dimanche 20 août 2017

Fragments du Péloponnèse - Sparte, c'est Byzance !

Sparte, ville totalement insignifiante, ne serait-ce le site de Mystra et sa proximité avec la montagne (le Magne) et avec l'une des pointes sud qui tombe dans la mer : mais au moins, on est dans une ville grecque, sans des milliers de touristes et au coeur de la vie quotidienne et habituelle.
Ne pas oublier d'aller visiter pendant quelques heures le musée de l'huile d'olive, très bien documenté et très agréable. On peut profiter des explications données par les guides qui font tourner au pas de course les groupes, tout en allant à son rythme... J'ai appris des tas de choses sur la fabrication de l'huile d'olive depuis la nuit des temps et sur ce qu'on fait ensuite de la pomace, sorte de purée (du marc ?) qui reste, une fois l'huile vierge recueillie. Du coup, depuis, j'ai un peu de mal à me laver avec du savon... et je n'ai toujours pas compris le mystère de l'amphore, invention qui a bouleversé l'époque alors qu'elle paraît tellement malcommode aujourd'hui. L'homme, de par son inventivité alimentaire, est quand même fascinant. Je reste donc sur ma préférence pour l'huile d'olive vierge par première pression à froid. J'éviterai les autres, tout comme le savon lorsque j'aurai trouvé par quoi le remplacer.
On ne peut pas dire qu'on a vu beaucoup du Magne, région montagneuse aux routes escarpées et aux villages "typiques" c'est à dire où rien ne se passe. Sûrement qu'au printemps cela doit être plus intéressant, car durant l'été on ne peut pas dire que cela nous ait chatouillé les sens. On a quand même passé une bonne demi-journée à Gythio, petit village de bord de mer, très calme et doux, où l'on serait presque resté... à regarder tous les soirs le soleil tomber dans la mer immense.
Et on est monté tout en haut (oui, on a vu l'autre côté) de Monemvassia, drôle de chapeau de roc à escalader, avec traversées de remparts et maisons en pierre, restaurées, par des sentiers étroits et pierreux.
On gravit avec peine jusqu'à la ville haute mais plus on monte plus c'est beau, on a l'impression d'être au sommet du monde (salut les dieux).
 Les chaussures de marche sont indispensables, ainsi que de l'eau, beaucoup, car nul point d'eau dans cette rocaille sauf un vieux tuyau d'où gargouille une eau plus chaude que dans une baignoire du Hilton, face à l'église byzantine Agia Sofia. Ne pas arriver à y boire fut ma perte (d'où mon passage à l'hôpital un peu plus tard). Le seul avantage, c'est que le verre d'eau fraîche apportée manu militari par le serveur de n'importe quel bar, avant même toute commande, paraît relever du miracle. Il suffit de peu de chose parfois...

L'étape incontournable de Sparte, c'est bien entendu Mystra. Ni mycénien, ni antique, il s'agit d'un site byzantin en cours de restauration, agrippé à la montagne (encore les chaussures, indispensables...) où fourmillent ces splendides églises à coupoles rondes en tuiles, dont je ne me lasserai pas...
Notre chance fut de rencontrer au cours du repas de midi et avant d'y entrer, un Français, installé là depuis 13 ans, qui connaissait bien le site et qui nous a gentiment conduits jusqu'à la porte haute, afin que nous n'ayons plus qu'à redescendre jusqu'à la porte principale (n'empêche qu'on a monté quand même... au vu de la montagne sur laquelle ces fous ont décidé de construire palais, château, maisons et églises, c'est pas vraiment étonnant).
La restauration du palais s'achève et ce sera mieux car il a l'air très beau. Certaines nonnes vivent encore là, entourée de chats bienveillants.

Une excellente journée de grimpette, chaude mais dont on repart les yeux étoilés. J'aime vraiment cette couleur ocre, ce mélange de tuiles et de pierres chaudes.


Fragments du Péloponnèse - Olympie


Si à Delphes court toujours l'eau (d'ailleurs excellente) de la source Castalie, ce n'est plus le cas à Olympie, dont les rivières sont quasi à sec en tout cas en été (mais les grenouilles y coassent encore).

Je signale à tous les amis des bêtes que si on fait le tour du site par derrière, on peut facilement y trouver des tortues perdues qu'il faut absolument remettre dans le droit chemin avant qu'elles soient écrasées par les (rares) voitures ou desséchées par la chaleur. On en a sauvé trois, tenté de boucher l'interstice par lequel elles réussissaient à sortir de leur refuge, mais j'ai bien peur que leur fuite soit chose courante. Hérisson et tortue, même combat !


