécaniques, de celles qui ne servent à rien qu'à vous faire rire et applaudir.
Pourquoi attendre ?



Et l'an prochain, c'est promis, on fait le Voyage à Nantes !

dimanche 16 décembre 2018

cadeau n°4 : l'essaim d'amours de Fragonard

Ils tombent du ciel, s'empilent, s'emboîtent, s'enchevêtrent sans savoir ce qu'ils vont devenir, où ils vont tomber, ce qui les attend :
Ils sont au Louvre, et à ma prochaine visite, je ne manquerai pas d'aller les admirer, de visu

dimanche 9 décembre 2018

1, 2, 3 premiers cadeaux de Noël


 
Des mises en scène irréelles à partir d'endroits de rue, du street art plutôt drôle
de: Oak oak
éditions: Omake books
prix: 15,00€

Doodle Chaos
Des synchronisations musicales époustouflantes et des constructions hallucinantes juste pour jouer
https://www.youtube.com/watch?v=vcBn04IyELc
prix : c'est gratuit

Zaï Zaï Zaï Zaï
Une BD, road movie totalement déjanté qui va très loin dans l'absurde, ou est-ce tout simplement la vie ?
de : Fabcaro
édition : 6 pieds sous terre
prix : 13 euros environ

dimanche 11 novembre 2018

à Milan, sur les traces de Léonard de Vinci

Il y a deux choses à voir si vous vous trouvez à Milan, capitale de la Lombardie et de l'Italie du Nord : arpenter la cathédrale (Duomo en italien) et admirer La Cène de Léonard de Vinci à l'église Santa Maria delle Grazie. Les autres choses à faire sont sans importance par rapport à ces deux là. Comme j'ai déjà parlé de la deuxième visite ici et de l'émotion qui l'accompagne, je vais me focaliser sur d'autres points d'intérêt.

Le Duomo est admirable : élancé, tout en marbre rosé orangé, avec des centaines d'aiguilles surmontées de statues, qui s'élancent vers le ciel, haut très haut. Des milliers de statues (dont au moins une à l'envers) partout, sur tous les versants, les murs, les fenêtres. Comment peut-on arriver à les comptabiliser, à les restaurer, à les connaître ?
A l'intérieur, c'est grandiose. L'ancien (1300) côtoie le nouveau (1800), de toutes manières il y a toujours une partie en travaux et une autre en dysfonctionnement, tant c'est grand et piétiné, arpenté, visité, en été comme en hiver.
Cette fois-ci je suis montée sur les toits pour admirer de plus près la statue dorée de la Vierge (plus loin que la copie, à l'intérieur) et contempler la ville à mes pieds, notamment tout là-bas les nouvelles tours en fibre et en verre, fières et élancées, qui montent vertigineusement plus haut que le sceptre de Marie, au grand dam de l'archevêque qui tempête. Je conseille fortement la visite guidée, qui non seulement permet de passer partout en coupe file sans verser beaucoup plus qu'une obole, mais s'avère très instructive pour comprendre un peu mieux la sempiternelle et nécessaire restauration des monuments milanais et d'ailleurs.





















"Fabbrica del Duomo" veut dire que c'est un travail qui ne sera jamais fini... ça s'applique à tout ce pays, merveilleusement rempli d'art et de belles choses. Des églises où il fait bon entrer, accueillantes, éclatantes, emplies de peintures, de fresques, de statues et d'autres ornements qui font le bonheur de l'oeil du touriste fatigué. Passer plusieurs minutes à San Maurizio, puis découvrir presque au hasard San Ambrogio, la plus vieille église de toutes, qui tient bien encore debout et reste bien solide sur ses  piliers de brique.
 
Un petit détour au Castello Sforzesco, passage obligé et assez touristique. Entre les murs parsemées de fenêtres comme autant de pâquerettes et la fosse à chats, bien peu nombreux à oser sortir en ce temps de novembre, il est assez agréable de le traverser et l'admirer.