Olympie donc, site incontournable dont on se demande si on ne va pas être déçu, tellement on en a entendu parler. Pas du tout. Le charme opère, comme souvent en Grèce. Vestiges très mélangés, d'origines grecques comme romaines. Il faut arriver à suivre, surtout quand certaines constructions ont été modifiées et transformées au fil des siècles ou des invasions (l'atelier de Phidias - sculpteur de Zeus, excusez du peu - transformé en église byzantine ! Non mais !).
Site très grand, verdoyant et ombragé, une chance. On a un peu triché la veille de la visite, car en se promenant sur la route qui longe le site, on passe le long du fameux stade olympique et ça donne une sacrée envie de visiter le reste !

Et à propos de stade, il faut passer également par la visite du musée de l'histoire des Jeux Olympiques, inclus dans le prix d'entrée et installé dans un joli bâtiment (qui date de 2004 me semble t-il ?) à l'entrée. On y trouve d'excellentes explications historiques agrémentées d'objets antiques en rapport avec les informations et on a enfin certaines explications de vocabulaire utilisé aujourd'hui et provenant directement d'épreuves athlétiques de l'époque (tout le monde n'a pas fait de grec à l'école...)


















 Au stade, bien entendu, comme chacun, je me suis fendue d'une petite course, pas très athlétique certes, mais avec couronne de laurier à l'arrivée et départ sur la même ligne que tous les fameux athlètes disparus ! Ca vaut le coup de rester quelques minutes à regarder ce que font tous les touristes à leur arrivée dans ce stade mythique.
 
Bon mais il n'y a pas que le stade, et comme à Delphes, nous avons rejoint le musée en fin d'après-midi. Excellente idée, il n'y avait plus grand monde et on a eu droit à la salle centrale pour nous tout seuls pendant plusieurs minutes ! Magnifique salle qui conserve les frontons du Temple de Zeus, sculptés par Phidias et ses acolytes, qui étaient des bons. Des gestes qui paraissent vrais, des regards étonnants, des postures incroyables. Des scènes vivantes, vraiment, et très émouvantes (centaures, amazones, guerriers, combats...). On pourrait y rester des heures.
Mais il y a d'autres trésors un peu plus loin : l'Hermès de Praxitèle, à admirer de partout (on peut en faire le tour), deux chevaux de bronze à tomber par terre et encore d'autres merveilles. On peut facilement faire au moins deux tours de piste pour être sûr de ne rien avoir oublié.

A un moment cependant, il faut sortir et retrouver le village d'Olympie, morne et sans âme où il ne se passe rien. On y a quand même entendu des chants d'église le dimanche matin. Ce pseudo village est truffé de restaurants très moyens et de boutiques à souvenirs, il n'y a pas grand chose à y faire.

L'hôtel (Pélops) était très correct (la plus grande chambre jamais vue !) et l'hôtelier le jour du départ nous a conseillé de faire un petit détour, après le Temple de Bassae que nous avions déjà en prévision. Ce détour s'est révélé une petite merveille méconnue.
A suivre donc...