Dans le même secteur (Navigli), il y a une chose à ne pas faire lorsqu'on est à Milan : vouloir aller au museo delle Culture (ou Mudec). C'est une très mauvaise "art experience" : le Mudec est tout sauf un musée et n'a rien à voir avec la culture. Un prix exorbitant (15 euros plein tarif) pour 1 salle où sont projetées sur 4 murs les mêmes photos de tableaux archi connus, sans autre plus value. La deuxième salle est remplie de miroirs pour nous faire croire qu'il y a plus qu'un malheureux tableau encore une fois projeté et mis en lumière. 40 mn de file d'attente pour 5 mn maximum de "visite". Aucun original, aucune mise en perspective, aucune explication. Et lorsqu'on veut accéder à la collection permanente, c'est pour entendre qu'il faut redescendre chercher un autre ticket !! Il s'agit d'une usine à fric (dans un bâtiment communal !) où même la boutique vend des cartes postales qui valent 50 centimes à 5 euros (au cas où vous n'auriez pas encore assez craché au bassinet). A éviter absolument, contrairement aux galeries chic sous verrière à côté du Duomo :
Ce qui est très étonnant à Milan, ce sont les transports en commun à foison. Métro, autobus et tramways se croisent dans un joyeux fracas et toutes époques confondues : on y voit de vieilles voitures solitaires de tramway jaune "à la lisboète" et des lignes de rames interminables couvertes de publicité. En tous les cas, comme dans de nombreuses autres "capitales" européennes, ils vous amènent d'un bout à l'autre de la ville, de jour comme de nuit.
On a pu se balader sur la grande allée dei Navigli, sorte de canal historique désormais délaissé par la navigation, un quartier hors centre qui tente de renaître à l'aide de bars et petits restaurants ou boutiques à touristes, pas toujours bien vus des habitants traditionnels. Comment faire pour concilier l'habitat au quotidien et les plaisirs futiles des vacanciers ?


Et puis quand même, on a fait un détour par Bergame. Petite cité haute et moyenâgeuse, perchée, où l'on peut accéder via un funiculaire ou à pieds par des escaliers et rues tortueuses et pavées. On reprend son souffle en admirant la vue sur la plaine, les terrasses de palais anciens encore habités et on arrive au faîte de la cité : la basilique ou cathédrale, toute rose. De sous les arcades de la place pavée attenante, lorsqu'on sort de l'église, monte un "Ave Maria" de Schubert chanté a cappella par une soprano improvisée qui demande juste un peu de pain. C'est l'Italie. Quand on y est, on n'a pas envie d'être ailleurs. La spécialité bergamasque était une sorte de pâtisserie ronde et jaune, en forme de cône acidulé, que nous n'avons pas goûtée par peur du marasquin qui y était généreusement versé. On a préféré les gelati traditionnels, fidèles et sûrs. Le mieux est l'ennemi du bien.





























A Bergame, on y habille les arbres pour l'hiver :













Et pour finir ce Giro d'Italia, ces clins d'oeil, qui nous sourient au coin des rues...




mercredi 17 octobre 2018

Le Printemps de septembre, ou la poésie des titres

Cette année encore, j'ai essayé de comprendre le comment du Printemps et pourquoi en septembre. 

Mais outre le fait que les expositions étaient disséminées comme les cailloux blancs du Petit Poucet dans la grande forêt, les oeuvres que j'ai rencontré ne m'ont fait aucun effet. Je reste perplexe devant des travaux qui demandent plus de temps pour tenter de les comprendre que pour les apprécier, simplement. Les explications sont de plus en plus longues, de plus en plus nécessaires, de plus en plus complexes et ne nous aident pas vraiment.

Cette année, quand même :  à part les photos détournées au Château d'eau : B-R-E-E-K de Hippolyte Hentgen, entre dessin de presse et bande dessinée mis en scène et les néons colorés arc en ciel placés dans l'église des Jacobins par Sarkis - Mesure de la lumière (église qui vraisemblablement n'a pas besoin de quoi que ce soit pour être admirée), rien ne m'a franchement "arrêtée" dans ce parcours d'art contemporain dont le seul aspect positif est qu'il est gratuit.
Oui je sais bien, certains diront que je n'ai rien vu (c'est vrai), que je n'ai pas la culture (sûrement), que je n'ai rien compris (sans nul doute), mais s'il faut un doctorat en beaux-arts pour apprécier, hé bien alors tant pis. C'est comme les pub auxquelles on ne comprend rien parce-qu'on n'est pas la cible.

Cette année pourtant, ce qui m'a plu, au final, au-delà des oeuvres elles-mêmes, ce sont leurs titres. D'une poésie admirable, pleins de sous-entendus rêveurs, ils invitent à aller plus loin, bien plus loin que les expositions ou rétrospectives qu'ils montrent.

Je vous donne quelques exemples :

Fracas et Frêles Bruits
Le Hibou aussi trouve ses petits jolis
Vision de nuit
Les Mariées de Fécamp
La Grande Cavalcade
l'Elégie des lisières
Eloge du carburateur 

et puis surtout, cette citation de David Claerbout que je vous livre  en toute connaissance de cause :
"on pourrait très bien éteindre la lumière et contempler la nuit toute la journée".

L'an prochain, c'est sûr, j'y retourne.



Le Printemps de septembre, 21 septembre - 21 octobre 2018.

dimanche 30 septembre 2018

Violetta, en fashion victim ?

Pour cette représentation, co-production Toulouse/Bordeaux de la Traviata, on plonge directement dans le monde de la haute couture. Avec un Franck Sorbier en costumier-couturier, qui a joué non pas sur du velours mais sur les camélias transfigurés. Une dégringolade de camélias, noirs, rouges ou blancs mais partout. D'abord sur les toilettes de Traviata, noire et blanche, puis noire, enfin rouge et pour terminer, blanche diaphane avec une seule tache rouge au milieu de tout ce tulle qui s'envole.

Les costumes sont donc somptueux, soit. Mais hélas, cela écrase un peu la dramaturgie, ça éloigne le sentiment, ça décale l'intention. On y croit mais qu'un peu, à ce drame qui se joue sur fond de méditerranée, pin parasol, piscine bleutée et costumes impeccables. Cela ne pourrait être qu'une intrigue banale au sein de la jet set, qui s'amuse et joue en toile de fond. Cela pourrait n'être qu'une représentation. D'ailleurs, c'en est une.

La trouvaille est sur les deux danseurs, Violetta et Alfredo en costumes squelettes, élancés, beaux et grinçants qui tirent sur les ficelles de ces marionnettes gesticulantes. Bravo à eux, impeccables jusqu'au sublime. Car le reste de la mise en scène est d'une banalité affligeante. Effets de groupe estompés par des décors lourdauds, pas de mise en valeur des voix hors les trois principales. La tragédie ne se joue presque qu'à trois, mais on pourrait, sûrement, compter sur autre chose que les costumes pour la mise en valeur de l'ensemble.
La direction d'orchestre de George Petrou écrase aussi un peu les voix, mais peut-être était-ce, ce jour-là, pour masquer certaines imperfections. Une première pour le chef, une première également pour le ténor Kevin Amiel, bien faible pour ne pas être dominé par la présence de Polina Pasztircsak, bien plus assurée et aguerrie. Dommage, normalement c'est elle, la phtisique, pas lui. J'exagère, mais leurs gabarits n'allaient pas bien ensemble et cela ajoutait à la distance ressentie envers ce drame qui devrait être passionnant. Seul le 3ème acte, centré sur la fin de Violetta, arrivait à nous tirer des larmes. Pour le reste, on n'avait guère de peine.
Germont, endossé par André Heyboer, solide malgré un petit air mafioso dans l'acte II (ou était-ce à cause du pin parasol et du costume ?) et malgré le rôle lui-même, tellement incompréhensible jusqu'au bout, sorte d'empereur venant détruire sous des prétextes fallacieux la vie de celle qui n'avait rien demandé. Et qui peut dire pourquoi il arrive à ses fins ? Des parents de ce style devraient être interdits.