samedi 19 août 2017

Fragments du Péloponnèse - Les raisins de la Corinthe

Même les vacances ont une fin et c'est une désolation. Notre dernière journée éprouvante (toujours à cause de la chaleur, et du nombre de choses à faire !) fut la visite de la Corinthie, ancienne Corcyre : AcroCorinthe vertigineuse - Ancienne Corinthe mystérieuse - Canal de Corinthe faramineux.
Comme nous voulions monter tout en haut et être les premiers, on est partis très tôt. Depuis l'autoroute, avant de prendre la sortie, on a eu un glups car il fallait lever les yeux bien haut déjà pour apercevoir les vestiges agrippés en haut du rocher ! Tant pis, on y était..
On  a été les premiers, pendant plus d'une heure et on n'a pas regretté. Certes, c'est rude à grimper (575m) mais quelles merveilles de haut en bas et de bas en haut ! D'église byzantine en fontaine/citerne, de remparts ottomans, byzantins (ou autres encore) en plus haute tour (dont la porte hélas est restée obstinément fermée), on a fait le tour de tout, en se demandant où était ce fichu Canal qu'on n'apercevait même pas, jusqu'à ce qu'on finisse par comprendre qu'il fallait encore grimper sur la dernière colline, car il était sûrement caché derrière. Ce qui fut vérifié.
C'est à peu près la seule fois où l'on peut dire qu'on a réellement eu une vue aérienne de la Grèce...
Sûr qu'après cette ascension vertigineuse, la redescente allait être rude. Hé oui, le site de l'ancienne Corinthe, du coup, nous a paru bien fade et bien plat, à part le temple d'Apollon, toujours debout. Et surtout, des panneaux explicatifs auraient été les bienvenus (mais en Grèce, c'est peine perdue) pour mieux comprendre les vestiges, grecs et romains, de ces boutiques, de l'agora, des fontaines. Comme il commençait à faire très chaud, le musée nous a tendu les bras et ô surprise, nous y avons vu une découverte récente farouchement gardée : deux Kouros en pleine santé, retrouvés par un heureux hasard (en 2010 ?) près de deux tombes non pillées. Le musée est très fier de ces pièces, on le comprend. Il recèle pas mal de choses intéressantes, on y passe un agréable (et frais) moment.


Un panorama des vestiges anciens montré sur diaporama nous a donné envie d'aller plonger au milieu des pierres de l'ancien port de Kenchreai. On a fini par le trouver, hélas coincé entre la route principale, très fréquentée, et la plage la plus en vue du coin, très fréquentée elle aussi ! Impossible d'y trouver de l'ombre, donc plongée rapide sur ces vestiges de port englouti et retour un peu éprouvant par cette journée bien riche en émotions et gorgée de soleil.

Dernier chapitre de cette virée, plus moderne même si ça commence à dater un peu : le fameux Canal de Corinthe, enfin percé après des millénaires d'attente, qui fonctionne aujourd'hui comme au premier jour. C'est très spectaculaire, d'autant qu'on est passé dessus sans s'y attendre et on s'est donc arrêté très vite et "à la grecque" après le pont, pour faire quelques photos...

En fait il faut aller à Isthmia et si le GPS n'est pas très bon, il vous amène directement au pont à l'entrée du Canal, seul moyen de traverser mais il faut attendre que les bateaux soient passés...
Et surtout, pour qu'ils passent et entrent dans le passage étroit du Canal, le pont disparaît bien évidemment, mais en fait au lieu de s'élever comme on s'y attend bêtement,  il plonge sous l'eau. Ce qui fait que lorsqu'il remonte, la chaussée est un peu humide. Tout cela sans barrières, sans panneaux d'interdiction, à la bonne franquette. On peut faire de bonnes photos de presque n'importe où. En tous les cas, les 6 kilomètres sont sûrement percés dans le roc car on dirait que la terre a été arasée, mais rien ne tombe, pas un grain de sable. Très vertigineux, très droit, ça doit être assez impressionnant en bateau (il y en a un qui propose l'aller retour...).







Et puis, après toutes ces merveilles, il a fallu revenir...






Etapes précédentes :
Fragments du Péloponnèse, Grèce

Fragments du Péloponnèse - Les splendeurs de l'Argolide

Trop de choses à voir en Argolide... Il faut faire des choix, il faut se résigner à ne pas tout faire, il faut rester serein devant ces petits panneaux qui signalent encore un endroit où l'on n'ira pas...
Se baser à Nafplio est une bonne idée car de là, on peut aller partout et assez rapidement. Par ailleurs, cette petite bourgade possède une baie tout à fait magnifique, une forteresse Palamidi qui fait face à l'acroNauplie, auxquelles vous pouvez toujours grimper s'il vous reste assez de jambes (999 marches pour l'une, nombre à vérifier sur place si vous ne perdez pas le souffle).

Et puis une promenade au bord de mer, bien aménagée, avec des figuiers de barbarie à tomber par terre (d'ailleurs c'est ce qu'ils font) et des escaliers qui vous amènent directement à l'eau...




Il fait très chaud à Nauplie, pas de vent, pas un souffle d'air. A prendre en compte lors du choix de l'hôtel, car cela devient vite insupportable. Prix dérisoire si on ne cherche pas le luxe.