Malgré tout cela, un drame contemporain depuis plus d'un siècle. L'amour, toujours, cassé en deux et jeté aux orties pour des convenances sociales et familiales subies/acceptées par tous. Cet opéra n'a pas pris une ride, malgré Mai 68 et le libertinage ordinaire. A écouter et réécouter, sans cesse et par qui vous voudrez.

Enfin, pour celles et ceux qui trouvent le choeur des bohémiens trop court, en voici un très gourmand.

mercredi 12 septembre 2018

dans l'air du temps











Ces deux feux de passage piétons sont bien réels, on les trouve à Londres, à côté de la National Gallery. Mais je vous rassure : placés chacun d'un côté de la rue à traverser, ils n'empêchent nullement tout le monde de passer, quel que soit leur genre...

lundi 20 août 2018

Porto, Oporto, sol e sombra

Lors de ce séjour inopiné dans la ville de Porto, au nord du Portugal, j'avais emporté dans mon sac à dos un "classique", de l'auteur lusitanien Camilo Castelo Branco (XIXème siècle) : Mystères de Lisbonne. L'étonnant, c'est que je l'ai également rencontré deux fois à Porto : l'une au cours de ma visite au centre photographique, situé dans une ancienne prison/forteresse en plein centre de la ville. Castelo Branco y a passé un an dans une grande cellule carrée avec vue sur le fleuve, pour cause de délit d'adultère. Bon, enfermé mais mondain quand même, puisqu'il y recevait des visites royales. Les prisons ne sont plus ce qu'elles étaient. L'autre rencontre c'était lors de la surprise suivante : ici
L'écrivain, tout à droite, y tient compagnie à 2 autres personnages importants du Portugal, Almeida Garrett et un autre dont j'ai oublié le nom (un aventurier ?) sans parler de Saint-Jean Baptiste mais on ne sait pas ce qu'il fait là. Ils ont leurs noms sur la pancarte explicative de leur "niche", située au dessus de la toute petite Fnac, en plein centre commerçant, à deux pas du café Majestic.
Je vous ferai cependant grâce du résumé de ce bouquin, sorte de Monte Cristo avec tout un tas de rebondissements tout à fait incroyables mais imprégné, hélas, d'une religiosité, d'une morale rigoriste qui affadit un peu l'aventure.



















Il suffit de passer le pont

Ce long séjour non prévu m'a permis de découvrir la deuxième ville de ce petit pays, de fond en comble (ou presque). Une ville intéressante avec pas mal de belles choses à voir, mais ce qui m'a le plus impressionnée, c'est le fleuve. Le Douro, large, majestueux, tumultueux et scintillant est vraiment une merveille. 6 ponts le surplombent, tous construits à peu près sur la même structure, quasi obligatoire au vu des collines sur lesquelles est bâtie la ville. Deux d'entre eux sont en fer, type Tour Eiffel. Et pour cause puisque l'un, le pont Luis 1er, a été réalisé par un disciple du maître et l'autre, Maria Pia, par le maître lui-même. Je recommande sans réserve de monter sur le tablier supérieur du premier (l'autre pont est désaffecté de toutes manières), d'où l'on peut admirer non seulement le fleuve mais toute l'étendue de la ville et de Vila Nova de Gaïa, qui lui fait face. Attention quand même à ne pas se faire attraper par le métro, qui passe tranquillement sur le pont, sans inquiétude pour les touristes qui s'y pressent.
Les bateaux passent, qui transportent les humains et non plus les tonneaux. On y a gagné en rapidité mais le porto est-il meilleur pour autant ? Je vous laisse juges.












 


En tout cas, les jours de vent ou au moment des marées, il est fascinant de regarder les courants contraires s'affronter à fleur d'eau, et on pourrait passer des heures entières à admirer ce fleuve doré.

Beaucoup de bruit partout

Porto est une ville qui se rénove. Sans cesse et partout. Il y a des grues jaunes dans tous les coins et deux maisons sur trois sont en travaux.











Le seul problème de ce centre historique classé patrimoine de l'Unesco, c'est que les rénovations se font apparemment au détriment des habitants, eux aussi historiques, de ces vieux quartiers. Certes, les vieilles maisons sont souvent insalubres, mais pourquoi les rénover en en chassant les locataires ? On en fait des résidences touristiques, qui rapportent gros et on éloigne le portuense, prié d'aller se faire voir en banlieue.





















Je me demande ce que donne le centre ville en hiver, quand les touristes se font moins nombreux, que les commerces sont moins ouverts, que les trottoirs ont été désertés. Donc ces fameuses façades le long des quais, carrés colorés pour carte postale, cachent en fait des restes de maisons abandonnées, décrépites, laissées pour compte.
Restent les azulejos, de vraies fresques sur les églises en bleu et blanc, ou à l'intérieur de la gare Sao Bento, un vrai bijou. Egalement les murs des maisons anciennes qui ont conservé leurs carreaux de faïence traditionnels, un véritable savoir-faire.


Et puis également ces drôles de lucarnes sur les toits des maisons couverts de tuiles : lanterneaux fabriqués pour éclairer avec un puits de jour les sombres escaliers d'origine... il y en a partout, c'est très spécifique.

Pour en finir avec le bruit, sachez qu'en plus des travaux, on doit également faire face aux nombreuses cloches des multiples églises, qui sonnent jusqu'au quart d'heure, ainsi qu'au roulement des pneus de voitures sur les pavés, dont le grondement se répercute amplifié, les rues étant étroites et les maisons hautes. Autant vous dire qu'il vaut mieux trouver un hébergement avec double vitrage. Mais comme il ne fait pas vraiment froid...

Le vieux et le neuf

Cette perpétuelle agitation fait se côtoyer l'ancien et le nouveau. En se baladant dans ces rues, on se demande parfois comment sera Porto dans une vingtaine d'années. Les boutiques de barbiers qui fleurissent dans la moindre ruelle auront-elles toutes disparues pour laisser place aux grands noms de la coiffure ? Les petits cafés restaurants où l'on peut manger pour 3,50 euros un plat complet auront-ils encore pignon sur rue ? Les nombreux magasins de guitares typiques du fado auront-il laissé la place à... je ne sais quoi ? La grande rue commerçante fait frémir mais elle en côtoie d'autres pleines de boutiques bien vivantes : boulangeries (qui vendent surtout des gâteaux, excellents au demeurant, le pain n'étant que d'une utilité accessoire), textile, bars minuscules, quincailleries ou bazars... On trouve encore de tout au centre ville.


















La ville étant donc bâtie en étages, à flanc de collines, elle n'est jamais pareille, selon le point de vue qu'on a en se déplaçant : sur le pont, de l'esplanade de la cathédrale, dans un des petits îlots verts rempli d'escaliers, des quais de la Ribeira, ou de ceux d'en face, anciens entrepôts à porto, bien mieux mis en valeur par une promenade qui va peut-être jusqu'au point blanc qui se détache à la pointe ouest : le pont Arrabida. Il est dommage que les quais côté Porto soient mangés par des parkings, des dépôts désaffectés qu'on ne peut traverser. Il est vrai qu'il y a à peine la place pour le passage du bus, du vieux tramway, des voitures.


















Cela doit être l'une des raisons pour laquelle Porto bénéficie d'un réseau métro assez important pour une ville de moins de 250 000 habitants (5 lignes !). Large, aéré et souvent aérien, il dessert toute la ville et au-delà. Si vous arrivez à comprendre comment il fonctionne bien entendu, ce qui s'avère assez compliqué, vu les longues files d'attente devant chaque machine à ticket et le nombre d'agents disponibles pour vous donner l'information souhaitée. Peut-être serait-il plus avantageux d'afficher une carte du réseau dans chaque station mais on ne va pas mégoter, les "petits boulots" sont légion au Portugal et pourquoi pas ? Un humain, c'est quand même mieux qu'une machine.