Les deux grands sites à ne pas manquer sont Mycènes et Epidaure.
Commençons par ordre chronologique : Mycènes (Mykenes pour le GPS) date de l'époque mycénienne, autant dire qu'il ne reste pas grand chose à voir, sauf la porte des lions (sans tête car elles étaient en bronze, le reste, en pierres trop lourdes, a été laissé sur place) et le musée, très intéressant. Mais le clou du site, c'est vraiment le trésor d'Astrée, c'est à dire le tombeau d'Agamemnon. Même si on peut visiter d'autres tombes sur le site, dites d'Egisthe et de Clytemnestre, qui donnent un avant-goût de ce qui va suivre, il faut traverser et descendre un peu en contrebas pour arriver au monument, immense tombeau "tholos" en pierres "cyclopéennes", avec ce long couloir typique qui mène à l'entrée, surmontée d'une énorme dalle de 120 tonnes, autant dire qu'on n'est pas près de la déplacer et c'est tant mieux. Monumental, on en a le souffle coupé. A l'intérieur, on a aussi un son magnifique, c'est calme, reposant. Un des plus beaux endroits visités, sans aucun doute.

Je conseille, après ce tombeau royal, de passer par le minuscule ancien cimetière mycénien de Dendra, où une dizaine de tombes exactement du même type ont été mises à jour et conservées, ce qui fait qu'on se rend compte que si celle dite d'Agamemnon est impressionnante par ses dimensions, elle correspond exactement aux us de l'époque en matière de tombes. Car sur celles de Dendra, on retrouve le même couloir étroit en pierre, la même forme ronde, la même petite cavité qui renfermait, qui sait, des trésors pillés.













Epidaure
Epidaure, quant à lui, ne vole pas sa réputation. Il faut arriver tôt le matin pour profiter seuls (ou presque) du magnifique théâtre, immense, en excellent état, où on se lasse pas de s'asseoir de ci, de là sur les gradins de pierre, pour profiter de la vue vers la scène, vertigineuse, et de celle vers la montagne, époustouflante. On y resterait des heures. Hélas, le reste nous attend. Il y a beaucoup de monde à Epidaure mais le site est assez grand, fort heureusement. Il y a également un stade qui ne fait pas mauvaise figure et plusieurs restaurations en cours. On peut voir travailler des artisans. Et puis surtout, on s'assoit sur les bancs du cabinet de consultation d'Asclépios, premier médecin, même si on frémit en songeant aux drôles de voies de guérison de  l'époque ! Heureusement, nul serpent ne vient se frotter à vos maux, même en rêve...
 
On a une assez bonne idée de ce qu'a pu être le site au temps de sa splendeur si on en fait tout le tour. A noter que des tragédies grecques sont toujours jouées dans l'amphithéâtre chaque saison, bon plan pour les amateurs. J'aurais tant aimé y entendre la Callas...



 Bien entendu, nous n'avons pas manqué de nous plonger au sens propre comme au figuré dans la "cité engloutie", qu'on a un peu cherchée mais finalement trouvée, près du village d'archea Epidavros où l'on a d'ailleurs passé un bon moment à bader les bateaux de tourisme, car un petit parc herbeux et ombragé à souhait nous avait tendu les bras. On plonge donc au milieu des murs d'anciennes maisons, de pithoï désossés, c'est un peu atypique mais pas très riche non plus. Quand même original, de nager au milieu de vestiges où nichent les oursins et où vagabondent des centaines de petits poissons.
 Autres étapes de ce splendide voyage à travers le temps :
Fragments du Péloponnèse, Grèce


Fragments du Péloponnèse - Les travaux d'Hercule

 Si Hercule vous laisse de marbre :
Fragments du Péloponnèse, Grèce


Quand on regarde la carte du Péloponnèse, on n'a que l'embarras du choix : il y a de nombreux signalements, pour dire : ici un site a été découvert, des vestiges vous attendent, venez voir... avec des noms qui ronflent et qui réveillent immédiatement nos souvenirs d'histoires mythologiques. De deux choses l'une : soit on fait des choix draconiens, soit on tente de tout voir. La chaleur écrasante ayant parfois raison de nos envies.
En tout cas, certains sites sont remarquablement restaurés ou en passe de l'être, d'autres sont en proie à l'abandon quasi total, plusieurs sont peu fréquentés pendant que d'autres sont envahis par les touristes. Certains sont gratuits ; d'autres plus ou moins chers (de 2 à 18 euros...).


Tous en été sont ouverts de 8h à 20h, mais à partir de 13h ça devient vraiment dur à cause de la brûlure du soleil et revenir après 17h est parfois insurmontable. Tout cela dépend de quoi ? Des financements probablement difficiles à trouver, mais il y a aussi la volonté, la passion ou pas d'acteurs locaux et des municipalités, qui laissent faire ou qui décident plutôt de se tourner vers un avenir incertain. 