En visite

Les points d'intérêts, mis à part ces balades dans les rues sombres, la traversée de Porto en long et en large, surtout en montées et en descentes, les places, les monuments et autres bâtiments historiques, sont nombreux. Je recommande tout particulièrement la cathédrale da Sé, pas pour elle-même (l'intérieur des églises portugaises ne vaut pas grand chose) mais pour son emplacement. Terrasse, esplanade, belvédère, peu importe comment on l'appelle mais la vue y est grandiose. Il faut aussi prendre la peine d'aller jusqu'au cloître, agrémenté de tableaux en azulejos bleu et blanc.
Côté vue, on peut aussi prendre les "oeufs", tels un téléphérique de station de ski, qui surplombent le fleuve côté Vila Nova de Gaïa et bien entendu on peut monter sur le pont Luis 1er.
 
Pour longer le fleuve jusqu'à l'océan, il faut prendre le vieux tramway touristique, l'une des 3 lignes restantes qui va jusqu'à l'estuaire ; sinon un bus ou le métro va aussi jusqu'au marché couvert de Matosinhos, donc un peu plus loin. C'est moins cher et c'est moins bondé. Par ailleurs, ça va plus vite. La plage du même nom est assez fréquentée mais il y a de la place. On n'a pas eu de chance : la sculpture monumentale "She changes", sorte d'anémone de mer en filet de pêche bien amarrée ne bougeait pas d'un pouce, car aucun souffle de vent ne l'effleurait. Je crois qu'il vaut mieux l'admirer hors saison.
Une visite au Palacio da Bolsa remplit d'émerveillement au fur et à mesure du parcours, jusqu'au bijou jalousement conservé : la salle d'apparat arabe, stylée et dentelée. Une visite guidée fort intéressante.


















Bien entendu, il faudra monter à la Torre de Clérigos, qui domine la ville malgré ses petits 76m, les 225 marches paraissant dérisoires après la longue attente nécessaire si on ne s'y prend pas suffisamment tôt le matin. On y découvre la ville sous toutes ses coutures, à faire donc si possible en arrivant. Après Nantes, Manchester et Cambridge, je trouve idéal de faire cette découverte presque aérienne des contours d'une ville les premiers jours de son arrivée. C'est un point de vue différent, qui fait comprendre comment se place la ville sur un territoire bien plus grand, plus ou moins méconnu, mais qu'on ne peut reconnaître si on n'est pas pilote d'hélicoptère (mon rêve).

Le clou

Ce qu'il ne faut pas manquer lors d'un séjour à Porto c'est Serralves : maison, musée et parc. Situé tout à fait en banlieue (mais desservi par les transports en commun) nord-ouest, c'est un endroit magique où l'on peut passer une journée délicieuse. Grand parc avec forêt où beaucoup d'essences diverses se mêlent ; petite ferme avec animaux et maison en paille ; parc agrémenté d'oeuvres artistiques contemporaines à demeure ; maison "art deco" toute rose avec un intérieur à couper le souffle, malgré sa non mise en valeur et enfin le musée d'art contemporain avec des collections permanentes et une expo temporaire (Pour nous, c'était des maquettes d'Anish Kapoor, intéressantes). Tout cela pour 10 euros, franchement il ne faut pas s'en priver.


Et puis des marchés couverts, anciens ou en rénovation (Bolhao), un funiculaire, des escaliers masqués, les quais grouillants, des églises, beaucoup d'églises... Fait assez étonnant dans la mesure où le Portugal est une des plus anciennes Républiques. Des magasins modernes et des petites échoppes presque moyenâgeuses et une vie culturelle qui a l'air dynamique. J'y ai goûté la spécialité locale, la francesinha, peut-être inspirée du croque monsieur français, étonnant mélange de pain, de fromage et de viande qui ne serait pas mauvais s'il ne baignait pas dans une sauce mi tomate mi porto qui franchement ne m'a pas plu du tout. Mais il fallait essayer !
 
Beaucoup de touristes en été dans le centre historique, peut-être le mois de mai est-il plus propice à la tranquillité. Mais il n'y fait pas trop chaud, l'air du large étant toujours de l'aventure, dès le premier pas et jusqu'à la tombée du soir.

Porto, une surprise bienvenue !