Ainsi, Argos au passé flamboyant, Lerne où Heraclès tua l'Hydre (je vous laisse découvrir la vraie source de l'histoire ici), Sparte, vainqueur de la Guerre du Péloponnèse mais incapable de le rester, où rien ne subsiste de leur splendeur passée. J'exagère : reste à Lerne un tout petit site protégé mais envahi d'herbes folles ; à Argos une portion de théâtre antique et des restes romains, mais un musée fermé depuis des années maintenant.
Une autre épreuve d'Heraclès fut de tuer le Lion de Némée. C'était le premier des 12 travaux, commandités, je vous le rappelle, par son oncle qui voulait se débarrasser de lui. Heureusement Héraclès était aidé et aimé des dieux de l'Olympe... vous suivez ? S'il n'y en a qu'un à découvrir c'est le site de Némée, un peu reculé mais admirablement mis en valeur avec les travaux de restauration du temple de Zeus (messieurs les guides, mettez vos paragraphes à jour !) ; avec un musée très élégant bourré d'informations et d'explications sur les Jeux Néméens, qui ont repris du galon depuis 1996 et qui se tiennent tous les 4 ans, comme les grands. Ces nouveaux Jeux ont lieu sur le stade situé au dessus du temple, découvert par hasard grâce à son entrée (les athlètes débouchaient d'une sorte de long tunnel obscur, vers la lumière du stade. Certains ont même laissé leur nom gravé), cachée mais pas complètement obstruée et qui a pu être mise au jour pour arriver sur un stade en pleine santé, vu qu'il avait été entièrement protégé par la végétation au dessus. Une histoire incroyable, qu'on peut découvrir sur place, racontée par celui qui a mis au jour ce magnifique stade. J'avoue être tombée amoureuse du site de Némée, que je n'aurais pas voulu quitter. Ce fut une de nos dernières visites et franchement, on ne l'a pas regretté.



Fragments du Péloponnèse - Apollon, et puis la plage

Après les plaines, les montagnes : nous voilà parcourant celles qui fendent le Péloponnèse, sur des routes aussi capricieuses que le GPS, mais notre (im)patience est récompensée lorsqu'on aperçoit de loin l'éclat blanc attendu. Oui, un éclat blanc car ce Temple d'Apollon Epikourios s'élève à plus de 1000m d'altitude et est en cours de restauration, aussi il est protégé des intempéries par un grand chapiteau spécifique. Petit parking à l'entrée avec vue vertigineuse et on monte vers l'inconnu, ne sachant ce que l'on va découvrir.
Sous la tente, c'est le choc : un temple magnifique, très attachant, très impressionnant par ses dimensions peut-être amplifiées par le fait qu'il est recouvert. Lorsque la restauration sera terminée, faudra-t-il le laisser à l'air libre ? En tout cas elle est en cours et un petit documentaire nous en explique les étapes. Ce film est très émouvant et je me suis sentie un peu ridicule en ayant la larme à l'oeil pendant le déplacement d'une colonne, effectué avec tant d'attention, tant de soin, tant d'amour de la part des ouvriers.
 Il faut tirer un coup de chapeau à tous ces travailleurs de l'ombre qui passent parfois des années à d'abord chercher, fouiller, puis reconstruire à l'identique ces merveilles, entièrement ou en partie (cela dépend des financements). Je trouverais normal que les travaux effectués fassent l'objet d'une exposition à demeure, sur site, qui montrerait le chemin parcouru depuis la découverte du lieu jusqu'à l'inauguration finale en mentionnant les noms de ceux qui ont participé. Il s'agit souvent soit de programmes européens (section Culture) soit de partenariats avec des universités étrangères (européennes ou américaines) et il faut vraiment se féliciter de ces passerelles entre le monde d'hier et celui d'aujourd'hui ; entre chercheurs de tous les pays, qui travaillent en association et en confiance.

Retour en plaine après passages de vallées sur des routes sinueuses d'où l'on peut encore apercevoir de plus en plus loin l'éclat blanc d'Apollon.
On cherche désespérément l'ancienne Messène, inconnu du GPS comme des guides et lorsque enfin on finit par y arriver (il faut en fait chercher à Ithomi), tellement persuadés qu'il s'agit d'un petit site, on part gaillardement à pied du parking attenant au musée, lui effectivement assez minuscule.

En fait la surprise est grande et sans fin car au fur et à mesure qu'on avance, de nouvelles constructions se découvrent et s'étalent sur toute la plaine. Epoques antiques (371 avant JC) et romaines également, allègrement mélangées, y compris une espèce de mausolée incongru au bout du stade.

 On y a trouvé un gardien de musée imperturbable qui surveillait les faits et gestes des touristes sous un arbre en guise de guérite, gardien également du seul point d'eau fraîche, qui sauve tout le monde au vu de la température et du soleil implacable. Peu de zones d'ombre, agrémentées cependant de bancs où l'on peut reprendre son souffle, bien mis à l'épreuve.
Je peux vous dire qu'être gardien de musée sur site en Grèce n'a rien à voir avec le métier traditionnel et ennuyeux dont on a l'habitude. Et je suis sûre qu'ils sont (aussi) mal payés.


Bref, revenons à nos moutons puisque nous sommes bien au pays de la feta, après avoir fait le tour et les détours de ce site trop méconnu et pourtant extrêmement intéressant et riche, nous partons pour notre "pause plage", choisie après être tombé en admiration d'une vue aérienne sur Google :
On y reste quelques jours, à flâner et à se baigner dans une eau transparente (quand il n'y a pas trop de vagues) mais on en profite quand même pour se balader dans l'époque de Nestor (Mycènienne, il participa à la guerre de Troie, c'était donc quelqu'un), en visitant son palais (site couvert, bienvenu car il y fait chaud, à Chora !) ; il s'agit de ruines mises au jour au dessus desquelles on se promène sur passerelle. Un système qui devrait être étendu à pas mal d'autres endroits car c'est fichtrement intéressant de voir les choses d'en haut. Il y a également sa grotte (au dessus de ladite plage) un peu moisie mais avec des stalactites et mites bien vivantes. Il est fortement conseillé d'attendre l'ombre de la fin d'après-midi pour y monter, éventuellement encore un peu plus haut sur de vieux remparts (moi j'ai pas eu le courage), pour la vue. Couchers de soleil de rêve, mais comme dit l'autre, c'est tous les soirs pareil.
Petite virée à l'époque de la domination vénitienne, à Methoni, village balnéaire fort sympathique où un restaurateur nous a fait la causette en français s'il vous plaît. La forteresse elle aussi a été bien restaurée et la balade à l'intérieur des remparts avec la mer à nos pieds vaut le coup. 
Bien plus que Pylos, petite ville plus touristique qui ne nous a pas laissé un souvenir inoubliable, sauf les allées et venues des serveurs du restaurant, qui a installé ses tables sur la petite place ombragée de l'autre côté du croisement des routes, qu'ils traversent donc sans cesse, pour aller chercher les plats à la cuisine et les porter aux clients attablés sur la terrasse de l'autre côté... Ballet très improbable qui nous a laissé dubitatifs encore une fois sur les conditions de travail, mais on a vu pire plus tard. On y a aussi trouvé le premier supermarché à peu près achalandé et on a fait de vraies emplettes.

Anecdotique : une averse violente agrémentée d'un vent tout aussi puissant nous a surpris un matin. ca n'a duré que le temps de la filmer et puis le soleil chaud a repris ses droits...

 Et à la fin tout le monde est parti à la plage... (cf never on sunday, film à voir ou revoir)

ou alors :
Fragments du Péloponnèse, Grèce

Fragments du Péloponnèse - Delphes

Notre périple devant se faire à rebours de la rotation des aiguilles d'une montre, nous commençons donc par Delphes, qui ne fait pas partie du Péloponnèse... Le nom est connu de tout le monde grâce aux leçons d'histoire des cours primaires. Le site le plus visité peut-être, à cause de l'oracle ? De sa proximité avec Athènes ? (3h de route quand même).
Aujourd'hui, le petit village de Delphes (créé bien après les Grecs anciens et l'oracle...) situé au delà et non plus sur le site... est constitué de deux rues principales et parallèles, l'une en sens unique, l'autre en sens inverse, flanquées d'échoppes diverses et d'hôtels ou restaurants plus ou moins touristiques.

En fait, si on a le courage de monter à pied encore un peu plus haut, on trouve l'église, la place et l'école, centre du village.
Bref un village escarpé, de montagne, qui d'ailleurs a aussi une vie en hiver (on doit faire des descentes de ski pas très loin, sur les pentes du Mont Parnasse) au vu des lourds radiateurs installés dans les chambres.


Le site, lui, où l'on peut aller à pied si on crèche dans le village (conseillé, au vu des prix minuscules), est coincé entre le roc (haut, très haut) et un océan d'oliviers qui s'étend très loin en contrebas.

Très impressionnant de par sa nature même. Il est envahi de cars de touristes qui arrivent d'Athènes dès 10h le matin. Il vaut donc mieux, comme d'habitude, démarrer tôt pour réussir à visiter une partie du site sans personne, sans groupe gesticulant (heureusement, les guides ont désormais un micro discret qui leur permet de ne plus gueuler) et faire de bonnes photos. Sans parler de la chaleur qui s'installe, elle aussi, rapidement. Le mieux est de commencer par le site, puis s'offrir une petite sieste au moment le plus chaud et revenir en fin de journée pour le musée. Il n'y a plus grand monde et on est tranquille. Les cars ne restent guère que 2 à 3 heures maximum, sans même s'arrêter au village et il n'y en a plus en milieu d'après-midi. On peut ensuite contempler les oliviers et les montagnes avoisinantes, sur les bancs installés là tout exprès.
Côté pratique, je recommande la taverne Dyonisos, à la sortie du village, où officiait cette année une jeune fille très organisée et bienveillante, dans une vaste salle vide prévue pour au moins 60 couverts... On peut y manger une simple salade grecque pour 6 euros, sans que personne n'y trouve à redire, avec vue sur la côte, au loin. Côté hôtels, je pense qu'ils sont sûrement un peu tous pareils, le nôtre (Kouros) n'était pas cher du tout (35 euros/nuit) avec chambre petite mais convenable, un petit déjeuner à la grecque (café, gâteau marbré, yaourt et confiture de cerise...) et terrasse sur le toit. Hôtel sans prétention où tout est ouvert, on laisse les clefs sur le comptoir pour le client qui arrive tard, rien n'est grave. On dirait que le sentiment de propriété n'existe pas.
A Delphes, il y a le temple d'Apollon et le sanctuaire d'Athéna, en contrebas. Celui que les aspirants aux oracles voyaient en premier, c'était celui d'Athéna, en arrivant de loin.
Le site dans son ensemble est carrément construit en escalier, sur les flancs de la montagne, très escarpée. L'ascension est longue et difficile (heureusement, c'était notre premier jour !), notamment pour accéder au stade, tout en haut. Dommage, on ne peut que le contempler d'un petit côté, sans pouvoir en faire le tour.

Au fur et à mesure qu'on gravit les paliers, on se prend à rêver au temps où la voie sacrée, les temples, les trésors, toutes ces colonnes, étaient peints et dorés. Cela devait être flamboyant et briller au soleil, pour impressionner les voyageurs ! Tout vivait autour de l'oracle dont il ne reste bien entendu rien, sauf la légende.

Quand on sait l'importance des horoscopes dans la vie quotidienne des gens aujourd'hui, on se dit que rien n'a finalement changé...


Et puis quand même, c'était le nombril du monde ! La pierre sacrée portée par les aigles de Zeus est toujours là (ou au moins sa copie).









  Le musée est lui aussi très riche, de statues diverses : sphinx, cariatide et les deux Kouros, ces frères exemplaires endormis pour l'éternité par une déesse après avoir accompli un exploit inutile mais bienveillant. Et l'aurige, conducteur de char quasi entier, seule statue de bronze à avoir été retrouvée (les autres finissent en général fondues).
Je vote absolument pour que les trésors retrouvés sur site restent sur site dans un musée approprié car cela met encore plus en valeur le charme des ruines qui restent.


On se demande pourquoi ce site escarpé et isolé a été choisi (outre la légende du serpent Python qui paraît-il aurait donné la Pythie...). C'est une question qui d'ailleurs se pose pour presque chaque endroit, tant ils paraissent peu adaptés aujourd'hui à leur splendeur passée. En fait, à l'origine il y avait toujours une source, une rivière, un fleuve, bref de l'eau...



Pour les autres billets, vous pouvez aller là :
Fragments du Péloponnèse, Grèce


Sanctuaire d'Athéna et sa forme ronde




Temple d'Apollon et colonne torsadée reconstituée











Les deux Kouros, identiques, sereins, majestueux.